ROME, Lundi 21 décembre 2009 (ZENIT.org) – « Les personnes qui se considèrent agnostiques ou athées doivent également nous tenir à cœur en tant que croyants » fait observer Benoît XVI à l’occasion de ses vœux à la curie romaine. « Au dialogue avec les religions doit aujourd’hui surtout s’ajouter le dialogue avec ceux pour qui la religion est une chose étrangère », demande Benoît XVI.
« Reconnaissance » et « joie »
Le pape a abordé cette question du rapport des croyants aux non-croyants en évoquant son voyage en République Tchèque (26-28 septembre) mais sans en reprendre toutes les étapes comme lors de l’audience générale du 30 septembre (cf. Zenit du 30 septembre 2009).
Disant à la fois sa « reconnaissance » et sa « joie » pour ce voyage, le pape a précisé cette circonstance particulière : « Avant ce voyage, j’ai toujours été averti qu’il s’agit d’un pays à la majorité d’agnostiques et d’athées, où les chrétiens constituent désormais seulement une minorité ».
Mais voici ce qui attendait le pape : « J’ai eu une surprise d’autant plus joyeuse en constatant que j’étais partout entouré d’une grande cordialité et amitié; que de grandes liturgies étaient célébrées dans une atmosphère joyeuse de fête; que dans le monde des universités et de la culture ma parole recevait une vive attention; que les autorités de l’Etat ont fait preuve à mon égard d’une grande courtoisie et ont accompli tout leur possible pour contribuer au succès de la visite ».
La question de Dieu
Benoît XVI ne s’est donc pas attardé sur « la beauté du pays » et « les magnifiques témoignages de la culture chrétienne, qui eux seuls rendent cette beauté parfaite ».
Il a préféré souligner pour ses collaborateurs de la curie l’importance du fait que « les personnes qui se considèrent agnostiques ou athées doivent également nous tenir à cœur en tant que croyants ».
Et de préciser que la question de Dieu est cependant commune à la majorité : « Lorsque nous parlons d’une nouvelle évangélisation ces personnes sont peut-être effrayées. Elles ne veulent pas se voir comme étant l’objet de missions, ni renoncer à leur liberté de pensée et de volonté. Mais la question à propos de Dieu reste toutefois présente également pour elles, même si elles ne peuvent pas croire au caractère concret de son attention pour nous ».
Benoît XVI a fait comme un pont entre son enseignement à Paris, aux Bernardins, un an plus tôt, sur la recherche de Dieu: « A Paris, j’ai parlé de la recherche de Dieu comme du motif fondamental de la naissance du monachisme occidental et, avec celui-ci, de la culture occidentale. Comme premier pas de l’évangélisation, nous devons chercher à garder cette recherche vivante; nous devons nous soucier que l’homme ne mette pas de côté la question sur Dieu comme question essentielle de son existence. Nous préoccuper qu’il accepte cette question et la nostalgie qui se cache en elle ».
Une « Maison de prière pour toutes les nations »
Dans un passage de l’évangile, a rappelé le pape, Jésus cite le prophète Isaïe, (cf. Is 56, 7; Mc 11, 17) disant que « le temple devait être une maison de prière pour tous les peuples ». Le pape en donne cette interprétation : « Il pensait à ce que l’on appelle la maison de prière pour toutes les nations, qu’il déblaya des activités extérieures pour qu’il y ait une place libre pour les païens qui voulaient prier là l’unique Dieu, même s’ils ne pouvaient pas prendre part au mystère, au service duquel l’intérieur du temple était réservé ».
« Je pense que l’Eglise devrait aujourd’hui aussi ouvrir une sorte de « maison de prière pour toutes les nations », où les hommes puissent d’une certaine manière s’accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d’avoir trouvé l’accès à son mystère, au service duquel se trouve la vie intérieure de l’Eglise. Au dialogue avec les religions doit aujourd’hui surtout s’ajouter le dialogue avec ceux pour qui la religion est une chose étrangère, pour qui Dieu est inconnu et qui, cependant, ne voudraient pas rester simplement sans Dieu, mais l’approcher au moins comme Inconnu », a conclu Benoît XVI.
Benoît XVI avait parlé aux catholiques de son voyage en République Tchèque lors de l’audience générale du 30 septembre dernier. Il avait conclu son compte rendu en disant notamment : « Je renouvelle à mes frères et sœurs de la République tchèque un message d’espérance et une invitation au courage du bien, pour construire le présent et l’avenir de l’Europe ».
Anita S. Bourdin