ROME, Mardi 26 janvier 2010 (ZENIT.org) - Le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE), demande à la communauté internationale d'annuler la dette extérieure d'Haïti, indique ce communiqué publié aujourd'hui.
Une "annulation immédiate et complète" de la dette extérieure d'Haïti serait "seulement un premier pas": le pays frappé par le séisme a besoin en outre d'un plan d'ensemble visant à "soutenir le relèvement, l'éradication de la pauvreté et le développement durable", affirme le pasteur Tveit dans une déclaration datée du 25 janvier.
Un tel plan "doit être élaboré avec l'adhésion pleine et entière de la population d'Haïti, soutenu par la communauté internationale et coordonné par les Nations Unies", ajoute-t-il.
En plus de l'annulation de la dette et de la fourniture d'aide d'urgence à court terme, Haïti a besoin de programmes "de reconstruction et de développement durable à moyen et à long terme". Cependant, "toute assistance financière devrait prendre la forme de dons, et non de prêts qui ne feraient qu'accroître l'endettement du pays", poursuit le secrétaire général du COE.
Le pasteur Tveit s'est exprimé en même temps que se réunissait la conférence d'un jour accueillie par le gouvernement canadien pour discuter de la reconstruction en Haïti. Les ministres des Affaires étrangères de plus d'une douzaine de pays dont les Etats-Unis et la France, ainsi que huit organismes internationaux parmi lesquels figuraient des banques et six grandes organisations non gouvernementales ont assisté à la réunion de Montréal. Une conférence plus large sur la reconstruction à long terme d'Haïti devrait se tenir dans les prochains mois.
Olav Fykse Tveit, qui doit assister cette semaine au Forum économique mondial de Davos, Suisse, compte faire comprendre clairement aux participants que le relèvement d'Haïti doit se fonder sur "un authentique esprit de justice et de sollicitude". Le forum a inscrit à son ordre du jour une discussion sur la situation en Haïti.
Haïti, pays le plus appauvri de l'hémisphère occidental, est aussi un pays lourdement endetté. Bien qu'une dette extérieure d'environ USD 1.2 milliard ait été remise en juin dernier par les institutions financières internationales, le pays doit encore quelque USD 641 millions à des banques multinationales et à des pays. Cette année, le calendrier de remboursement prévoit qu'Haïti verse environ USD 10 millions au Fonds monétaire international.
"La plus grande partie de la dette accumulée par Haïti est manifestement inéquitable et odieuse", affirme le pasteur Tveit, étant donné que plus de la moitié de cette dette "vient de prêts qui ont été accordés à la brutale dictature des père et fils François (‘Papa Doc') et Jean-Claude Duvalier" et qui "n'ont apporté aucun avantage à la population d'Haïti".
"Obliger Haïti à effectuer des remboursements au détriment des soins de santé, de la formation et d'autres programmes sociaux essentiels est illégitime. Exiger un paiement en ce temps de détresse et de destruction immenses est moralement insoutenable", souligne le pasteur Tveit.
"Justice et sollicitude: la situation en Haïti n'exige rien de moins", conclut-il.
Texte complet de la déclaration du COE sur Haïti (en anglais):
http://www.oikoumene.org/?id=7517&L=3