ROME, Jeudi 7 janvier 2009 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral de l'homélie prononcée par Mgr Jean Laffitte, secrétaire du Conseil pontifical pour la famille, lors de la messe qu'il a présidée en l'église de la Trinité des Monts, à Rome, au lendemain de son ordination épiscopale.


Homélie de la Première Messe pontificale de Mgr Jean LAFFITTE


Eglise de la Trinité des Monts


Rome, 13 décembre 2009

Frères et Sœurs, Chers amis,

C'est une grande émotion pour moi de m'adresser à vous en ce jour, pour commenter la Parole de Dieu, et de le faire devant tant de visages aimés. Nous avons entendu hier un magnifique commentaire des textes du jour par Son Eminence le Cardinal Bertone; et donc cela me laisse une grande liberté pour m'écarter de l'homélie habituelle.

Aujourd'hui, il n'y a dans cette église aucun d'entre nous qui, à un moment donné ou à un autre de son existence ne se soit posé la question que posent à Jean-Baptiste, dans l'Evangile que nous avons entendu, les foules d'abord, les publicains ensuite, les soldats enfin: Que devons-nous faire ? Cette question naît en nous quand nous comprenons ou que nous devinons que cette vie a un sens, que les paroles que nous prononçons, les gestes d'attention et d'amour que nous faisons, ont une portée qui va bien au delà de ce que nous pouvons imaginer. C'est une question qui suit ce que le pape Jean-Paul II, de vénérée mémoire, appelait les demandes fondamentales, essentielles que se pose tout homme: questions sur l'amour, sur l'espérance, le mystère de notre présence et de notre liberté, questions sur la mort, sur la joie, sur notre devenir éternel: Que devons-nous faire ? La même interrogation fut adressée un jour à Jésus par le jeune homme riche.

La question n'est pas mondaine, elle ne relève pas d'un esthétisme philosophique, elle est tout le contraire d'une question frivole. Elle est sérieuse, elle engage la vie éternelle et, pour cette raison, elle a une consistance pleinement humaine, n'amputant pas celui qui la pose de sa dimension éternelle, ne défigurant pas sa belle identité d'enfant de Dieu. Elle est d'ailleurs si sérieuse, que dans les versets qui précèdent l'épisode que nous avons entendu, on voit le Prophète Jean-Baptiste, le Précurseur, saisi d'une sainte colère, exhorter ceux qui viennent se faire baptiser en masse. Il leur dit: Produisez donc des fruits dignes du repentir ! Et on le voit aussi évoquer la cognée qui se trouve déjà à la racine des arbres: Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être jeté au feu.

Pourquoi donc Jean le Baptiste s'est-il ainsi exalté et mis en colère ? Tout simplement parce qu'il savait que dans les foules qui se précipitaient vers lui pour être baptisées du baptême de l'eau, certains le faisaient d'une façon qui n'engageait pas leur personne, comme un acte superficiel, comme quelque chose qui n'était pas en accord avec leur destinée éternelle.

Que devons-nous faire ?, non pas en des termes de résolutions simplement ascétiques, même si l'ascèse a sa part évidemment, mais en des termes beaucoup plus profonds. Que devons-nous faire? c'est-à-dire : qu'attendons-nous ? Quel est le contenu de notre espérance ? Qui attendons-nous ?

Nous avons tous l'expérience de l'attente joyeuse d'un ami. Et nous savons que cette attente est joyeuse. Pourquoi ? Parce que celui que nous attendons est un ami, parce que nous l'aimons. Il n'y a pas de communion sans joie. Qui a prétendu qu'existait un amour sans joie ? Il peut y avoir un amour avec souffrance, mais pas un amour triste. On dit souvent qu'il n'y a pas de saints tristes parce que des saints tristes, ce sont de tristes saints.

Et en fait, si celui que nous aimons est le contenu de notre attente, alors nous sommes déjà dans la joie. Pas encore la joie en plénitude de la possession de l'aimé, mais cette joie déjà donnée, bien présente, qui nous habite. Et nous, nous avons reçu cette mission du témoignage de la joie, parce que si nous sommes joyeux, alors on verra que Celui que nous attendons, nous L'aimons. C'est Lui qui occupe notre cœur.

C'est Lui qui est le sens de toutes nos activités et c'est Lui qui est la vraie perspective de toutes nos affections. Et c'est Lui aussi qui donne un sens à nos pensées, nos sentiments, si chaotiques et anarchiques puissent-ils être parfois.

Le Seigneur ne déçoit pas, car il ne peut décevoir. Le Seigneur ne déçoit pas car Il est Amour et que Celui que nous attendons, nous L'aimons. Et nous savons que cet amour ne trompe pas, nous savons que l'espérance ne trompe pas, qu'est digne de foi Celui qui a étendu à tout son Peuple ses promesses, promesses de vie éternelle et de communion.

Un jour, le fondateur de la Communauté de l'Emmanuel à laquelle j'ai le privilège d'appartenir depuis un très long temps, un quart de siècle déjà, écrivait ceci à propos du Cœur de Jésus: le Cœur de Jésus, disait-il, en qui sont enfermés tous les trésors de la sagesse et de la science, le Cœur de Jésus: à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! Jésus doux et humble de cœur. Jésus plein de tendresse et de compassion.. C'est toi que je viens rejoindre, en qui je suis heureux de me reposer, en qui j'ai confiance. Je sais en qui j'ai cru.

Hier, le cardinal Bertone nous demandait à nous, les trois évêques qui allions être consacrés, d'être des évêques de l'Avent et donc d'être des évêques de la joie. Je voudrais tant que par la grâce de Dieu et par l'intercession de vos prières fraternelles et aimantes, je puisse devenir un évêque doux et humble de cœur, apôtre de la joie du Christ.

Et le cardinal a ajouté ceci: Ce sera un signe indélébile, dans toute votre vie désormais. Je prie le Seigneur qu'avec tous ses anges et tous ses saints il me communique comme à chacun d'entre vous et à chacun de ceux que vous aimez, la joie de son Esprit Saint, la joie de Son Cœur.

Il vient, le Seigneur. Il n'est plus très loin. La crèche est déjà préparée pour le recevoir. Il vient au milieu de nous, simple, doux et humble de cœur. Il est là, présent, avec Sa Mère, qu'il nous donne à chacun comme Mère de l'Eglise et mère de chacun des hommes et des femmes.

Oui, nous L'attendons.

Notre attente maintenant commence à se faire plus intense, précise.

Voici qu'Il vient. Voici que déjà les lumières montent de la crèche. Quelques jours encore. Courage ! Celui qui vient au milieu de nous comme le plus petit d'entre nous est revêtu de toute la Puissance divine; et c'est au milieu de nous, dans notre humanité, qu'Il va l'exercer.

Appelons-Le. Gardons-Le dans notre cœur. Adorons-Le.

Le Cœur de Jésus en qui sont enfermés tous les trésors de la sagesse et de la science. C'est toi que je viens rejoindre, chez Toi en qui je suis heureux de me reposer, en qui j'ai confiance.

Je sais en qui j'ai cru.

AMEN

37 missionnaires tués durant l’année 2009

ROME, Jeudi 7 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Comme chaque année, l’agence Fides a publié la « Liste des ouvriers pastoraux, prêtres, religieux, religieuses et laïcs tués en 2009 ». D’après ses informations, 37 ouvriers pastoraux ont été tués durant l’année 2009 : 30 prêtres, 2 religieuses, 2 séminaristes, 3 volontaires laïcs. Cela représente le double de l’année 2008, et c’est le chiffre le plus élevé enregistré au long des dix dernières années.

En analysant la liste de chaque continent, au premier plan figure cette année, avec un chiffre extrêmement élevé, l’Amérique, marquée du sang de 23 ouvriers pastoraux (18 prêtres, 2 séminaristes, 1 sœur, 2 laïcs), suivie par l’Afrique où 9 prêtres, 1 religieuse et 1 laïc ont perdu la vie de façon violente, puis par l’Asie, avec 2 prêtres tués, et enfin l’Europe, avec un prêtre assassiné.

En Amérique, 23 ouvriers pastoraux ont été tués au Brésil (6 prêtres), au Mexique (1 prêtre et 2 séminaristes), en Colombie (5 prêtres et 1 laïc), à Cuba (2 prêtres), au Salvador (1 prêtre et 1 laïc), aux Etats-Unis (1 prêtre et 1 religieuse) et au Guatemala (2 prêtres).

En Afrique, 11 ouvriers pastoraux ont perdu la vie de manière violente, dans la République Démocratique du Congo (2 prêtres, 1 religieuse et 1 laïc), en Afrique du Sud (4 prêtres), au Kenya (2 prêtres) et au Burundi (1 prêtre).

En Asie, deux prêtres ont été tués, l’un aux environs de Mangalore (État du Karnataka) et l’autre aux Philippines.

Enfin en Europe, un prêtre a été tué en France (diocèse de Tulle).

Le comptage de Fides ne concerne pas seulement les missionnaires ad gentes au sens strict, mais tous les ouvriers pastoraux morts de façon violente. « Nous n’utilisons pas de fait le terme ‘martyre’, sauf dans son sens étymologique de ‘témoin’, pour ne pas devancer le jugement que l’Eglise pourra éventuellement donner à certains d’entre eux, mais aussi à cause de la pauvreté des informations que, dans la majorité des cas, on réussit à recueillir sur leur vie et sur les circonstances de leur mort », souligne Fides.

« Certains de ces ouvriers pastoraux ont été victimes de cette violence même  qu’ils combattaient ou de la disponibilité à aller au secours des autres en mettant au second plan leur propre sécurité ». « Beaucoup ont été tué dans le cadre de tentative de vol ou d’enlèvement, surpris dans leur habitation par des bandits à la recherche de trésors fantomatiques, se contentant la plupart du temps d’une vieille voiture ou du cellulaire de la victime, enlevant en revanche le trésor le plus précieux, celle d’une vie donnée par Amour ». « D’autres ont été éliminés seulement parce que, au nom du Christ, ils opposaient l’amour à la haine, l’espérance au désespoir, le dialogue à la violence, le droit à l’injustice », affirme encore Fides.