ROME, Mardi 6 octobre 2009 (ZENIT.org) – « Mon intervention est au sujet des relations avec l’islam en Afrique », a annoncé, mardi matin, au synode, Mgr Maroun Elias Lahham, évêque de Tunis (Tunisie), qui souligne une certaine lacune de l’instrument de travail sous cet angle.
Il propose d’une part que le synode pour le Moyen Orient prévu pour octobre 2010 « comprenne aussi les diocèses de l’Afrique du Nord, surtout en ce qui concerne les minorités chrétiennes et les rapports et le dialogue avec l’islam », et d’autre part un « colloque sur l’islam en Afrique » et qui tienne compte « de la variété des expériences africaines, de Tunis jusqu’à Johannesburg ».
L’exception maghrébine
Pour l’évêque de Tunis, le premier point à noter est que « l’Instrumentum laboris » parle de l’islam dans un seul paragraphe (102), en des termes génériques et qui touchent l’islam en Afrique subsaharienne. Or, la très grande majorité des musulmans africains vit en Afrique du Nord, zone géographique totalement absente dans l’Instrumentum laboris. Un autre point est que près de 80% des 350 millions d’arabes musulmans vivent dans les pays de l’Afrique du Nord ».
Pour l’archevêque, « les rapports islamo-chrétiens en Afrique du Nord sont différents de ceux de l’Europe et de l’Afrique subsaharienne, et même des pays arabes du Moyen Orient ».
« La spécificité des relations islamo-chrétiennes dans les Églises de l’Afrique du Nord peut enrichir les expériences de dialogue vécues ailleurs (en Europe ou en Afrique subsaharienne) et désamorcer les réactions de peur et de refus de l’islam qu’on commence à ressentir dans certains pays. Nous savons tous que la peur est une mauvaise conseillère » a fait observer l’évêque.
Il diagnostique six spécificités de l’expérience des Églises de l’Afrique du Nord :
Premièrement, c’est, fait-il observer, une « Église de la rencontre », « même si elle n’a pas toute la liberté qu’elle souhaiterait, elle n’est pas persécutée ».
Ensuite, c’est « une Église qui vit dans des pays musulmans à presque 100%, et où l’écrasante majorité de ses fidèles est composée d’étrangers qui ne restent, pour la plupart, que quelques années ».
Engagement social
Troisième spécificité : « c’est une Église qui, depuis l’indépendance des pays de l’Afrique du Nord, s’est fortement engagée dans le service humain, social, culturel et éducatif des pays qui l’accueillent ».
Quatrième caractéristique : « c’est une Église qui jouit d’une marge assez large de liberté pour l’exercice du culte chrétien pour les milliers de ses fidèles, en Tunisie par exemple ».
Mouvement de pensée critique
Cinquième point, l’archevêque souligne l’importance du travail de la raison dans cet islam maghrébin : « C’est une Église qui vit dans des pays musulmans où il y a un début de mouvement de pensée critique à l’égard d’un islam rigoriste et fanatique. Il y a même une école « maghrébine » d’étude rationnelle des textes et des traditions musulmanes ».
Sixième point : « La collaboration de l’Église est souvent sollicitée dans cette nouvelle manière de penser et de vivre l’islam. Cette sollicitation est demandée à des prêtres ou des évêques qui ont passé plusieurs années dans les pays du Maghreb, et elle s’est accrue depuis la nomination d’évêques arabes dans certains sièges épiscopaux ».