Synode : Synthèse des interventions du 9 octobre (matin)

Huitième Congrégation générale

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ROME, Jeudi 8 octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des discours des pères du synode sur l’Afrique, intervenus lors de la huitième Congrégation générale, vendredi 9 octobre dans la matinée. Il s’agit de :

– Card. Tarcisio BERTONE, S.D.B., Secrétaire d’État (CITÉ DU VATICAN)
– Mgr Jan OZGA, Évêque de Doumé-Abong’ Mbang (CAMEROUN)
– Mgr Albert VANBUEL, S.D.B., Évêque de Kaga-Bandoro (RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE)
– Mgr Jean-Baptiste TIAMA, Évêque de Sikasso, Président de la Conférence Épiscopale (MALI)
– Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– S. Ém. le Card. Christian Wiyghan TUMI, Archevêque de Douala (CAMEROUN)
– Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova, Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN)
– Mgr Joseph KUMUONDALA MBIMBA, Archevêque de Mbandaka-Bikoro (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– Card. Renato Raffaele MARTINO, Président du Conseil Pontifical « Justice et Paix » (CITÉ DU VATICAN)
– Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général des Missionnaires d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– Mgr Joachim NTAHONDEREYE, Évêque de Muyinga (BURUNDI)
– Mgr Jean-Claude BOUCHARD, O.M.I., Évêque de Pala, Président de la Conférence Épiscopale (TCHAD)
– Rév. Francesco BARTOLONI, C.PP.S., Modérateur Général des Missionnaires du Précieux-Sang (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– Mgr Robert Christopher NDLOVU, Archevêque d’Harare, Président de la Conférence Épiscopale (ZIMBABWE)
– Mgr Evaristus Thatho BITSOANE, Évêque de Qacha’s Nek, Président de la Conférence Épiscopale (LÉSOTHO)
– Mgr Franklyn NUBUASAH, S.V.D., Évêque titulaire de Pauzera, Vicaire Aostolique de Francistown (BOTSWANA)
– Rév. P. Jacob BEYA KADUMBU, C.I., Vicaire Général des Joséphites de Belgique (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– Mgr Cyprian Kizito LWANGA, Archevêque de Kampala (OUGANDA)
– Mgr Jorge Enrique JIMÉNEZ CARVAJAL, C.I.M., Archevêque de Cartagena en Colombie (COLOMBIE)
– Mgr Velasio DE PAOLIS, Archevêque titulaire de Telepte, Président de la Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège (CITÉ DU VATICAN)
– Mgr Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu (MALAWI)

Un délégué fraternel est également intervenu. Il s’agit de : Sa Grace Bernhard NTAHOTURI, Archêveque de la Province de la Église Anglicane de Burundi (BURUNDI)

Ainsi que quatre auditeurs et auditrices. Il s’agit de :

– Soeur Felicia HARRY, N.S.A. (O.L.A.), Supérieure Générale des Soeurs de Notre-Dame des Apôtres (GHANA)
– Rév. P. Seán O’LEARY, M.Afr., Directeur l’Institut « Denis Hurley Peace » (AFRIQUE DU SUD)
– Soeur Pauline ODIA BUKASA, F.M.S., Supérieure Général des Soeurs « Ba-Maria », Buta Uele (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– Soeur Geneviève UWAMARIYA, Soeur de Sainte Marie de Namur (RWANDA)

Nous reprenons ci-dessous, les résumés des interventions, publiés par la secrétairerie générale du Synode (traductions de travail, non officielles).

– S. Ém. le Card. Tarcisio BERTONE, S.D.B., Secrétaire d’État (CITÉ DU VATICAN)

Dans l’Exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Africa », le Pape Jean-Paul II de vénérée mémoire a voulu souligner combien le Synode des Évêques « constitue un instrument particulièrement apte à promouvoir la communion ecclésiale » (n. 15). Cette communion affective et effective des Églises particulières avec l’Église universelle trouve dans l’action des Nonces apostoliques un lien irremplaçable et particulièrement important dans la réalité du Continent africain. Il s’agit d’un réseau dense de présences qui n’a pas pour but seulement de promouvoir et de soutenir les relations entre le Saint-Siège et les autorités étatiques mais entend avant tout « rendre toujours plus solides et efficaces les liens d’unité qui existent entre le Siège Apostolique et les Églises particulières » (can. 364), par le biais de l’assistance et du conseil que les Représentants pontificaux prêtent aux Évêques. C’est dans cette optique de communion que doit être considérée la mission diplomatique du Saint-Siège qui, surtout au cours de la dernière décennie, a favorisé l’avènement d’accords et autres conventions avec les autorités étatiques.
Les Représentants pontificaux donnent voix au Saint-Père dans la défense de la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux et œuvrent, en collaboration avec les Épiscopats, en faveur de la liberté religieuse et de la promotion d’un authentique dialogue tant avec les autres Églises ou communautés ecclésiales qu’avec les membres d’autres religions tout comme, naturellement, avec les autorités civiles. Un tel amour pour l’homme, la paix et la justice, qui veut regarder l’Afrique « à la lumière de Dieu » ne peut que pousser les Représentants pontificaux à témoigner la sollicitude du Saint-Père et, en lui, de l’Église universelle pour le bien commun de chaque pays.

[Texte original: italien]

– Mgr Jan OZGA, Évêque de Doumé-Abong’ Mbang (CAMEROUN)

Cette deuxième Assemblée synodale pour l’Afrique, pour produire les fruits escomptés, me semble-t-il, extrêmement important de passer par la famille africaine. Car, la formation d’une nouvelle culture de la réconciliation, de la justice et de la paix est d’abord une œuvre familiale, avant d’être sociale. Si ces trois valeurs prennent racine et trouvent un fondement et un sens dans la famille, leur culture peut s’étendre au niveau de toute la société africaine.
La culture de la réconciliation se distingue de l’acte de réconciliation, puisque ce dernier est ponctuel et circonstanciel, tandis que la première est un état d’esprit, fondé sur la promotion de l’amour, la charité, la conversion, la miséricorde et bien d’autres valeurs. Ce rôle prépondérant incombe d’abord aux parents puis aux institutions scolaires, sociales et ecclésiales, selon le principe de correction fraternelle: « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le seul à seul… » (Mt 18, 15-18).
La justice est la juste appréciation, la reconnaissance, le respect des droits et du mérite de chacun. La famille est appelée à éduquer à la justice véritable qui, seule conduit au respect de la dignité personnelle de chacun, comme le souligne le pape Jean-Paul II dans Familiaris Consortio. Et déjà, Jésus dit : « si votre justice ne surpasse pas celle des Scribes et des Pharisiens… » (Mt 5, 20s).
La culture de la paix dans la famille africaine était garantie par le conseil parental et familial, à travers la tenue fréquente de la palabre, foyer du bonheur dans la prospérité individuelle et collective, en rapport avec Dieu et les frères et soeurs; « heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9).

[Texte original: français]

– Mgr Albert VANBUEL, S.D.B., Évêque de Kaga-Bandoro (RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE)

Ces dernières années, au moment des différentes crises politiques et sociales que la République centrafricaine a connues, nous n’avons pas manqué de rappeler les valeurs humaines et chrétiennes nécessaires pour arriver à une vie dans la paix. À tout moment, l’Église a été présente et solidaire avec les joies et les peines du peuple, dont elle veut le bonheur et la rédemption véritables. Les Évêques de Centrafrique, n’ont cessé de voir l’aurore et l’avènement d’un temps favorable de paix, de justice et de réconciliation pour tous.
Notre Église prend de plus en plus conscience des zones d’ombre qui persistent en son sein; et aspire de tout son être, à la paix et la communion à l’intérieur même de l’Église-Famille. Malheureusement certains y voient des motifs de découragement ou des occasions de baisser les bras. C’es
t vrai, des malentendus, des gestes perçus comme blessants ont fait souffrir les uns et les autres. Mais le temps est venu de nous montrer à la hauteur des enjeux du monde d’aujourd’hui. Au moment où injustice, corruption, égoïsme, rébellions … sont rejetés à l’unanimité, notre Église est sommée de présenter un témoignage selon l’Évangile qui est Parole de Vie: un témoignage de réconciliation, de justice et de paix; et surtout un témoignage de communion.
Nous avons déploré ces derniers mois des gestes de division entre prêtres, entre prêtres et Évêques, entre prêtres et laïcs; sans doute cela n’est pas l’Évangile que nous avons à annoncer. Nous sommes envoyés pour construire l’Église unie par l’Esprit de Dieu qui nous dirige. Nous ne pouvons pas en même temps déchirer le Corps du Christ.L’Année Sacerdotale que le Saint-Père nous a donnée, peut nous inspirer et nous diriger: Fidélité du Christ, fidélité du prêtre, et fidélité de chaque baptisé.
Il y a une aspiration générale pour un temps de paix, de justice et de réconciliation. Les événements que nous avons vécu et que nous continuons à vivre en ces temps-ci donnent la preuve qu’il y a toujours des raisons d’espoir et que dans la nuit où nous nous trouvons, l’aurore et le jour s’annoncent.
Chacun de nous est faible, est pécheur; mais ensemble nous aurons à écouter la Parole de Dieu, à la vivre, pour construire en communion notre Église-Famille.
Que Dieu nous bénisse et nous donne la force de la persévérance et d’un vrai témoignage

[Texte original: français]

– Mgr Jean-Baptiste TIAMA, Évêque de Sikasso, Président de la Conférence Épiscopale (MALI)

L’Église au Mali oeuvre aux côtés des autres fils du pays, pour qu’advienne pour les Maliens la paix profonde que tous espèrent, malgré les situations difficiles qu’ils traversent.
Vivant en régime de démocratie, le pays alterne bien les régimes politiques sans affrontements armés. Mais la démocratie a parfois été mise à mal par des manipulations constitutionnelles et des rebellions armées. Dans le nord du pays les soulèvements Touareg ont menacé de compromettre la paix nationale. Cependant grâce à un réel attachement à la valeur de la paix, les pertes en vies humaines ont été limitées. Les cérémonies symboliques de la reconquête de la paix ont permis de panser les blessures.
En 2003, par leur lettre pastorale « Et si nous réhabilitions la politique! », les évêques ont attiré l’attention des partis politiques sur leur rôle d’éducation des militants, d’animation de la scène politique et de subordination au prima du service de la nation et non des intérêts partisans des coalitions ou de leur membre.
Avec un taux de croissance de 5% en 2008, le Mali accumule actuellement de la richesse; cependant, la pauvreté sévit partout, avec ses corollaires de corruptions et de détoumements; les pauvres semblent être les proies faciles de l’injustice. Même l’Église en a souffert dans un conflit foncier.
L’Église se fait présente, par ses organismes et ses associations et l’appui des partenaires au développement, dans le domaine de l’éducation et de la santé. Cette année Caritas Mali fête ses 50 ans. Ce sont de nombreuses aides d’urgence et de programmes de promotion sociale et économique qui témoignent du lien indéfectible entre foi et action.
Les leaders religieux (catholiques, protestants et musulmans) ont tiré avantage de ce que l’État les invite aux réunions de réf1exions sur les grandes questions de société pour créer « l’Alliance Sacrée des religieux ». C’est un cercle de qualité, où les leaders des communautés religieuses échangent et décident ensemble d’actions en faveur de la paix entre leur communautés respectives, mais aussi entre certains groupes sociaux et le gouvernement en cas de crise. La question du Sida est aujourd’hui prise en compte dans les activités de l’Alliance sacrée.
De récents mouvements sociaux suscités par un nouveau code des personnes et de la famille ont ouvert un vaste chantier de réflexion entre la loi, la démocratie et les valeurs culturelles, particulièrement celles religieuses.

[Texte original: français]

– Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

Des hommes et des femmes, fidèles à l’Évangile, s’engagent, parfois jusqu’au martyre, pour un monde plus juste et plus solidaire. Nos populations ont réussi certaines réconciliations nationales qui sont des modèles pour les autres continents. Le regard que beaucoup jettent sur des sociétés qu’on dit en panne de croissance doit donc changer.
Mais beaucoup reste à faire. Nos belles déclarations, nos documents ne changent pas automatiquement la réalité de nos peuples. Les messages de réconciliation, de paix, de justice et d’unité ne sont pas d’abord pour l’extérieur. Il sont aussi pour nous-mêmes parce que la crise dehors est aussi « ad intra ». La réconciliation ne se fera pas par des discours et des déclarations. Elle est une option fondamentale de vie qui demande de notre part une conversion quotidienne, à l’intérieur de notre Église et de nos communautés. Notre mission de guérir les relations entre les personnes ne s’accomplira que si déjà dans nos propres communautés se pratiquent le vrai pardon, la recherche de la vérité, le souci de justice, bref un vrai amour dans une vraie communauté de frères et de sœurs … Rien ne sert d’aller parler de la paix aux autres si une vraie paix ne règne pas dans nos propres communautés.
Il nous faut rafraîchir la manière de penser nos engagements religieux. Des temps de formation permanente deviennent indispensables. Il est aussi indispensable que nous promouvions un mouvement efficace de re-fondation.
Que nos écoles et nos universités catholiques forment des cœurs et pas seulement des têtes; que les usines de fabrication d’armes de guerres cessent d’exister.

[Texte original: français]

– S. Ém. le Card. Christian Wiyghan TUMI, Archevêque de Douala (CAMEROUN)

Le péché en éloignant l’homme de Dieu, le constitue en ennemi de Dieu. Dieu prend l’initiative de sauver l’homme. Ce dernier revient à Dieu par la prière moyennant le repentir. Ses sacrifices tendent « à apaiser Dieu » jusque là irrité par sa désobéissance.
C’est en Jésus-Christ que l’homme est pleinement réconcilié avec Dieu. Effaçant la désobéissance d’Adam (Rm 5, 19), Jésus fait la paix par le sang de sa Croix. Le Christ accomplit la réconciliation de l’homme avec Dieu.
Réconciliés avec Dieu en Jésus-Christ, les hommes sont frères et soeurs entre eux.
L’accueil de la Parole du Christ entraîne les hommes à se laisser réconcilier avec Dieu. Les fidèles du Christ deviennent missionnaires du pardon.
Ainsi donc, pour se réconcilier avec le prochain, la réconciliation avec Dieu est un préalable inévitable. La réconciliation dans nos familles, entre les peuples de la terre n’est pas possible sans Dieu. Seuls les hommes réconciliés avec Dieu peuvent bâtir un monde de paix et de justice.

[Texte original: français]

– Mgr Claudio Maria CELLI, Archevêque titulaire de Civitanova, Président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales (CITÉ DU VATICAN)

Le message final de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, qui s’était tenue en 1994, soulignait les défis de la communication pour l’Église-famille de Dieu en Afrique, mentionnant la nécessité d’être créative dans le premier aréopage du temps moderne: « Tant que nous serons seulement des consommateurs dans ce secteur, nous courrons le risque de changer de culture sans le vouloir, sans même le savoir ».
L’exhortation « Ecclesia in Africa » a consacré 11 articles aux médias et à la communication sociale, et en a fait l’un des 5 pilastres pour l’édification de l’ « Église-famille de Dieu ». A la suite
de ce premier synode, des facultés de communication sociale ont été créées au sein des universités catholiques, des stations de radiodiffusion et de télévision. Aujourd’hui, il y a au moins 163 radios opérationnelles réparties dans 32 pays (avant 1994 on en comptait à peine 15), qui sont gérées et animées par des diocèses, des congrégations et organisations catholiques. Certains diocèses possèdent un site internet; les publications sont innombrables, tant au niveau régional que diocésain ou paroissien.
En août 1999, le CEPACS a publié un plan pastoral continental intitulé « Pour une Afrique communicative » reprenant les recommandations de l’ « Ecclesia in Africa ».
Il n’y a aucun doute que des « évolutions positives » ont eu lieu, mais l’Instrumentum Laboris » confirme que les décisions prises n’ont pas été beaucoup suivies. Jusqu’à présent, nombreux sont ceux qui ne savent rien du plan pastoral du CEPACS publié en 1999. Sans coordination et planification, la communication (Exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Africa » n. 126) ne peut être efficace: il faut donc établir des stratégies et des plans pastoraux régionaux et nationaux, inimaginables, toutefois sans la présence de ressources humaines compétentes.
Il semblerait opportun de soutenir aussi les associations des communicateurs catholiques, « en offrant une saine formation humaine, religieuse et spirituelle ». Je pense à l’UCAP (Union Catholique africaine de la presse) la branche continentale de l’UCIP.
Les récentes technologies de l’information donnent lieu à une nouvelle culture que nous appelons digitale. Il est vrai que dans le grand contexte africain, une telle culture est encore peu importante, mais les données récentes démontrent que la croissance est incroyablement rapide. Tout cela lance un défi pastoral à l’Église en Afrique: comment dialoguer, comment être présents, comment évangéliser une telle culture?
Il convient, enfin, de souligner aussi l’exigence de donner vie, le plus tôt possible, à une agence de presse continentale pour l’Église en Afrique.
En avril dernier, notre Conseil pontifical pour les Communications Sociales, en collaboration avec l’AMECEA, a organisé un séminaire d’étude, pour environ 80 jeunes, sur le thème de la communication au service de la justice, de la paix et de la réconciliation. Cette première initiative répond à l’exigence de promouvoir la formation, à tous les niveaux. Le défi auquel je me référais ne se résout pas seulement avec des machines technologiques toujours plus sophistiquées, mais surtout avec des personnes formées tout spécialement dans le secteur de la communication. Pour cette raison, le Conseil pontifical est disponible pour collaborer avec les diverses Conférences épiscopales en fournissant des bourses d’études pour favoriser la formation de prêtres et de religieuses.

[Texte original: italien]

– Mgr Joseph KUMUONDALA MBIMBA, Archevêque de Mbandaka-Bikoro (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

Depuis l’implantation de l’Église en Afrique et plus spécialement en RD Congo, l’éducation scolaire a toujours bénéficié d’une singulière attention de l’Église. Pour celle-ci, les écoles de tous les niveaux ainsi que les instituts supérieurs et les universités constituent des Iieux d’apostolat. L’Église s’y investit pour assurer une formation intégrale de l’homme selon la vision évangélique aux fins de garantir son épanouissement et de le rendre apte à mettre ses talents au service de la communauté.
Cependant, la crise multiforme liée à des guerres à répétition a entraîné des conséquences déplorables dans le secteur de l’éducation. Ces conséquences déplorables risquent de perdurer trop longtemps si l’on n’y prend pas garde. Car, une éducation mal assurée compromet l’avenir de générations de jeunes et sacrifie des potentialités qui auraient servi à toute la nation. Ce qui est injuste et ne garantit pas la paix. Car les jeunes frustrés sont à la merci des pêcheurs en eau trouble.
Dans un climat de complaisance engendré par des pratiques malhonnêtes, la qualité de l’enseignement n’est pas garantie. Les organisateurs, les gestionnaires et les parents sont conscients que les diplômes délivrés ne représentent pas un niveau intellectuel et moral approprié aux exigences du monde scientifique et de travail. Naturellement, l’Église qui continue d’investir une bonne partie de son personnel n’est pas satisfaite par ces résultats.
1. Imaginer un système de gestion scolaire qui garantit la liberté de l’Église pour une formation qualitative de la jeunesse ;
2. Solliciter un partenariat direct entre les organismes internationaux (UNESCO) et l’Église pour que les moyens alloués à la formation des jeunes puissent profiter réellement et directement à l’éducation de la jeunesse ;
3. Que les Congrégations ayant comme charisme l’éducation s’investissent davantage dans les écoles en veillant surtout aux enfants des pauvres pour empêcher l’émergence des classes sociales.
4.Que la formation à assurer vise la création d’emplois.
Ce faisant, nous sommes persuadé que l’Église qui est en Afrique pourrait accomplir tel qu’i1 se doit sa mission dans ce milieu où s’invente l’avenir; elle sera ·alors en mesure de garantir à tous les jeunes, les mêmes opportunités et les mêmes chances pour un avenir de justice et de paix

[Texte original: français]

– S. Ém. le Card. Renato Raffaele MARTINO, Président du Conseil Pontifical « Justice et Paix » (CITÉ DU VATICAN)

Dans son discours de clôture à la Conférence de présentation en Afrique du Compendium de la doctrine sociale de l’Église (Dar-es-Salaam, Tanzanie, 27-30 août 2008), le Cardinal Renato Raffaele Martino demandait aux participants d’ appliquer ce document avec discernement aux. différentes réalités socioculturelles de leurs pays, sans attendre que quelqu’un d’autre le fasse pour eux ni à leur place, car il y va de la responsabilité des Églises locales du continent. Il était heureux de constater que celles-ci ont, par de nombreuses initiatives, contribué à la diffusion du Compendium. C’est aux Africains eux-mêmes qu’il revient d’être le seI de la terre et la lumière du monde dans ce beau continent, si différent et si riche.
Les évêques sont encouragés à trouver les formes les mieux adaptées à la diffusion et à l’interprétation correcte de la doctrine sociale, à la traduire et à l’enseigner, y compris dans les langues africaines, en particulier dans les maisons de formation sacerdotale et religieuse, dans la catéchèse, dans les centres et instituts catholiques d’ enseignement supérieur, dans les associations de métiers, notamment auprès des parlementaires, des politiciens et des magistrats catholiques.
L’engagement pour la réconciliation, la justice et la paix et la tâche de transformer les réalités sociales ne peuvent être menés à bien sans l’inspiration de la doctrine sociale de l’Église, qui continue à offrir sa lumière pour baliser les chemins de l ‘homme, de la société et de l’Église au coeur du monde d’aujourd’hui.
Pour favoriser une connaissance approfondie et une meilleure diffusion de cette doctrine, je suggère que soit créé, en Afrique, un Institut supérieur catholique, à vocation continentale et universelle, spécialisé dans l’ enseignement social.

[Texte original: français]

– Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général des Missionnaires d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

J’aimerais développer le thème du Dialogue Interreligieux comme chemin de réconciliation. La carte de notre monde et celle de l’ Afrique en particulier, est parsemée de conflits meurtriers dont certains malheureusement durent depuis trop longtemps. Je pense en particulier à la situation des pays des Grands Lacs mais aussi au Darfour. Ces conflits, presque tous, sans exception, ont une dimension et des éléments religieux.
Le dialogue interreligieux peut prendre comme nous
le savons diverses formes: du dialogue de vie à la rencontre spirituelle. C’est un chemin étroit, parfois rude et périlleux qui demande avant tout une grande confiance dans l’autre. Une confiance qui n’est pas naïveté mais désir de comprendre, de connaître, d’aimer. Il me semble que les fondements du dialogue interreligieux sont avant tout des attitudes spirituelles.
Mais ce dialogue n’est pas réservé aux spécialistes. Il est dans de nombreuses grandes villes africaines, le quotidien de nombreuses familles chrétiennes qui partagent le même toit, la même cuisine que leurs frères et sœurs musulmans. Les responsables de l’Église se doivent d’aider ces chrétiens, de les éclairer et de les inviter à marcher ensemble vers un avenir meilleur. Nous avons tous besoin pour cela de dépasser un certain nombre de préjudices, d’idées toutes faites et de propos alarmistes.
J’aimerais en conclusion faire une proposition concrète. De nombreuses conférences épiscopales, des diocèses, des paroisses ont constitué des commissions Justice et Paix. Plutôt que de créer, d’ajouter une autre commission pour le dialogue interreligieux, je suggérerais qu’à ces commissions Justice et Paix déjà existantes, on adjoigne une ou deux personnes sensibles aux questions interreligieuses qui permettraient d’éclairer, d’expliquer et d’accompagner cette dimension essentielle.

[Texte original: français]

– Mgr Joachim NTAHONDEREYE, Évêque de Muyinga (BURUNDI)

Au Burundi, la double expérience contrastante d’une guerre civile meurtrière et de la tâche combien ardue de restaurer la paix par la réconciliation dans la justice, nous a convaincu de l’exigence de travailler ensemble, au niveau régional et interrégional.
Bien que différente d’un pays à l’autre, l’histoire des conflits sociopolitiques dans notre région présente des constantes communes qui réclament la conjugaison et la coordination des efforts dans la recherche de la réconciliation et de la paix.
Aussi, nous membres de la Conférence des Évêques Catholiques du Burundi, encouragés par l’expérience faite ensemble avec la Conférence épiscopale de Tanzanie depuis 2002 dans la pastorale des réfugiés et des personnes déplacées par la guerre, nous souhaitons proposer ce qui suit :
Que cette assemblée renouvelle encore la recommandation déjà faite par Ecclesia in Africa d' » une solidarité pastorale organique » (EA, 131-135). Aux niveaux régional et interrégional nous devons prendre à cœur le besoin d’un travail en synergie par l’intermédiaire d’organes effectifs d’analyse des situations et de coordination de l’action, ainsi que des mécanismes appropriés de suivi et d’évaluation.
Et pour ce qui concerne la Région des Grands Lacs, nous réitérons à l’endroit de l’ACEAC et de l’AMECEA ainsi qu’aux Conférences Episcopales du Kenya, de l’Ouganda, de la RDC, du Rwanda et de la Tanzanie, notre proposition de tenir prochainement une Conférence Intemationale sur la paix et la réconciliation dans cette région. La Conférence nous donnerait l’occasion de discuter ensemble de la mise en application de cette recommandation et de notre devoir commun d’être le sel et la lumière dans la dynamique de la Conférence permanente amorcée par nos responsables politiques pour la sécurité, le développement, la démocratie et la bonne gouvernance dans la région.

[Texte original: français]

– Mgr Jean-Claude BOUCHARD, O.M.I., Évêque de Pala, Président de la Conférence Épiscopale (TCHAD)

Durant ce synode nous disons et redisons que l’Église-famille de Dieu est le lieu et le sacrement du pardon, de la réconciliation et de la paix, mais comment exerce-t-elle ce ministère? Quel est le lien entre ses diverses interventions au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, et l’exercice du ministère sacramentel lui-même? Et dans la vie des chrétiens et des communautés, quel est le lien entre l’ exercice de ce « ministère de la réconciliation » (2 Co 5,18), dont ils sont aussi les dépositaires comme membres de l’Église, et la célébration en Église du sacrement de la réconciliation pour eux-mêmes ? En d’autres mots: le sacrement, tel que célébré dans nos communautés actuellement, est-il l’aboutissement et la source du ministère de la réconciliation: une Église réconciliée qui est réconciliatrice? Ou plutôt ce sacrement n’est-il pas souvent une sorte de rite, vite expédié, pour se mettre en règle personnellement avec Dieu, loin de ce que dit l’apôtre Paul:  » C’est lui qui nous a rendus capables d’être ministres d’une Alliance nouvelle, non de la lettre mais de l’Esprit; car la lettre tue mais l’Esprit donne la vie  » (2 Co 3,6).
La tenue de ce synode sur l’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, doit être pour nos communautés et nos Églises une occasion de renouveler la façon dont est vécu le sacrement du pardon et de la réconciliation? Faire que ce sacrement soit vécu, individuellement et en communauté, « dans l’Esprit qui donne la vie « .

[Texte original: français]

– Rév. Francesco BARTOLONI, C.PP.S., Modérateur Général des Missionnaires du Précieux-Sang (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

L’Église africaine comprend que la réconciliation est d’abord l’œuvre de Dieu dans le Christ. Dans ce sens, la réconciliation est plus une spiritualité qu’une stratégie, mais elle doit être une spiritualité qui conduise les membres de la famille de Dieu en Afrique à devenir des ambassadeurs du Christ (2 Co, 5, 20) qui crée un espace de vérité, de justice, de guérison et l’avènement d’une nouvelle création (2 Co 5, 17). C’est cette spiritualité qui conduit aussi l’Église, comme les ambassadeurs du Christ, à s’engager dans le dialogue avec la spiritualité des peuples de l’islam et des religions traditionnelles africaines.
Mais l’Afrique n’est pas seulement un lieu de souffrance et d’exploitation; elle est aussi un continent où de nombreux pays expérimentent un développement social et économique rapide. L’Église a une occasion importante d’encourager et de conduire ce développement à travers la formation au bien et la formation de responsables bons et honnêtes qui œuvrent en faveur du bonheur et de la croissance sociale de l’ensemble de la population de leur pays sans distinction de race, de religion ou de statut social. Nous devons encourager les peuples d’Afrique à reconnaître et accepter le fait qu’ils ont, avec l’aide de Dieu, l’habileté de prendre en main leur destin. Ici, l’Église a la possibilité d’être un défenseur de la pertinence et de l’importance continue des dimensions spirituelles de la culture, qui a longtemps occupé une place centrale dans la culture africaine.
L’Église africaine doit témoigner que c’est par le Christ que nous avons été réconciliés et qu’Il nous a légué ce ministère de la réconciliation. Nous ferons cela en témoignant de vivre comme une communauté de foi réconciliée. Il ne peut y avoir d’authentique proclamation de la réconciliation sans cette première étape (53). Le chemin de la réconciliation en Afrique commence lorsque nous reconnaissons notre propre besoin d’être réconciliés en tant qu’Église. Le Corps du Christ qu’est l’Église africaine doit être uni dans l’amour du Christ. Nous devons être le modèle d’unité dans lequel tous les membres du corps désirent partager la souffrance d’un seul, de la même manière qu’ils en partagent la joie (1 Co 14, 26). De cette façon, nous démontrons le pouvoir unifiant des eaux du baptême et du Précieux Sang du Christ et nous sommes capables d’inviter tout le monde à participer au mystère de rédemption du Christ.

[Texte original: anglais]

– Mgr Robert Christopher NDLOVU, Archevêque d’Harare, Président de la Conférence Épiscopale (ZIMBABWE)

Tout le monde dans l’Église quelque soit sa position ou son statut a le devoir et la responsabilité d’être un agent de l’évangélisation et un agent du témoignage chrétien. Cela
vaut également pour les institutions dont nous disposons au sein de l’Église. Les Évêques doivent être des agents prophétiques de la Parole sur notre continent africain troublé. Ils doivent parler pour les opprimés qui crient vers leur Seigneur pour obtenir leur libération. Dans l’accomplissement de leurs charges, ils devraient aussi montrer le bon exemple de la paternité au sein de l’Église-Famille de Dieu et de l’unité de la famille chrétienne. Ils devraient également travailler étroitement avec les prêtres qui sont, après tout, leurs principaux collaborateurs dans la mission d’évangélisation. Un motif de préoccupation, selon moi, est le soutien que certains prêtres ou religieux apportent aux partis politiques. Cela a pour conséquence de diviser les communautés chrétiennes qu’ils servent. Il n’est pas rare non plus d’entendre que certains prêtres ne soutiennent pas les activités de Justice et Paix dans leurs paroisses. Il est par conséquent vital que les candidats au sacerdoce ministériel étudient la Doctrine sociale de l’Église au cours de leurs années de formation. Je pense que l’Église n’a pas suffisamment investi dans ce domaine. Le clergé doit également comprendre constamment le besoin de guérison à tous les niveaux de la souffrance humaine, qu’il s’agisse de conflits familiaux, ethniques ou de traumatismes dus à la guerre.
Les fidèles laïcs sont les mieux placés pour être des agents de réconciliation, de guérison, de justice et de paix dans les communautés. De plus en plus, la formation continue est nécessaire afin de leur permettre d’être des agents mieux équipés. La formation peut être faite par l’intermédiaire des programmes des petites communautés chrétiennes ou d’activités associatives.
Les catholiques en général ont une faiblesse qui est de ne pas s’engager de manière active et positive en politique. Parfois, lorsqu’ils s’engagent activement en politique, ils deviennent des agents de destruction comme nous en avons été témoins récemment dans mon propre pays, le Zimbabwe.
Notre espoir est que ce Synode suggère des voies possibles par lesquelles nous puissions améliorer nos sociétés à travers une réconciliation authentique et la recherche d’une justice et d’une paix durables sur notre bien-aimé continent.

[Texte original: anglais]

– Mgr Evaristus Thatho BITSOANE, Évêque de Qacha’s Nek, Président de la Conférence Épiscopale (LÉSOTHO)

L’Église au Lesotho, comme de nombreuses autres Églises en Afrique, est engagée dans le domaine de la santé, de l’éducation et du service envers les pauvres.
Le Lesotho est pour 50% environ catholique, et l’Église possède la majorité des écoles du pays. En fonction de ce nombre, on pourrait espérer que les principes catholiques puissent prévaloir dans le fonctionnement du pays. Au contraire, les personnes adhèrent à tout ce qui leur permettra d’avoir du pain sur la table, même si cela doit être en opposition avec l’enseignement de l’Église.
Un grand nombre de pays d’Afrique ont signé le Protocole de Maputo, et le Lesotho n’en a pas fait exception. Bien que les services de nos hôpitaux catholiques soient appréciés par beaucoup, nous craignions qu’un grand nombre d’avortements sera pratiqué dans des hôpitaux privés.
Ce dont l’Église du Lesotho a besoin d’une manière urgente, afin de poursuivre son service envers les pauvres, c’est que les Églises Soeurs du monde développé influencent leur gouvernement afin de ne pas imposer des idéologies qui soient étrangères à l’Afrique. Durant cette période de transition jusqu’à son autonomie financière, l’Afrique a encore besoin du soutien de ses Églises Soeurs du monde développé.

[Texte original: anglais]

– Mgr Franklyn NUBUASAH, S.V.D., Évêque titulaire de Pauzera, Vicaire Aostolique de Francistown (BOTSWANA)

Le Botswana est un petit pays stable et démocratique caractérisé par une bonne gouvernance et par l’autorité de la loi. Nous sommes un pays moyennement riche qui attire des personnes provenant d’autres régions d’Afrique. Nous constituons un havre de paix dans la mesure où nous n’avons aucune expérience de guerre ou de conflit dans notre pays. Nous accueillons un bon nombre de réfugiés demandant l’asile. Nous avons la paix parce qu’au sein de notre mécanisme traditionnel appelé kgotla, c’est-à-dire cour de la règle, le dialogue est respecté. Pour nous, la plus grande guerre est faite de mots. L’Église a introduit cette pratique culturelle dans les paroisses afin d’aider à faire et à promouvoir la paix et la compréhension.
Aujourd’hui, il y a une pression concernant nos ressources, notre marché du travail et nos installations sanitaires dûe à l’afflux de personnes en raison de la situation politique et sociale dans la région. Nous sommes préoccupés par la xénophobie qui est la conséquence de la dure crise économique actuelle. L’Église a promu la paix et la fraternité envers les personnes. Les minorités n’ont pas besoin d’utiliser la violence pour faire connaître leurs problèmes.
Le Sida est un défi pour les pays du sud de l’Afrique. Le Botswana travaille dur par le biais de l’éducation afin de prévenir de nouvelles infections. Le traitement est disponible pour les citoyens, mais malheureusement il ne l’est pas pour les réfugiés ni pour les étrangers qui vivent dans le pays. Le Sida a ravagé les fondations de la société du Botswana. Il peut être potentiellement employé comme arme de guerre et de conflit. Comment pardonner quelqu’un qui vous a infecté volontairement avec le virus mortel?
L’Église catholique existe au Botswana depuis seulement environ 81 ans et 4% de sa population appartient à l’Église. Nos institutions scolaires ont contribué à l’éducation et à la formation des responsables du pays, contribuant ainsi à faire prévaloir une culture de la paix.
L’Église œuvre aussi de manière œcuménique avec le Conseil mondial des Églises et d’autres Ong afin de soulager la douleur et de promouvoir la fraternité, en éliminant ainsi le besoin de combattre pour des ressources limitées. Nous cherchons à être le sel qui préserve la paix en étant fidèles à nos pratiques culturelles qui promeuvent la paix. L’Église en Afrique peut apprendre des expériences du Botswana en matière de promotion de la paix.

[Texte original: anglais]

– Rév. P. Jacob BEYA KADUMBU, C.I., Vicaire Général des Joséphites de Belgique (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

Le premier synode africain avait défini les communautés ecclésiales vivantes comme une priorité pastorale des Églises d’Afrique. De ce fait, l’Église en Afrique ne peut pas relever les défis de la réconciliation, de la justice et de la paix, en ignorant l’expérience et l’apport de ces petites communautés.
Elles sont des lieux de prévention et de résolution des conflits, des lieux où le mystère du Christ se révèle et devient réalité connue, crue et vécue. Dans ces communautés, règnent la gratuité, la solidarité, un sort commun; chacun y est motivé à construire la Famille de Dieu, famille entièrement ouverte sur le monde, et qui n’exclut absolument personne.
Malheureusement, cette approche est loin d’être la réalité. En témoignent certains massacres et pillages en Afrique, où sont impliqués quelques membres des CEV. La sincérité de leur fraternité et de leur solidarité est remise en question. Il devient donc nécessaire et urgent que la fraternité humaine des CEV cesse de se fonder sur le sang pour se greffer sur la foi en Jésus-Christ.
En dehors du sacrement de la réconciliation, instrument privilégié de la réconciliation avec Dieu, avec soi-même et avec les autres, les CEV vivent d’autres expériences de réconciliation, comme la palabre, que l’on ne peut pas sous-estimer.
En définitive, les CEV demeurent les lieux de célébration et de vie des vertus théologales.

[Texte original: français]

– Mgr Cyprian Kizito LWANGA, Archevêque de Kampala (OUGANDA)
< br>Afin de réaliser une vision de la Caritas Africa, qui doit avoir la vie surabondante (Jn 10, 10), nous considérons que notre mission est de rendre témoignage à l’amour de Dieu (Ac 1, 8) en travaillant pour le développement intégral de l’être humain avec une attention prioritaire envers les pauvres et les indigents. L’Afrique est confrontée quotidiennement à d’importants défis et de grandes parties des populations de nombreux pays d’Afrique souffrent à cause de conflits, de troubles sociaux, de guerres, tout comme de catastrophes naturelles et de calamités, telles que la sécheresse, les inondations et les cyclones. Les maladies, y compris le Sida, la malaria et d’autres encore, moins connues, causent également un grand nombre de difficultés aux personnes et aux familles.
Dans chaque pays, la Caritas est présente pour s’occuper de ces différents problèmes et porter secours aux membres les plus vulnérables de la société. Le rôle de la Caritas cependant n’est pas seulement d’intervenir dans des situations d’urgence et de fournir de l’aide. Son rôle va bien au-delà de ce stade. Elle est appelée à contribuer au développement intégral des personnes. Cette mission conjointe de la Caritas est souvent mal comprise, mais elle est bien appliquée en Afrique.
Un rapide coup d’œil au travail réalisé par les organisations Caritas en Afrique montre clairement le large spectre de toutes les activités qui ont lieu dans chacun des pays et dans leur ensemble. L’autonomisation des communautés, l’éducation et la formation en vue du développement de zones rurales, les soins sanitaires, la gestion de l’environnement, la capacité de soutenir le développement, la formation à la gestion de compétences vitales, la formation à la gouvernance, et l’assistance psychosociale sont quelques-unes des activités qui sont communes à de nombreuses organisations Caritas en Afrique. À ce titre, elles contribuent pleinement à la réconciliation et au renforcement de la justice sociale dans leurs pays respectifs.
Le travail de beaucoup d’organisations Caritas nationales en Afrique bénéficie du soutien de Caritas partenaires de pays développés d’autres régions du monde. Ce partenariat très efficace est hautement recommandable. En tant que confédération, nous partageons des valeurs et des principes communs, nous respectons la dignité des êtres humains, nous croyons à la solidarité et au partage, nous sommes dédiés au service et sommes convaincus que la subsidiarité est la clef d’une coopération harmonieuse entre partenaires.

[Texte original: anglais]

– Mgr Jorge Enrique JIMÉNEZ CARVAJAL, C.I.M., Archevêque de Cartagena en Colombie (COLOMBIE)

Des milliers et milliers d’êtres humaines de race noire arrivèrent en Amérique pour y être vendus aux enchères et être ainsi condamnés à travailler jusqu’à leur mort.
Carthagène eut le malheur d’être l’un des principaux ports de cet infâme commerce, mais eut la chance en revanche d’accueillir le grand témoignage de sainteté du jésuite Pedro Claver, apôtre des esclaves, dont le corps repose dans notre cathédrale. Il vécut pour les protéger, les conduire à la foi et leur enseigner l’amour envers Dieu et l’amour de Dieu, amour qui, sans doute, les aida à survivre et qui, aujourd’hui, leur permet de s’exprimer à partir de la perspective de la foi chrétienne.
Pedro Claver attendait les « navires négriers » dans une optique différente de celle de ceux qui traitaient avec eux. Pour ces commerçants, il s’agissait de l’arrivée d' »esclaves pour le travail » alors que, pour l’apôtre, ils étaient des « fils de Dieu » qui demandaient à connaître toute la vérité de l’Évangile. Le Noir grandit donc dans la foi et la vit, mais se demande pourquoi son compagnon, qui professe la même foi, fait usage du fouet et il ne trouve pas de réponse.
Tout ce chapitre de « l’Histoire universelle de l’Infamie » ainsi que l’appelait Sábato, s’écrivit quinze siècles après la venue de notre Seigneur Jésus et fait partie d’une obscurité que nous devons laisser derrière nous pour atteindre des niveaux de dignité plus élevés dans un monde « faussement globalisé ». L’Afrique est la « Grande Patrie » de toutes nos négritudes, du Canada jusqu’à la Terre de Feu, y compris la merveilleuse présence de cette race aux Antilles et aux Caraïbes.
Combien de choses qui ont fait de l’Amérique un grand continent, ont été possibles seulement grâce à la contribution des noirs, héritiers de tant de richesses encore inconnues aujourd’hui, héritiers d’une grande abondance de symboles qui, avec le temps, auraient enrichi le message chrétien, héritiers de la même joie avec laquelle leurs ancêtres embrassèrent la foi, même si la vie était dure avec eux. L’histoire de l’Afrique en Amérique n’est une histoire d’hier, c’est un aujourd’hui vivant!
C’est pourquoi, je crois que ce Synode doit proférer une parole en faveur des « Négritudes » américaines (j’espère que vous aurez remarqué que j’utilise le mot « américain » en me référant à toute l’Amérique, celle du nord, celle du centre, celle des Antilles, celle des Caraïbes et celle du sud). Une grande partie de leur cœur est encore vivante et continuera à vivre en Afrique et dès lors ils percevront et vivront comme leur ce qui a lieu sur ce continent.

[Texte original: espagnol]

– Mgr Velasio DE PAOLIS, Archevêque titulaire de Telepte, Président de la Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège (CITÉ DU VATICAN)

Le thème de la paix occupe une place fondamentale dans la réflexion de cette assemblée. Elle est dans le titre et parcourt également tout le texte de l’Instrumentum laboris tout comme celui de la Relatio ante disceptationem.
La vie chrétienne est enracinée dans l’amour chrétien que Jésus présente comme signe de sa présence en ses disciples (cf. 13, 25). Mais la réalisation du témoignage de l’amour passe nécessairement par le témoignage de la justice.Le concept rigoureux de justice qui appartient à l’antiquité et a été élaboré et perfectionné par la tradition chrétienne comme vertu qui donne à chacun ce qui lui revient, fait partie du patrimoine chrétien car la dignité de la personne humaine resplendit de lumière dans la foi chrétienne, avec la série de droits et de devoirs qui en sont le prolongement. Ainsi, la justice tout en étant route et voie de l’amour et donc ouverte à la gratuité et à l’amour, conserve son rôle spécifique ainsi que le souligne le Saint-Père Benoît XVI dans l’Encyclique « Caritas in veritate » n. 6.
La justice doit être traduite dans la pratique; et c’est même la pratique qui constitue la vérification de la doctrine que l’on énonce. Il serait vain de proclamer les droits s’ils n’étaient pas protégés par des moyens adéquats. La justice s’instaure avec une administration droite de la justice qui garantit à l’intérieur de la communauté le suum à chaque fidèle. Cela présuppose l’existence et le droit usage de moyens adaptés, le respect des lois de l’Église à travers les organismes compétents, et tout particulièrement les tribunaux prévus par la législation canonique. La justice est garantie lorsque tous se soumettent à la même loi de l’Église et que les droits de tous sont respectés. Il faut surtout que l’exercice de l’autorité soit vraiment évangélique, comme service rendu aux personnes selon l’enseignement de Jésus et à son exemple. Comme les disciples se reconnaissent à la pratique de l’amour évangélique, de même l’exercice de l’autorité de manière évangélique se reconnaît par le fait qu’il est à l’image du Fils de l’homme qui est venu non pour être servi, mais pour servir et pour faire le don de sa propre vie.

[Texte original: italien]

– Mgr Joseph Mukasa ZUZA, Évêque de Mzuzu (MALAWI)

En promouvant la réconciliation, la justice et la paix, l’Église catholique a besoin de travailler ensemble avec les autres Églises chrétiennes et avec les Musulmans. Au Malawi, l’Église catholique offre de
s services dans le domaine de la santé, de l’éducation, du développement et pour une bonne gouvernance à travers les organismes oecuméniques et interreligieux suivants:
– Commission des Affaires publiques (PAC) pour l’éducation civique, les questions légales, le constitutionnalisme et la bonne gouvernance.
– Commission des Services chrétiens (CSC) pour le développement.
– Association chrétienne pour la Santé de Malawi (CHAM) – coordonne et informe les Églises sur les services médicaux.
– Association des Éducateurs chrétiens au Malawi (ACEM) – coordonne les Églises sur les activités d’éducation.
– Association interreligieuse du Malawi sur le Sida (MIAA) – coordonne et facilite les communautés de foi en ce qui concerne le VIH/Sida.
– Centre de Conseil œcuménique (ECC) forme et conseille les personnes spécialement en ce qui concerne le VIH/Sida.
Alors que nous sommes reconnaissants de travailler ensemble avec tous les autres organismes œcuméniques et interreligieux, il existe encore des manques de confiance et un peu de mauvaise volonté. C’est un défi, mais nous continuons à œuvrer tous ensemble pour le bien de notre peuple et de notre nation, le Malawi, le coeur chaleureux de l’Afrique.

[Texte original: anglais]

AUDITION DES DÉLÉGUÉS FRATERNELS (I)

Ensuite, est intervenu le Délégué fraternel suivant:

– Sa Grace Bernhard NTAHOTURI, Archêveque de la Province de la Église Anglicane de Burundi (BURUNDI)

Nous publions, ci-dessous, le résumé de l’intervention du Délégué fraternel:

– Sa Grace Bernhard NTAHOTURI, Archêveque de la Province de la Église Anglicane de Burundi (BURUNDI)

Le thème choisit pour ce Synode est un sujet pertinent pour l’Afrique d’aujourd’hui. Et par ces assises, l’Église (catholique) rend manifeste les enjeux de son travail pastoral pour la société africaine. L’Église invite tous ses membres et autres chrétiens, ainsi que les autres croyants et personnes de bonne volonté; à une dynamique qui va à la révélation d’un Dieu créateur et sauveur de l’humanité, un Dieu d’amour et source de vie, pour transformer les situations ou l’Africain est appelé à vivre.
Quand on regarde autour de nous, dans l’Afrique profonde, on observe plusieurs situations préoccupantes, telles que la détérioration généralisée de la qualité de vie, l’insuffisance des moyens pour l’éducation des jeunes, la carence de services sanitaires et sociaux élémentaires, entraînant la persistance de maladies endémiques, l’épidémie terrible du Sida, l’horreur des guerres fratricides alimentées par un trafic d’armes sans scrupules, les spectacles honteux et pitoyable des réfugiés et personnes déplacées, etc.
L’Afrique est en mouvement de croissance, elle n’est pas dans en état statique. L’Afrique bouge dans toutes les dimensions: politique, économique, sociale et culturelle, et surtout spirituelle. L’Afrique et un continent d’opportunités. L’Église-Famille de Dieu en Afrique doit être marquée par le sens profond d’une fraternité qui va au-delà des limites de sa propre famille, de sa propre tribu ou ethnie, par la vie sacrée qu’elle reçoit du Christ, plénitude de la vie. Puisque il est vivant, nous vivrons, et les membres de la famille œcuménique répondront présents au rendez-vous de la fraternité.

[Texte original: français]

Enfin, sont intervenus les Auditeurs et Auditrices suivants:

– Soeur Felicia HARRY, N.S.A. (O.L.A.), Supérieure Générale des Soeurs de Notre-Dame des Apôtres (GHANA)
– Rév. P. Seán O’LEARY, M.Afr., Directeur l’Institut « Denis Hurley Peace » (AFRIQUE DU SUD)
– Soeur Pauline ODIA BUKASA, F.M.S., Supérieure Général des Soeurs « Ba-Maria », Buta Uele (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– Soeur Geneviève UWAMARIYA, Soeur de Sainte Marie de Namur (RWANDA)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions des Auditeurs et Auditrices:

– Soeur Felicia HARRY, N.S.A. (O.L.A.), Supérieure Générale des Soeurs de Notre-Dame des Apôtres (GHANA)

La collaboration est ici le mot-clef, dans cette recherche de l’Église pour la réconciliation, la paix et la justice aujourd’hui en Afrique. En tant que religieuses d’Afrique, nous voudrions voir plus de collaboration avec les autorités de l’Église dans notre effort collégial visant à apporter le message du Christ à notre peuple. Une collaboration non seulement lorsque les décisions déjà prises doivent être appliquées, mais qui nous permette de participer au processus décisionnel, en amenant notre « génie » féminin fait de gentillesse, de tendresse et d’ouverture à l’écoute de la Parole et au service des autres (cf. n. 114 Instrumentum laboris) à poursuivre dans la vie réelle des paroisses dans lesquelles nous travaillons. En plus d’enseigner le catéchisme aux enfants, de décorer les églises paroissiales, de nettoyer, de raccommoder et de confectionner les soutanes, nous, religieuses d’Afrique, voudrions participer aux différents conseils paroissiaux. Nous ne voulons pas demeurer à la périphérie du corps principal de la paroisse, nous voulons être une partie intégrante de ce corps. Nous ne voulons pas nous emparer de la responsabilité du curé, nous voulons simplement être des partenaires égaux dans la vigne du Seigneur; nous voulons prendre part à la responsabilité de l’Église d’assurer la réconciliation, la paix et la justice sur notre continent.
Le proverbe selon lequel la charité bien ordonnée commence par soi-même n’est pas déplacé dans ce contexte. Si notre Église en Afrique espère la réconciliation, la paix et la justice sur notre continent, nous devons commencer de l’intérieur. Comment peut-on faciliter ce processus?
Quelques suggestions:
– Aucun groupe ne devrait s’estimer supérieur au point de dominer
– Il devrait y avoir un changement de mentalité face aux femmes et spécialement aux religieuses dans notre Église d’Afrique
– Il devrait y avoir une conversion du cœur de tous.

[Texte original: anglais]

– Rév. P. Seán O’LEARY, M.Afr., Directeur l’Institut « Denis Hurley Peace » (AFRIQUE DU SUD)

L’Institut pour la paix Denis Hurley (DHPI) a été créé par la Conférence des Évêques catholiques d’Afrique du Sud (SACBC) afin de partager avec d’autres l’histoire tragique du passé de l’Afrique du Sud, un passé fondé sur un racisme institutionnalisé; le miracle de la transition qui a conduit à l’aube d’une vraie démocratie et les défis ardus de la construction, de la reconstruction et de la réconciliation, qui est au cœur même de l’activité de l’Église en Afrique du Sud aujourd’hui.
L’expérience nous a montré que le fort impact que l’Église catholique a sur le continent est rarement ressenti en situations de conflit. Les tentatives d’intervention de l’Église dans les conflits restent fragmentées. Nous devons soutenir davantage les Évêques et les diocèses se trouvant au moment culminant du conflit. Dans cette salle, nous avons une richesse d’expériences de personnes provenant de zones de conflit qui ont gardé les cœurs de leurs peuples vivants avec espoir, pendant de longues années, malgré des situations proches du désespoir. Ils sont nos héros méconnus!
La suggestion que fait la Conférence des Évêques catholiques d’Afrique du Sud est d’identifier des personnes-clefs (évêques, clergé, religieux et laïcs) qui seraient formés pour intervenir en matière de contrôle de la paix, de négociations de paix et de soutien aux structures de paix fragiles. Au début de tout conflit voire de tout potentiel conflit, deux ou trois de ces personnes formées seraient invitées à intervenir dans le pays en question, tout d’abord pour soutenir l’Église locale sur le terrain. L’idée serait de toujours soutenir l’Église locale.
Ceci pourrait devenir notre propre groupe de « Paix des anciens » et être établi comme une conséquence directe de cette auguste Assemblée.Sans vouloir donner plus de travail au Conseil .pontifical Justice et Paix, je
le considère cependant comme l’autorité la plus compétente dans l’Église pour organiser une telle initiative.

[Texte original: anglais]

– Soeur Pauline ODIA BUKASA, F.M.S., Supérieure Général des Soeurs « Ba-Maria », Buta Uele (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

La femme est marginalisée à tous les niveaux. Elle est presque exclue du processus global du développement du continent. Elle est victime des us et coutumes ancestrales et c’est elle qui, actuellement, porte le poids de tous les conflits armés qui déchirent l’Afrique et principalement la R.D. Congo. En ce moment où l’Église en Afrique s’engage à travailler pour la réconciliation de ses fils et filles, la femme ne peut plus être ignorée. Elle y a un grand rôle à jouer. De nos jours, le dynamisme et la détermination des femmes à pourvoir à la survie de leurs foyers, à l’entretien et à l’éducation de leurs enfants est une ressource à capitaliser pour sa pleine implication dans le processus de la réconciliation en vue de la paix véritable.
Tout en reconnaissant les efforts que vous déployez déjà en faveur de la dignité de la femme, nous, vos mamans et femmes consacrées, vous demandons à vous nos Pères les Évêques dans cette Église-Famille de: Promouvoir la dignité de la femme en lui assurant des espaces nécessaires pour le déploiement de ses talents dans les structures ecclésiales et sociales; Promouvoir les associations ou les ONGD féminines qui luttent déjà pour la promotion de la femme à travers l’alphabétisation et l’éducation; Reprendre et créer des écoles par l’Église catholique pour assurer à la jeunesse une éducation aux valeurs chrétiennes, africaines et humaines susceptibles de consolider la structure familiale; Dénoncer toutes les violations faites aux femmes, aux enfants et tout un peuple et dire tout haut aux auteurs de cette tragédie, tant au niveau national qu’international, la grave responsabilité qui est la leur devant Dieu et devant l’histoire. Et que justice soit faite.

[Texte original: français]

– Soeur Geneviève UWAMARIYA, Soeur de Sainte Marie de Namur (RWANDA)

Je vais vous partager mon expérience de réconciliation avec les prisonniers présumés génocidaires. Je vous ferai part également, des fruits de mon témoignage auprès d’ eux et de leurs victimes rescapées
Je suis une rescapée du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994.
Une grande partie de ma famille a été massacrée dans notre église paroissiale. La vue de cet édifice me remplissait d’horreur et de révolte, tout comme la rencontre avec des prisonniers m’emplissait de dégoût et de rage.
C’est dans cet état d’âme que m’arriva un évènement qui a changé ma vie et mes relations.
Le 27/08/1997 à 13 h un groupe de l’association catholique des » Dames de la Miséricorde divine » m’entraîna deux prisons de la région de Kibuye, ma ville natale. Elles venaient préparer les prisonniers au Jubilé de 2000. Elles disaient: « si tu as tué, tu t’engages à demander pardon à la victime rescapée, comme cela tu l’aides à se libérer du poids de la vengeance, de la haine et de la rancune.
Si tu es victime, tu t’engages à offrir ton pardon à celui qui t’a fait du tort et ainsi tu l’ aides à se libérer du poids de son crime et du mal qui l ‘habite.
Ce message eut un effet inattendu pour moi et en moi …
Après cela, un des prisonniers se leva en larmes, tomba à mes genoux en suppliant à haute voix: « miséricorde ». Je fus pétrifiée en reconnaissant l’ami de la famille qui avait grandi et tout partagé avec nous.
Il m’avoua avoir tué lui-même mon papa et me donna les détails sur la mort des miens.
Un sentiment de pitié et de compassion m’envahit: je le relevai, l’embrassai et lui dis dans les sanglots :  » tu es et tu restes mon frère  »
Je sentis alors un gros poids tomber. .. Je retrouvai la paix intérieure et je dis merci à celui que je tenais encore dans mes bras.
À ma grande surprise, je l’entendis crier: « la justice peut faire son travail et me condamner à mort, maintenant, je suis libéré ! …
Moi aussi je voulais crier à qui voulait m’entendre: « Viens voir ce qui m’a libérée, tu peux toi aussi retrouver la paix intérieure ».
À partir de ce moment, ma mission fut de parcourir des kilomètres pour porter le courrier des prisonniers demandant pardon aux rescapés. Ainsi 500 lettres ont été distribuées; et je rapportais le courrier de réponses des rescapés aux prisonniers redevenus mes amis et mes frères … Cela a permis des rencontres entre bourreaux et victimes. Des gestes concrets ont été nombreux pour marquer la réconciliation.
– Un village pour veuves et orphelins du génocide fut construit par les prisonniers
-.Ainsi que le mémorial devant l’ église de Kibuye
– Des associations des ex-prisonniers avec les rescapés sont nées, dans différentes paroisses et fonctionnent très bien.
De cette expérience, je déduis que la réconciliation n’est pas tellement vouloir ramener ensemble deux personnes ou deux groupes en conflit. Il s’agit plutôt de rétablir chacun dans l’amour et de laisser advenir la guérison intérieure qui permet la libération mutuelle.
Et c’est ici l’ importance de l’ Église dans nos pays puisqu’ elle a pour mission d’offrir La Parole: Une parole qui guérit, libère et réconcilie.

[Texte original: français]
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ZENIT Staff

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