Les différentes formes de résistance au festival Tertio Millennio

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Thème du prochain Festival, l’action politique et le rapport avec la foi

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ROME, Lundi 23 novembre 2009 (ZENIT.org) – Le cinéma, un moment de réflexion sur les problèmes et les évènements du monde contemporain: C’est la raison d’être du Tertio Millennio Film Fest (1-6 décembre 2009), le festival de cinéma et spiritualité organisé par la Fondation italienne Ente dello Spettacolo en collaboration avec le Projet culturel de la conférence épiscopale italienne, qui propose depuis 1997, le pape ouvrant alors sa première édition, un double parcours de réflexion, entre les questions de l’Esprit et la confrontation aux autres. 
 
Le thème porteur de cette XIIIème édition, présentée à Rome le 18 novembre, utilise la précieuse sémantique des mots : « Formes de résistance. L’histoire après le cinéma. Perception, sens, action dans le monde vu ». La résistance, donc, qui utilise l’esthétique pour faire du politique. Cette année deux sections se focaliseront sur deux régions précises du monde avec deux documentaires « Iran » et « A l’Est de l’Europe. Formes d’un changement ».  
 
« Ce festival, explique Mgr Dario E. Viganò, président de la fondation Ente dello Spettacolo, porte une grande attention d’un côté aux pays de l’Est comme ceux de l’ex-Union soviétique pour une relecture de leur passé, de l’autre à des réalités comme celle de l’Iran qui vit un présent menaçant ; un festival, donc, où l’on cherche à comprendre de quelle manière, à travers le cinéma, se construit la modernité ». 
 
Une modernité aux multiples facettes, à laquelle il est possible d’accéder grâce, justement,  aux films que l’on produit un peu partout : « Il suffit de quelques photogrammes, explique Mgr Paul Tighe, secrétaire du Conseil pontifical pour les communications sociales, pour représenter de manière efficace la réalité. C’est un peu comme pour les Saintes Ecritures ou pour la crèche de Jésus avec, en toile de fond, d’autres faits qui donnent une clef de lecture de l’époque et, du coup, du monde avec lequel elle est en relation ». En d’autres termes, conclut Mgr Tighe, « grâce au cinéma on accède à l’histoire de tant d’hommes et de femmes éloignés les uns des autres ». 
 
Concernant l’Iran, il sera pas ailleurs possible de voir le film d’action Heiran de Shalizeh Arefpour et les deux documentaires My Little Country d’Abbas Mohammadi et Torgheh de Mohammad Hassan Damanzan, ce dernier racontant l’histoire de quatre iraniennes aux prises à de graves problèmes sociaux, qui arrivent malgré tout à trouver du réconfort dans leur passion commune pour la musique. 
 
Au programme, pour la cinématographie de l’Est, le court-métrage Harbour, qui est une réflexion lyrique sur le temps et sur la mort, et The Bell qui invite à s’interroger sur le sens même du mystère, du lituanien Audrius Stonys. Du Kazakh Sergei Dvortsevoy (vainqueur en 2008 du prix « Un Certain Regard » de Cannes avec Tulpan), le festival propose deux documentaires d’observation : In the Dark racontant la vie d’un vieil homme seul et aveugle et Bread Day, l’histoire d’une ancienne colonie minière russe où les personnes âgées, restées désormais les seuls habitants de ce lieu, accomplissent chaque semaine un voyage rituel à la conquête de leur propre pain.  
 
De la Géorgie, la journaliste et actrice, Nino Kirtadze, arrive avec Durakovo : the Village of Fools, où elle raconte l’histoire d’un groupe de fanatiques nationalistes orthodoxes qui œuvre pour la renaissance de l’empire soviétique. Commentant la valeur de ce film, Mgr Franco Perazzolo, expert de cinéma et officiel du Conseil pontifical de la culture, dit y voir « un mélange extraordinaire d’histoire et d’humanité ».  

Ce film, explique-t-il, raconte l’histoire de familles très humaines qui cherchent à se racheter. « Une forme de communication, en dehors de l’industrie et des systèmes de contrôle et qui, au fond, représente un défi à ce qui est négatif, car construction de nouveaux regards, lieux et mondes possibles », souligne-t-il. 
 
Autre film en avant-première : Lourdes de Jessica Hausner, qui a déjà remporté plusieurs prix : le Prix Fipresci de la critique internationale, le Prix La Navicella et le Prix Signis. La sortie officielle de ce film sera le 11 février, jour de la première apparition de la Vierge à Bernadette. Ce film raconte l’histoire d’une femme, Christine, condamnée à la chaise roulante, qui, après s’être réfugiée dans le village français, se réveille un matin apparemment guérie par un miracle. 
 
Autre évènement spécial : la toute première projection de Io loro e Lara de Carlo Verdone, en souvenir de son père Mario, collaborateur de la revue du Cinématographe; puis un hommage au maestro Francesco Rosi, dont on verra, en version restaurée, le film Uomini contro (1970) sur l’absurdité de la guerre.  

Le troisième évènement, qui anticipe le festival, le 30 novembre, est la projection de Popieluszko de Rafal Wieczynski retraçant la vie du père Jerzy Popieluszko, enlevé, torturé puis tué par les services secrets soviétiques. Celui-ci, au début des années 80, avait eu le courage de dénoncer de sa chaire les mensonges du gouvernement polonais. 
 
En remettant enfin à Margareth Madè, personnage principal dans Baaria de Giuseppe Tornatore, le nouveau « Prix Révélation de l’année », Mgr Gianfranco Ravasi, a expliqué l’intérêt de l’Eglise pour le septième art : «Recomposer cette sorte de divorce qui s’est créé ces derniers temps entre le public et l’art, l’art perçu dans toutes ses irisations (photographie, musique, sculpture, etc.), souvent autoréférentielle, dissolue ou purement provocatrice ». 
 
« L’heure est venue, a conclu le président du Conseil pontifical de la culture, de retrouver les racines de la réalité, et pour cela de s’interroger sur les grandes expériences et récits ».  

Mariaelena Finessi 

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ZENIT Staff

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