Catéchèse du pape : La vérité sur l’homme, clef de l’action sociale et politique

Audience du mercredi sur Jean de Salisbury

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ROME, Mercredi 16 décembre 2009 (ZENIT.org) – Les lois sont justes si elles respectent la « vie » et promeuvent la « solidarité » : c’est sur ce thème que titre L’Osservatore Romano en italien à la Une du 17 décembre, à propos de la catéchèse de Benoît XVI, ce mercredi matin. L’OR cite ce vœu de Benoît XVI : « L’action sociale et politique ne doit jamais être détachée de la vérité sur l’homme et sur sa dignité ».

Le pape a tenu l’audience de ce mercredi sur le théologien médiéval de l’école de Chartres, Jean de salisbury, en présence de quelque 9000 personnes rassemblées dans la salle Paul VI du Vatican.

A la fin de sa catéchèse, Benoît XVI a rappelé que dans son encyclique Caritas in veritate, il s’est adressé « aux hommes de bonne volonté, qui s’engagent afin que l’action sociale et politique ne soit jamais détachée de la vérité objective sur l’homme et sur sa dignité ».

Vérité et amour, indissociables

Il a cité ce passage: «La vérité et l’amour que celle-ci fait entrevoir ne peuvent être fabriqués. Ils peuvent seulement être accueillis. Leur source ultime n’est pas, ni ne peut l’être, l’homme, mais Dieu, c’est-à-dire Celui qui est Vérité et Amour. Ce principe est très important pour la société et pour le développement, dans la mesure où ni l’une ni l’autre ne peuvent être produits seulement par l’homme. La vocation elle-même des personnes et des peuples au développement ne se fonde pas sur une simple décision humaine, mais elle est inscrite dans un dessein qui nous précède et qui constitue pour chacun de nous un devoir à accueillir librement» (Caritas in Veritate, n. 52).

Le pape souligne les présupposés spirituels et les conséquences sociales de cette conception de l’homme : « Nous devons rechercher et accueillir ce dessein qui nous précède, cette vérité de l’être, afin que naisse la justice, mais nous pouvons les trouver et les accueillir qu’avec un cœur, une volonté, une raison purifiés dans la lumière de Dieu ».

Une forme de dictature

Pour sa part, Radio Vatican titre sur le risque d’une « dictature du relativisme » qui est un effet de la déconnection « préoccupante dans certains pays », « entre la raison et la liberté ».

La raison, a souligné le pape, a pour rôle de « découvrir les valeurs éthiques liées à la dignité de la personne humaine ». Et la liberté, « a le devoir de les promouvoir ». Le pape a souligné que le développement d’une société n’est pas un « produit », mais qu’elle plonge ses racines dans le dessein d’amour de Dieu pour ses créatures.

Le pape a souligné des implications très concrètes et l’actualité du « rapport entre loi naturelle et organisation juridique », dont parle jean de Salisbury en son temps.

Les lois qui protègent la vie

« Peut-être Jean de Salisbury nous rappellerait-il aujourd’hui que ne sont conformes à l’équité que les lois qui protègent le caractère sacré de la vie humaine et qui repoussent la légalisation de l’avortement, de l’euthanasie et des expériences génétiques irresponsables, des lois qui respectent la dignité du mariage entre l’homme et la femme, qui s’inspirent d’une laïcité de l’Etat correcte – une laïcité qui comporte cependant toujours la protection de la liberté religieuse -, et qui recherchent la subsidiarité et la solidarité au niveau national et international », a fait observer Benoît XVI.

« S’il en était autrement, ce que Jean de Salisbury définit comme la «tyrannie du prince» ou, dirions-nous, «la dictature du relativisme» finirait par s’instaurer: un relativisme qui, comme je le rappelais il y a quelques années, « ne reconnaît rien de définitif et ne laisse comme mesure ultime que le moi et ses envies», a précisé le pape.

L’école de Chartres

« Jean de Salisbury, a rappelé le pape en français, appartenait à l’école philosophique et théologique de la cathédrale de Chartres, l’une des plus importantes du Moyen-Âge. Né à Salisbury, en Angleterre, au début du douzième siècle, il fréquenta les écoles les plus renommées de l’époque, notamment à Paris et à Chartres ».

Anglais, il acheva sa vie à l’ombre de la cathédrale chère à Péguy et aux étudiants parisiens : « Membre du clergé de Cantorbéry, il en a servi fidèlement les Archevêques et il accompagna Thomas Becket dans son exil en France. Élu évêque de Chartres, il y demeura de 1176 jusqu’à sa mort en 1180 ».

Raison et révélation

Benoît XVI résumé l’enseignement de Jean de Salisbury sur le rôle de la raison en disant : « Pour Jean, la raison humaine parvient à des connaissances qui ne sont pas incontestables, mais probables et discutables. Mais la connaissance humaine grandit et se perfectionne grâce à l’expérience et à l’élaboration de raisonnements corrects et cohérents ».

Il articulait ainsi raison et révélation, a expliqué Benoît XVI : « En Dieu seul il y a une science parfaite, qui est communiquée à l’homme, au moins partiellement, par la Révélation accueillie dans la foi, par laquelle la science de la foi, la théologie, déploie les potentialités de la raison et fait progresser avec humilité dans la connaissance des mystères de Dieu ».

Le pape a précisé, du point de vue de l’action, que « pour Jean il y a une vérité objective et immuable, dont l’origine est en Dieu, qui est accessible à la raison humaine et qui concerne l’agir pratique et social ».

Promouvoir le bien commun

Le pape a souligné l’actualité de cette conception de Jean de Salisbury : « Il s’agit d’un droit naturel, qui doit inspirer les lois humaines ainsi que les autorités politiques et religieuses, afin de promouvoir le bien commun. Cette loi naturelle est caractérisée notamment par l’attribution à chaque personne de ses droits ».

Aux francophones le pape a ensuite adressé cette salutation pour Noël : « Que votre préparation à la fête de Noël vous aide à accueillir le Christ qui vient, afin qu’il puisse vivre pleinement en vous ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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