ROME, Mercredi 23 Décembre 2009 (ZENIT.org) - Après la reconnaissance par Benoît XVI des vertus héroïques de Pie XII, ouvrant la voie à une possible béatification du pape de la seconde guerre mondiale, le cardinal André Vingt-Trois a jugé « aberrant » de dire qu'il n'a rien fait pour sauver des juifs pendant la guerre.
Interviewé le 21 décembre sur le Talk Orange - Le Figaro, l'archevêque de Paris a rappelé qu'il ne s'agissait pas d'une « béatification ». En effet, le pape « n'a pas signé le décret de béatification du Pape Pie XII, pas plus que les 10 autres pour lesquels il a signé une reconnaissance ».
« Il a ouvert la voie pour que ce soit possible un jour, ce qui supposerait qu'il y ait un miracle reconnu, ce qui n'est pas le cas », a-t-il ajouté. « Nous sommes dans un calendrier indéfini. Donc il ne faut pas faire la confusion que j'ai entendue trop souvent, qui est de dire que Benoît XVI a décidé de béatifier Pie XII. Il a reconnu l'héroïcité des vertus c'est-à-dire un certain nombre de caractéristiques qui permettent éventuellement d'envisager une béatification », a-t-il expliqué.
Le cardinal Vingt-Trois a également déploré « une projection anachronique dans la manière de juger la position de Pie XII pendant la guerre ». « C'est-à-dire qu'on juge ce qu'il a fait ou ce n'a pas fait en fonction de nos critères d'aujourd'hui ». « Or ce n'était pas du tout les critères de l'époque ».
Il a rappelé que Pie XII était intervenu « à plusieurs reprises ». « Je pense en particulier à son message de Noël 1942 où il parle directement de l'extermination progressive qui touche un certain nombre de centaines de milliers de personnes innocentes pour des raisons de nationalité et de race ».
« Que peut-être, on puisse estimer qu'il y aurait eu d'autres manières d'agir qui étaient possibles, ça, c'est toujours légitime », a-t-il ajouté. « Dire qu'il n'a rien fait, ou prétendre comme je l'ai entendu que les 5000 Juifs romains qui ont été épargnés dans la rafle de juin 1944 l'ont été à son insu, c'est complètement aberrant ». « Il y a une espèce de fixation névrotique dans ce cas-là, on veut à tout prix en faire une caricature ».
Dans cette interview, l'archevêque de Paris a enfin évoqué la question de l'ouverture des archives. Cela « ne fait aucun problème de principe, c'est une question pratique, il y a 6 millions de documents à mettre en forme pour pouvoir les mettre à la disposition ».
« Il ne faut pas non plus rêver sur les archives », a-t-il affirmé. « S'imaginer toujours que dans le dernier tiroir des archives, il y aura l'information qui a toujours été cachée, ça fait partie des mythes de Da Vinci Code ». « Les archives ne peuvent pas livrer ce qui n'a pas existé », a-t-il souligné.