ROME, Mardi 18 août 2009 (ZENIT.org) - Malgré leur interdiction en 1929 par le Child Marriage Restraint Act (CMRA), les mariages de mineurs sont une pratique encore fréquente en Inde. On estime qu'à l'heure actuelle plus de 15 millions de couples y sont mariés avant l'âge de 18 ans (1). « Eglises d'Asie » (EDA), l'agence des Missions étrangères de Paris, souligne aujourd'hui « l'inquiétude2 de l'Eglise catholique à ce sujet.

En 2006, la loi de 1929 a été complétée par le PCMA  (Prohibition of Child Marriage Act ), en raisons des lacunes qu'elle laissait subsister. Cependant, la pratique des unions d'adolescents ou même d'enfants n'a que très peu reculé, officieusement tolérée et officiellement peu sanctionnée.

Au Bengale-Occidental, un Etat particulièrement touché par ce phénomène, le diocèse catholique de Baruipur, qui dépend de l'archidiocèse de Calcutta, s'est inquiété du nombre de mariages de catholiques, contractés avant la majorité légale (fixée selon la loi indienne à 21 ans pour les garçons et 18 ans pour les filles). A l'initiative du P. Indrajit Sardar, qui dirige la Commission jeunesse du diocèse, une journée d'échange et de réflexion sur la question a été organisée pour les jeunes, le 9 août dernier, dans la paroisse de Raghabpur (2).

Pour le P. Sardar, l'illettrisme et la méconnaissance des lois sont les principaux responsables des mariages précoces. Dans les familles rurales du diocèse, les fiancés ignorent parfois même leur âge exact. Malgré une loi récente qui oblige tous les Etats de l'Union à enregistrer les mariages, bon nombre d'entre eux échappent à toute surveillance et ne sont recensés que dans un cadre religieux, dont les dispositions légales varient selon l'appartenance musulmane, hindoue ou chrétienne des intéressés. Selon le directeur de la Commission jeunesse de Baruipur, il arrive ainsi fréquemment que le couple aille effectuer les rituels du mariage dans un temple de Calcutta, si l'un des conjoints est hindou.

Le P. Sardar reconnaît cependant, qu'ayant atteint l'âge du mariage légal, la plupart de ces catholiques viennent officialiser leur union à l'Eglise. Pour exemple, il cite l'enregistrement en 2002 par la paroisse de Raghabpur de 30 mariages de ce type en un seul jour ! Le prêtre ajoute qu'à cette occasion, il n'est pas rare que le conjoint issu d'une autre religion, demande à rejoindre l'Eglise catholique.

A St Joseph de Raghabpur, Johnny Mondal, 26 ans, qui anime le groupe des jeunes de la paroisse, assure qu'au moins dix couples de catholiques ont contracté mariage cette année sans avoir l'âge légal. Il ajoute qu'une coutume bien ancrée admet que les couples s'enfuient de la maison des parents et reviennent quelques jours plus tard, la jeune fille portant le sindoor (sillon de poudre vermillon sur la raie des cheveux, signe de la femme mariée).

Pour tous les jeunes du groupe paroissial de Raghabpur, constitué d'une vingtaine de filles et du double de garçons, âgés de 15 à 28 ans, la lutte contre le mariage précoce passe en premier lieu par l'information sur ses graves conséquences.

Chaque année en Inde, 78 000 femmes meurent en couches ou des suites de leur grossesse, en grande partie en raison de leur immaturité physiologique. Selon l'Unicef, « les filles qui ont un enfant avant l'âge de 15 ans courent cinq fois plus de risques de mourir pendant l'accouchement que les femmes qui ont plus de 20 ans » (3). Une forte mortalité infantile en découle ; plus l'accouchée est jeune, moins l'enfant a des chances de survivre au-delà de l'âge d'un an (4). De surcroît, les très jeunes filles, dont certaines ne sont pas encore pubères, ont davantage de risques de contracter des maladies sexuellement transmissibles que les femmes de plus de 20 ans.

Pour ces épouses trop jeunes, les conséquences sociales et économiques sont, elles aussi, dramatiques. Ayant dû renoncer à l'éducation, elles ne peuvent sortir de la pauvreté qui les a conduites à ces unions précoces. Car ce sont essentiellement des raisons d'ordre économique qui sont à l'origine des mariages d'enfants. En Inde, il n'est pas envisageable de se soustraire à la coutume de la dot - abolie pourtant depuis 1961 - laquelle doit être versée à la famille du mari, mais est d'autant moins élevée que la promise est jeune.

Véritable fléau, cette pratique de la dot est devenue ces dernières années de plus en plus lourde et exigeante, faisant de la naissance d'une fille un tel fardeau financier que l'on estime qu'elle est l'une des premières causes de la « disparition » des filles à naître (ou "femmes manquantes"), un phénomène qui ne fait que croître en Inde. Au Rajasthan, l'un des Etats de l'Union indienne où se pratiquent le plus de mariages de très jeunes enfants (âgées parfois de 5 ans à peine), le gouvernement a ainsi mis en place un programme pour aider les familles pauvres à payer les dots, en ouvrant dès leur naissance, un compte d'épargne aux petites filles.

(1) Aujourd'hui l'Inde, 19 mai 2008.

(2) Ucanews, dépêche du 14 août 2009.

(3) Unicef, rapport 2009.

(4) « Les enfants des femmes de moins de 18 ans ont 60 % de risques de mourir dans leur première année que ceux des femmes de 20 ans » (Unicef, rapport 2007).

 

© Les dépêches d'Eglises d'Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source


Angélus du dimanche 16 août

ROME, Lundi 17 Août 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les paroles que Benoît XVI a prononcées ce dimanche 16 août à l’Angélus, depuis sa résidence d’été de Castel Gandolfo.

AVANT L’ANGELUS

Chers frères et sœurs !

Nous avons célébré hier la grande fête de l’Assomption de Marie, et nous lisons aujourd’hui dans l’Evangile ces paroles de Jésus : « Je suis le pain vivant, descendu du ciel » (Jn 6, 51). On ne peut pas ne pas être touché par cette correspondance, qui tourne autour du symbole du « ciel » : Marie a été « montée » dans le lieu d’où son Fils était « descendu ». Naturellement, ce langage, qui est biblique, exprime en termes figuratifs quelque chose qui n’entre jamais complètement dans le monde de nos concepts et de nos images. Mais arrêtons-nous un moment pour réfléchir ! Jésus se présente comme le « pain vivant », c’est-à-dire la nourriture qui contient la vie même de Dieu et qui est en mesure de la communiquer à celui qui la mange, la vraie nourriture qui donne la vie, qui nourrit réellement en profondeur. « Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » (Jn 6, 51). Eh bien, de qui le Fils de Dieu a pris sa « chair », son humanité concrète et terrestre ? Il l’a prise de la Vierge Marie. Dieu a pris d’Elle son corps humain pour entrer dans notre condition mortelle. A son tour, à la fin de son existence terrestre, le corps de la Vierge a été admis au ciel par Dieu qui l’a fait entrer dans la condition céleste. C’est une sorte d’échange, dont Dieu a toujours la pleine initiative, mais, comme nous l’avons vu à d’autres occasions, dans un certain sens, il a aussi besoin de Marie, du « oui » de la créature, de sa chair, de son existence concrète, pour préparer la substance de son sacrifice : le corps et le sang, à offrir sur la Croix, cet instrument de vie éternelle et, dans le sacrement de l’Eucharistie, cette nourriture et boisson spirituelles.

Chers frères et sœurs, ce qui est arrivé à Marie vaut, de manière différente mais réelle, pour chaque homme et chaque femme, parce que Dieu demande à chacun de nous de l’accueillir, de mettre à sa disposition notre cœur et notre corps, notre existence tout entière, notre chair – dit la Bible -, pour qu’il puisse habiter dans le monde. Il nous appelle à nous unir à Lui dans le sacrement de l’Eucharistie, Pain rompu pour la vie du monde, pour former avec l’Eglise son Corps historique. Et si nous disons oui, comme Marie, dans la mesure même de notre « oui », ce mystérieux changement se produit aussi pour nous et en nous : nous sommes admis dans la divinité de Celui qui a pris notre humanité. L’Eucharistie est le moyen, l’instrument de cette transformation réciproque qui a toujours Dieu comme but et acteur principal : il est la tête et nous les membres, il est la Vigne et nous les sarments. Celui qui mange de ce pain et vit en communion avec Jésus en se laissant transformer par Lui et en Lui, est sauvé de la mort éternelle : bien sûr il meurt comme tout le monde, participant aussi au mystère de la passion et de la croix du Christ, mais il n’est plus esclave de la mort, et il ressuscitera le dernier jour, pour jouir de la fête éternelle avec Marie et avec tous les saints.

Ce mystère, cette fête de Dieu commence ici bas : c’est le mystère de la foi, de l’espérance et de l’amour, que l’on célèbre dans la vie et dans la liturgie, spécialement eucharistique, et qui s’exprime dans la communion et dans le service au prochain. Prions la Sainte Vierge afin qu’elle nous aide à nous nourrir toujours avec foi du Pain de vie éternelle pour expérimenter déjà sur la terre la joie du Ciel.

APRES L’ANGELUS

A l’issue de la prière de l’Angélus, le pape a salué les fidèles en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :

Je suis heureux de saluer les francophones présents pour la prière de l’Angélus, particulièrement les jeunes venus d’Afrique. Hier nous avons eu la joie de célébrer la fête de l’Assomption de Marie et la liturgie nous a exhortés à tourner notre regard vers le ciel. Aujourd’hui, je vous convie à accueillir le don que le Christ nous fait de lui-même dans l’Eucharistie. En recevant dans la foi cette nourriture indispensable, le chrétien y puise la force qui permet de se donner tout entier à ses frères. Je vous invite donc à garder la porte de votre cœur toujours grande ouverte, et à être jour après jour, les témoins de la tendresse du Seigneur auprès de toutes les personnes qui sont dans le besoin matériellement ou spirituellement. Soyez sans relâche les messagers de la Bonne Nouvelle !

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