ROME, Jeudi 7 janvier 2009 (ZENIT.org) – Parmi les premiers candidats au Prix Nobel pour la paix, attribué finalement au président des Etats-Unis, Barack Obama, figurait aussi Baruj Tenembaum, fondateur de la Fondation internationale Raoul Wallenberg, confirme le PRIO, le prestigieux institut académique indépendant basé à Oslo, en Norvège.
Ladbroke, la célèbre agence de paris de Londres, avait quant à elle donné à Tenembaum plus de possibilités de remporter le Nobel qu’à des personnalités de la politique internationale comme Nicolas Sarkozy ou Tony Blair.
ZENIT a demandé à Baruj Tenembaum, juif d’origine argentine, pionnier du dialogue interreligieux au temps de Paul VI, d’expliquer pourquoi, à son avis, sa personnalité et son activité suscitaient-elle tant d’intérêt. « Qui suis-je? », s’est interrogé simplement Baruj Tenembaum. « Je ne parlerai pas de ce qui s’est passé car je ne me considère pas aussi important ».
« Concrètement, je suis un descendant d’esclaves, de ces juifs qui travaillaient en Egypte sous le joug des pharaons avant d’être libérés par Moïse ».
« Je suis juif comme ceux qui ont été expulsés de Jérusalem au moment de la destruction du premier Temple, puis du deuxième », a-t-il expliqué.
« Je suis juif comme mes frères qui ont été expulsés du Portugal et d’Espagne », « comme ceux qui ont été persécutés en Europe avec les pogroms, mais aussi comme ces six millions de juifs anéantis par les Hitler, au pluriel ».
« Alors, très franchement et modestement, ‘qui suis-je?’ », a-t-il ajouté.
« Je suis un simple fils de colons qui consacre sa vie à remercier ces êtres humains qui ont sauvé des vies, qui ont pris des risques. Wallenberg, Souza Dantas, Sousa Mendes, plus de 20.000 gentils, non juifs, auxquels nous devons de la gratitude, le souvenir, l’éducation de nos descendants ».
« A la fondation Wallenberg nous travaillons intensément pour découvrir les gestes exceptionnels de ces êtres humains héroïques ».
De cette manière, explique-t-il, il a pu « découvrir » « dans les archives, les musées, les églises, les synagogues, les bibliothèques, parmi ceux qui les fréquentaient », l’impact de la personnalité d’Angelo Roncalli qui, pendant la seconde guerre mondiale, en sa qualité de représentant diplomatique de Pie XII dans divers pays, est venu courageusement au secours de juifs persécutés.
« A chaque fois, l’émotion est inévitable, des larmes coulent de nos yeux, quand nous nous rendons compte des actions que ce fils du peuple italien, simple, modeste, grand, a accomplies dans des circonstances défavorables, pour sauver, par exemple, des enfants exposés à l’ombre de l’enfer; brisant, détruisant les préjugés, allant au-delà de ce que l’on pense être les règles ».
« A chaque instant nous imaginons Angelo Roncalli en train de prier, en présence également de tierces personnes, demandant à son chauffeur de s’arrêter devant la synagogue de Rome pour prier ‘pour mes frères juifs’ », poursuit Baruj Tenembaum.
« Ou lorsque, recevant au Vatican une délégation de juifs, il a levé les bras et s’est exclamé du haut du trône papal, en citant la Bible, ‘Je suis Joseph, votre frère’ ».
« Alors encore une fois, ‘Qui suis-je?’ », se demande Baruj Tenembaum. « Ce qui reste, qui survit, ce qui compte, qui est noble, c’est de souligner celui qui survit, par exemple Angelo Roncalli ».
C’est pourquoi, a-t-il conclu, « il y a des choses qui sont plus importantes que la vie elle-même ».