ROME, Mardi 10 novembre 2009 (ZENIT.org) – « Un parcours passionnant, riche d’indications », c’est ainsi que le co-président du Mouvement des Focolari, Giancarlo Faletti, résume les travaux du Séminaire théologique international sur « le ministère des prêtres dans l’Eglise peuple de Dieu », qui s’est conclu le 8 novembre après deux jours de travaux, à Ariccia (Rome).
Ce séminaire, organisé par l’Institut universitaire Sophia (Loppiano – Florence) et le mouvement sacerdotal du Mouvement des Focolari, dans le cadre de l’Année sacerdotale, réunissait 48 experts de 21 nations qui, selon un communiqué des Focolari, étaient invités à s’interroger sur le profil de l’Eglise et du ministère sacerdotal aujourd’hui.
Passant en revue les défis et les opportunités qui se posent à l’identité du prêtre, le prof Carlos Andrade c.m.f., de la faculté saint Damase à Madrid, a mis l’accent sur « les effets que produisent chez les prêtres, et au niveau de leur identité, les défis de la privatisation de la religion et de l’éclatement de la vie actuelle », relevant néanmoins que ces défis sont aussi une opportunité car « ils invitent à s’ancrer davantage dans la vie de l’Evangile, en réalisant une réelle fraternité entre les prêtres et au sein des communautés mêmes ».
Ce qui est émerge des travaux c’est un visage inédit et prometteur de l’Eglise, a déclaré pour sa part le prof. Brendan Leahy de l’Université pontificale de Maynooth (Irlande). Dans l’Eglise grandit en effet la conscience qu’il s’agit de faire « voir » la présence de Jésus à travers de nouvelles relations centrées sur le don de soi.
« Les prêtres, a-t-il dit, sont appelés à apprendre comment ‘engendrer’ le Christ dans la communauté non seulement à travers l’évangélisation et les sacrements mais en suscitant également entre tous l’amour réciproque, la vie de communion ».
Evoquant le profil des prêtres dans l’Eglise peuple de Dieu, le prof. Piero Coda, directeur de l’Institut universitaire Sophia, a relu le magistère conciliaire à la lumière du Nouveau Testament, insistant sur « l’identité et la mission sacerdotale de tout le peuple de Dieu, en vertu du sacerdoce du Christ » et sur « l’identité et la mission du ministère sacerdotal en tant que service particulier et inaliénable, lié au sacerdoce universel des disciples, jaillissant, sous une forme sacramentelle spécifique, de l’unique sacerdoce du Christ ».
Le prof Corda a par conséquent, attiré l’attention sur l’identité relationnelle des prêtres : « l’indispensable et fascinant service du prêtre fleurit, produit des fruits et fait parler de lui, uniquement lorsqu’il est vécu ‘en relation’, chez le prêtre et avec l’évêque, avec les autres vocations dans la communion de l’Eglise, dans la capacité du dialogue avec tous, et jamais considéré à part ou vécu de manière élitiste ».
Ouvrant le débat aux perspectives des récents dialogues œcuméniques, le théologien anglican Callan Slipper, a rappelé que « tous, à l’image de Marie, doivent viser la primauté de l’amour, être au service les uns des autres, pour révéler le visage de Jésus ».
A la question : « Quelle spiritualité pour les prêtres? », Hubertus Blaumeiser, responsable du Centre sacerdotal du Mouvement des Focolari, a répondu qu’il faut « le courage de la transparence » au profit de Jésus l’Unique Prêtre ; être ses icônes, Lui qui, pour introduire les hommes dans la communion avec le Dieu Trinité, a souffert l’abandon du Père.
Quelle est alors la relation entre les prêtres et les charismes? Souvent vus comme une réalité parallèle, a dit le prof. Fabio Ciardi, o.m.i., de l’Institut Claretianum (Rome), déjà depuis des siècles ils se compénètrent : « Nous prions le bréviaire, reçu des moines, faisons tous les exercices spirituels reçus des jésuites, et les exemples pourraient se multiplier ».
Pour finir, Christian Hennecke, coordinateur des services pastoraux dans le diocèse d’Hildesheim (Allemagne), a affronté la question de l’action pastorale, expliquant que si d’un côté nous assistons à la crise d’un modèle historique de l’Eglise, de l’autre Dieu en fait déjà bourgeonner un nouveau.
Il a ensuite indiqué quelques priorités : le prêtre, avec l’évêque, et les conseils pastoraux comme « lieux de discernement communautaire » des chemins vers lesquels Dieu veut conduire aujourd’hui son peuple ; la formation de communautés d’initiation chrétienne où l’on apprend comment devenir des disciples de Jésus ; la nécessité que les prêtres fassent en sorte que chaque communauté eucharistique devienne aussi une communauté de service et de mission, portant chacun à redécouvrir et vivre ensemble ses propres charismes.
Au cœur du parcours était prévue la conversation de Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, en 1982 au Vatican devant 7.000 prêtres et religieux sur le prêtre en tant qu’« homme de dialogue » ; un dialogue qui part du Christ, se concrétise dans la relation avec l’évêque, les autres prêtres et tous les fidèles, pour se projeter dans l’univers des autres religions et des personnes de convictions non religieuses : « Jésus abandonné… a descendu toutes les marches où se trouve l’humanité pour l’accueillir dans son cœur et la conduire au Père » .
Comme l’ont montré les vifs débats ayant suivi plusieurs interventions durant les travaux, l’appel et le projet de formation sont les deux domaines cruciaux pour un renouvellement de la vie sacerdotale. Mais il s’agit avant tout, comme a dit l’un des participants, d’offrir au monde un Dieu que l’on « voit », que l’on « sent », que l’on « écoute » ; pour cela il faut « construire à tous les niveaux la demeure de la présence vivante de Jésus parmi nous ».
Dans les prochains mois, la maison d’édition Città Nuova publiera les travaux du séminaire. Un ouvrage qui contiendra également des expériences d’une pastorale évangélisatrice.