ROME, Lundi 17 Août 2009 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte de l'homélie que le pape Benoît XVI a prononcée le 15 août, solennité de l'Assomption, au cours de la messe qu'il a présidée dans la paroisse « San Tommaso da Villanova », à Castel Gandolfo.

 

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Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,

chers frères et sœurs,

La solennité d'aujourd'hui couronne le cycle des grandes célébrations liturgiques au cours desquelles nous sommes appelés à contempler la rôle de la bienheureuse Vierge Marie dans l'Histoire du salut. En effet, l'Immaculée Conception, l'Annonciation, la Maternité divine et l'Assomption sont des étapes fondamentales, intimement liées entre elles, à travers lesquelles l'Eglise exalte et chante le destin glorieux de la Mère de Dieu, mais dans lesquelles nous pouvons également lire notre histoire. Le mystère de la conception de Marie rappelle la première page de l'histoire humaine, en nous indiquant que, dans le dessein divin de la création, l'homme aurait dû posséder la pureté et la beauté de l'Immaculée. Ce dessein, compromis mais non détruit par le péché, à travers l'incarnation du Fils de Dieu, annoncée et réalisée en Marie, a été recomposé et restitué à la libre acceptation de l'homme dans la foi. Enfin, dans l'Assomption de Marie nous contemplons ce que nous sommes appelés à atteindre à la suite du Christ Seigneur et dans l'obéissance à sa Parole, au terme de notre chemin sur la terre.

La dernière étape du pèlerinage terrestre de la Mère de Dieu nous invite à considérer la façon dont Elle a parcouru son chemin vers l'objectif de l'éternité glorieuse.

Dans le passage de l'Evangile qui vient d'être proclamé, saint Luc raconte que Marie, après l'annonce de l'Ange, « se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée » pour rendre visite à Elisabeth (Lc 1, 39). En disant cela, l'évangéliste veut souligner que pour Marie, suivre sa vocation, de manière docile à l'Esprit de Dieu, qui a opéré en Elle l'incarnation du Verbe, signifie parcourir une nouvelle route et entreprendre rapidement un chemin en dehors de sa propre maison, en se laissant conduire uniquement par Dieu. Saint Ambroise, en commentant la « hâte » de Marie, affirme : « la grâce de l'Esprit Saint ne comporte pas de lenteurs » (Expos. Evang. sec ; Lucam, ii, 19 : pl 15, 1560). La vie de la Vierge est conduite par un Autre - « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc 1, 38) -, elle est modelée par l'Esprit Saint, elle est marquée par des événements et des rencontres, comme celle avec Elisabeth, mais surtout par la relation très particulière avec son Fils Jésus. C'est un chemin sur lequel Marie, conservant et méditant dans son cœur les événements de son existence, aperçoit en eux de manière toujours plus profonde le dessein mystérieux de Dieu le Père, pour le salut du monde.En suivant ensuite Jésus, de Bethléem à l'exil en Egypte, lors de sa vie cachée et de sa vie publique, jusqu'au pied de la Croix, Marie vit son ascension constante vers Dieu dans l'esprit du Magnificat, en adhérant pleinement, même dans les moments d'obscurité et de souffrance, au projet d'amour de Dieu et en nourrissant dans son cœur l'abandon total entre les mains du Seigneur, si bien qu'elle est un paradigme pour la foi de l'Eglise (cf. Lumen gentium, n. 64-65).

Toute la vie est une ascension, toute la vie est méditation, obéissance, confiance et espérance, même dans les ténèbres ; et toute la vie est cette « sainte hâte », qui sait que Dieu est toujours la priorité et que rien d'autre ne doit créer de hâte dans notre existence.

Enfin, l'Assomption nous rappelle que la vie de Marie, comme celle de chaque chrétien, est un chemin d'imitation, à la suite de Jésus, un chemin qui a un objectif bien précis, un avenir déjà tracé : la victoire définitive sur le péché et sur la mort et la pleine communion avec Dieu, car - comme le dit Paul dans la Lettre aux Ephésiens - le Père « nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2, 6). Cela veut dire qu'avec le Baptême nous sommes fondamentalement déjà ressuscités et que nous siégeons dans les cieux en Jésus Christ, mais que nous devons corporellement rejoindre ce qu'il a commencé et réalisé dans le Baptême. En nous, l'union avec le Christ, la résurrection, est inachevée, mais pour la Vierge Marie elle est accomplie, malgré le chemin que la Vierge a dû elle aussi accomplir. Elle est entrée dans la plénitude de l'union avec Dieu, avec son Fils, et elle nous attire et nous accompagne sur notre chemin.

Alors, en Marie élevée au ciel, nous contemplons celle qui, par un singulier privilège, participe corps et âme à la victoire définitive du Christ sur la mort.

« Ayant accompli le cours de sa vie terrestre, elle fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Ap 19, 16), victorieux du péché et de la mort » (Lumen gentium, n. 59). Dans la Vierge élevée au ciel nous contemplons le couronnement de sa foi, de ce chemin de foi qu'Elle indique à l'Eglise et à chacun de nous : Celle qui a recueilli la Parole de Dieu à chaque instant est élevée au ciel, c'est-à-dire qu'Elle est elle-même accueillie par le Fils, dans cette « demeure » qu'il nous a préparée avec sa mort et sa résurrection (cf. Jn 14, 2-3).

La vie de l'homme sur la terre - comme nous l'a rappelé la première lecture - est un chemin qui se déroule, constamment, dans la tension de la lutte entre le dragon et la femme, entre le bien et le mal. Telle est la situation de l'histoire humaine : elle est comme un voyage sur une mer souvent tempétueuse ; Marie est l'étoile, qui nous guide vers son Fils Jésus, soleil qui est né au dessus des ténèbres de l'histoire (cf. Spe salvi, 49) et elle nous donne l'espérance dont nous avons besoin : l'espérance que nous pouvons vaincre, que Dieu a vaincu et que, avec le Baptême, nous sommes entrés dans cette victoire. Nous ne succombons pas définitivement : Dieu nous aide, nous guide. Telle est l'espérance : cette présence du Seigneur en nous, qui devient visible en Marie élevée au ciel. « En Elle (...) - lirons-nous dans quelques instants dans la Préface de cette solennité - tu as fait resplendir pour ton peuple en pèlerinage sur la terre, un signe de réconfort et d'espérance certaine ».

Avec saint Bernard, poète mystique de la Sainte Vierge, nous l'invoquons ainsi : « Nous te prions, ô bénie, par la grâce que tu as trouvée, par ces prérogatives que tu as méritées, par la Miséricorde que tu as fait naître, fais que celui qui pour toi a daigné participer à notre misère et à notre infirmité, grâce à ta prière, nous fasse participer à ses grâces, à sa béatitude et à sa gloire éternelle, Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni pour les siècles des siècles. Amen » (Sermo 2 de Adventu, 5 : PL 183, 43).

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice du Vatican
Traduction : Zenit


Angélus du 15 août, Assomption de la Vierge Marie

ROME, Lundi 17 Août 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les paroles que Benoît XVI a prononcées à l’Angélus, depuis sa résidence d’été de Castel Gandolfo, à l’occasion de la solennité de l’Assomption de Marie, le 15 août.

AVANT L’ANGELUS

Chers frères et sœurs,

Au cœur du mois d’août, temps de vacances pour beaucoup de familles et pour moi aussi, l’Eglise célèbre la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. C’est une occasion privilégiée pour méditer sur le sens dernier de notre existence, aidés par la liturgie d’aujourd’hui qui nous invite à vivre dans ce monde tournés vers les biens éternels, pour partager la même gloire que Marie, la même joie que notre Mère. Tournons donc le regard vers Notre-Dame, étoile de l’espérance, qui éclaire notre chemin terrestre, en suivant l’exemple des saints et des saintes qui ont eu recours à elle en toute circonstance. Vous savez que nous célébrons l’Année Sacerdotale en mémoire du saint Curé d’Ars, et je voudrais puiser dans les pensées et les témoignages de ce saint curé de campagne quelques réflexions qui peuvent tous nous aider, spécialement nous, les prêtres, à raviver notre amour et notre vénération pour la Vierge Très Sainte.

Les biographes attestent que saint Jean-Marie Vianney parlait de la Vierge avec dévotion, et en même temps avec familiarité et spontanéité. « La Sainte Vierge – avait-il coutume de répéter – est sans tache, ornée de toutes les vertus qui la rendent si belle et agréable à la Sainte Trinité » (B. Nodet, Le curé d’Ars : sa pensée, son cœur). Et encore : « Le cœur de cette bonne Mère n’est qu’amour et miséricorde, elle ne désire que nous voir heureux. Il suffit seulement de se tourner vers elle pour être exaucé » (ibid., 307). Le zèle du prêtre transparaît dans ces expressions. Animé du souffle apostolique, il se réjouit de parler de Marie aux fidèles, et il ne se fatigue jamais de le faire. Même pour un mystère difficile comme celui de l’Assomption, il savait le présenter par des images efficaces comme celle-ci : : « L’homme était créé pour le ciel. Le démon a brisé l’échelle qui nous y menait. Notre Seigneur, par sa Passion, nous en a formé une autre… La Sainte Vierge est en haut de l’échelle et la tient à deux mains » (ibid.).

Le saint Curé d’Ars était surtout attiré par la beauté de Marie, beauté qui coïncide avec le fait d’être l’Immaculée, seule créature conçue sans l’ombre d’un péché. « La Sainte Vierge – affirmait-il – est cette belle créature qui n’a jamais dégoûté le bon Dieu » (ibid., 306). Quel exemple de bon et fidèle pasteur donna-t-il avant tout, même dans cet amour filial pour la Mère de Jésus, grâce auquel il se sentait attiré vers le ciel. « Si je n’allais pas au ciel – s’exclamait-il – comme je serais peiné ! Je ne verrais jamais la Sainte Vierge, cette créature si belle ! » (ibid., 309). Il consacra donc plusieurs fois sa paroisse à la Vierge, recommandant particulièrement aux mamans de faire la même chose chaque matin avec leurs enfants. Chers frères et sœurs, faisons nôtres les sentiments du saint Curé d’Ars. Et avec la même foi, tournons nous vers Marie montée au Ciel, lui confiant de manière particulière les prêtres du monde entier.

APRES L’ANGELUS

A l’issue de la prière de l’Angélus, le pape a salué les fidèles en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :

En ce jour de l’Assomption, j’accueille avec joie les pèlerins de langue française venus à Castel Gangolfo pour la prière de l’Angélus. Au cœur de ce mois d’août, qui pour beaucoup est un temps de repos, l’Église nous donne de célébrer la gloire sans pareille de la Vierge Marie. Humble servante du Seigneur elle a été associée dans son corps à la résurrection de son fils Jésus, devenant pour toute l’humanité un gage d’espérance. En contemplant Marie, je vous invite à vous ouvrir comme elle à la confiance et à vous abandonner à la tendresse et à la fidélité de Dieu. Que la Vierge Marie veille sur l’Église et sur toutes les familles !

© Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice du Vatican