ROME, Jeudi 3 décembre 2009 (ZENIT.org) – Dans la province chinoise du Shanxi, des peines de prison ferme pour les responsables d’une communauté protestante « clandestine », rapporte « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).
Le 25 novembre dernier, le Tribunal populaire du district de Yaodu, de la ville de Linfen, dans la province du Shanxi, a condamné à des peines de prison, allant de trois à sept ans, cinq responsables d’une importante communauté protestante « clandestine ». Après treize heures d’audience, les juges ont condamné à trois ans de prison le pasteur responsable du groupe, le Rév. Wang Xiaoguang, et son épouse, Yang Rongli, à sept ans de prison. Selon Me Zhang Kai, l’un des six avocats du groupe, les trois autres prévenus, Yang Xuan, Cui Jiaxing et Zhang Huamei, ont été condamnés à des peines allant de trois ans et demi à cinq ans et demi de détention.
Les charges retenues contre les cinq leaders protestants étaient de deux ordres : occupation illégale de terres agricoles et rassemblement de foule provoquant un obstacle à la circulation, auxquelles il faut ajouter une inculpation pour fraude fiscale retenue contre l’un des cinq accusés. A aucun moment, il n’a été question d’accusations à caractère religieux, souligne l’avocat, qui précise que ses clients n’ont cessé de clamer leur innocence devant les juges et qu’aucune preuve irréfutable n’a été produite par l’accusation au cours du procès. Yang Rongli a déclaré au tribunal : « Même si vous nous condamnez à vingt ans de prison, nous resterons fermes dans notre foi car nous en sommes comptable devant Dieu. »
Le couple formé par le pasteur Wang et son épouse Yang dirigeait une communauté protestante implantée dans la région de Linfen depuis une trentaine d’années. Refusant d’adhérer au Mouvement des trois autonomies, qui est aux protestants ce que l’Association patriotique des catholiques chinois est aux catholiques, le couple avait développé une importante « Eglise domestique », au sens où la communauté qui y pratiquait sa foi n’avait pas d’existence légale. Quelque 50 000 fidèles, issus de Linfen et des villages alentours, en étaient membres. Le 13 septembre dernier, la destruction par la police d’un lieu de culte récemment bâti avait marqué le début d’une phase de répression ; des forces de police avaient été dépêchées sur place pour empêcher 5 000 fidèles de venir assister au culte sur les lieux de l’église détruite et, le 25 septembre, les cinq leaders de la communauté étaient arrêtés.
Pour Me Zhang Kai, si la répression s’est abattue sur « l’Eglise domestique » de Lifen, c’est parce qu’elle était devenue trop importante aux yeux des autorités. « Ils ont vu que la [nouvelle] église était grande et faisait impression. Ils ont réalisé que les fidèles étaient nombreux. Le gouvernement s’est estimé contraint d’agir. Mais tout ceci constitue une très sérieuse violation de la liberté religieuse », a déclaré l’avocat. Signe du caractère sensible de l’affaire, un millier de policiers avaient été déployés autour du tribunal lors du procès et l’atmosphère était tendue.
Interrogé par le South China Morning Post (1), Fan Yafeng, professeur de droit et membre éminent de l’Académie chinoise des sciences sociales, a estimé que les condamnations prononcées étaient les plus lourdes depuis plusieurs années et qu’elles témoignaient d’une intensification de la répression menée contre les « Eglises domestiques ». D’autres commentateurs mettent en avant le fait que le gouvernement, soucieux d’éviter les critiques émises à son encontre en Occident, fait désormais en sorte de ne pas recourir à des chefs d’inculpation à caractère religieux ; les leaders des communautés religieuses poursuivies sont condamnés au titre de crimes et délits à caractère civil. Selon le professeur Fan, « le gouvernement fait de la loi un instrument de persécution ».
Trois jours avant que le tribunal de Linfen ne prononce sa sentence, une autre importante « Eglise domestique », à Shanghai cette fois, faisait l’objet d’une action policière. Ses dirigeants ont été interpellés et interrogés au motif qu’ils organisaient des « rassemblements non autorisés ».
(1) South China Morning Post, 27 novembre 2009.
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