ROME, Lundi 21 décembre 2009 (ZENIT.org) – « Réconciliation » : c’est, pour Benoît XVI la clef de voûte de son voyage en Jordanie et en Terre Sainte (8-15 mai). Le pape évoque la « rencontre bouleversante » de Yad VaShem.
Benoît XVI a évoqué ce voyage, ainsi que son voyage en République tchèque, ce matin, dans son discours sur l’état de l’Eglise qu’il tient chaque année à l’occasion des vœux de la curie romaine. Mais le pape a consacré la plus grande partie de son discours à l’Afrique : son voyage et le synode. Il a aussi évoqué le passage de l’Année Saint-Paul à l’Année sacerdotale.
« Réconciliation – avec cette parole-clef me revient à l’esprit le deuxième grand voyage de l’année qui se termine: le pèlerinage en Jordanie et en Terre Sainte », a déclaré le pape. Plus loin, il a ajouté : « Tout ce que l’on peut voir dans ces pays invoque la réconciliation, la justice, la paix ».
La rencontre bouleversante
Benoît XVI a voulu remercier le roi Abdallah de Jordanie « pour la grande hospitalité avec laquelle il m’a accueilli et accompagné au cours de tout le déroulement de mon pèlerinage ». Il a rendu hommage à « la manière exemplaire avec laquelle il s’engage pour une coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans, pour le respect à l’égard de la religion de l’autre et pour la collaboration dans la responsabilité commune devant Dieu ».
Le pape a remercié « le gouvernement d’Israël pour tout ce qu’il a accompli » pour que sa visite « puisse se dérouler pacifiquement et en toute sécurité » et notamment pour « la possibilité qui m’a été donnée de célébrer deux grandes liturgies publiques – à Jérusalem et à Nazareth -, où les chrétiens ont pu se présenter publiquement comme communauté de foi en Terre Sainte ».
A l’Autorité palestinienne, le pape a dit aussi ses remerciements pour sa « cordialité » et pour avoir « rendu possible une célébration liturgique publique à Bethléem » qui lui a « permis de connaître les souffrances et les espérances de son territoire ».
Le pape a spécialement mentionné sa visite au mémorial de la Shoah, à Jérusalem en disant : « La visite à Yad Vashem a représenté une rencontre bouleversante avec la cruauté de la faute humaine, avec la haine d’une idéologie aveugle qui, sans aucune justification, a destiné des millions de personnes humaines à la mort et à travers cela, en dernière analyse, a voulu chasser du monde également Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et le Dieu de Jésus Christ ».
« Il s’agit donc, a souligné le pape, toujours en s’adressant à la curie romaine, tout d’abord d’un monument commémoratif contre la haine, d’un appel plein d’anxiété à la purification et au pardon, à l’amour ».
L’histoire de Dieu avec nous
Le pape y voit une étape décisive de tout son voyage : « C’est précisément ce monument à la faute humaine qui a ensuite rendu d’autant plus importante la visite aux lieux de la mémoire de la foi et qui a fait percevoir leur actualité inaltérée ».
Et de citer la Jordanie, au « point le plus bas de la terre », le lieu du baptême du Christ qui lui a inspiré cette méditation : « En Christ, Dieu est descendu au plus profond de l’être humain, jusque dans la nuit de la haine et de l’aveuglement, jusqu’à l’obscurité de l’éloignement de l’homme de Dieu, pour y allumer la lumière de son amour. Il est présent même dans la nuit la plus profonde: même aux enfers, te voici – cette parole du Psaume 139 [138] , 8 est devenue une réalité dans la descente de Jésus ».
Le pape a ensuite revu sa visite à l’église de l’annonciation à Nazareth, à la grotte de la nativité à Bethléem, au lieu de la crucifixion au Calvaire, et « devant le sépulcre vide, témoignage de la résurrection » : autant d’étapes de ce qu’il appelle « une manière de toucher l’histoire de Dieu avec nous ».
Le devoir de la réconciliation
C’est un thème cher au pape (il le souligne dans son « Jésus de Nazareth ») qui disait encore hier à l’angélus que Noël n’est pas une « fable » : « La foi n’est pas un mythe. Elle est histoire réelle, dont on peut toucher les traces avec la main. Ce réalisme de la foi nous fait particulièrement du bien dans la tourmente du présent. Dieu s’est vraiment montré. En Jésus Christ, il s’est vraiment fait chair. En tant que Ressuscité, Il reste un Homme véritable, il ouvre sans cesse notre humanité à Dieu et est toujours le garant du fait que Dieu est un Dieu proche ».
Benoît XVI a conclu ce passage de son discours à la curie romaine sur cette « relation » du Dieu vivant avec chacun qui invite au « communautaire le devoir de la réconciliation » : « Oui, Dieu vit et est en relation avec nous. Dans toute sa grandeur, il est cependant le Dieu proche, le Dieu-avec-nous, qui nous appelle sans cesse: Laissez-vous réconcilier avec moi et entre vous! Il place toujours dans notre vie personnelle et communautaire le devoir de la réconciliation ».
Anita S. Bourdin