ROME, Mardi 19 janvier 2010 (ZENIT.org) – Pour Mgr Pierre Dumas, Président de Caritas Haïti, le séisme constitue aussi « une occasion pour replacer la personne au cœur de tout ».
Déclaration de Mgr Pierre Dumas, Président de Caritas Haïti
La veille du séisme, je visitais des zones de mon diocèse. Pour aller d’un endroit à un autre, nous avons dû traverser plusieurs rivières et, dans une de celles-ci, l’eau « faisait des bulles » et il y avait des vagues. Nous avons décidé de passer la nuit au centre de formation diocésain à Matean qui se trouve près de la mer, mais pendant la nuit les vagues ont commencé à frapper contre l’immeuble et j’ai pensé : « C’est un tsunami ! »
Le lendemain, je suis retourné à Port-au-Prince, je suis sorti de ma voiture et dix minutes plus tard le séisme a eu lieu. Il y a eu un grand bruit et la maison a sursauté ; je n’ai même pas eu le temps de franchir la porte que le calme était revenu.
Tout le monde est sorti dans la rue. L’une des premières choses que j’ai essayé de faire, c’est contacter les membres de mon équipe et les rassurer. Je leur ai dit de ne pas avoir peur et que celle-ci était une occasion pour les gens de manifester leur solidarité et de s’entraider.
J’ai perdu ma nièce âgée de deux ans et demi et mon beau-frère à la suite du tremblement de terre. Tous ceux qui sont morts ne méritaient pas de nous quitter si tôt. Pour ceux d’entre nous qui ont été épargnés, pour l’instant, il ne reste que la douleur. C’est une épreuve pour nous tous. Elle ne durera pas éternellement, mais nous devons la surmonter avec foi afin d’en sortir plus unis.
Je pense que notre charité et la façon dont nous vivons cette crise nous aidera à renforcer notre humanité, à être plus généreux, ouverts et disponibles aux autres, parce que les modes symboliques du vivre ensemble ont été détruits. Tous les symboles qui nous unissaient: la cathédrale, le palais présidentiel, les ministères, les écoles, les communautés religieuses et beaucoup d’autres lieux se sont écroulés.
Maintenant, nous devons construire à nouveau pour pouvoir vivre ensemble. Nous devons le faire d’une manière qui élimine les préjugés et la discrimination et qui engendre la confiance. Nous devons le faire de manière à susciter la solidarité et l’ouverture d’esprit. Je pense que cet événement nous offre la possibilité de reconstruire notre pays d’une manière différente et de comprendre le lien qui nous unit.
Nous sommes confrontés à certaines questions qui, pour l’instant, ne concernent que l’urgence, mais qui, un jour, concerneront la reconstruction. Cela ne veut pas dire reconstruire les choses comme elles étaient avant, car nous avons la possibilité de construire une Haïti meilleure où la personne est au cœur de tout.