ROME, Lundi 22 juin 2009 (ZENIT.org) – Les études sur Pie XII doivent se poursuivre, estime Benoît XVI.
A la suite de différentes dépêches d’agences, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi a publié une déclaration, le 19 juin, rappelant qu’une béatification dépend uniquement de la volonté su souverain pontife.
« Si le pape pense que l’étude et la réflexion sur la cause de Pie XII doivent être encore prolongés, cette position doit être respectée sans interférences par des interventions injustifiées et inopportunes », déclare le P. Lombardi.
Le porte-parole du Saint-Siège souligne la liberté du pape en la matière : « A propos d’affirmations rapportées par des agences de presse sur la cause de béatification de Pie XII, le directeur de la salle de presse rappelle que la signature des décrets qui concernent les causes de béatification est de la compétence exclusive du pape qui doit être totalement libre dans son évaluation et ses décisions ».
Actuellement, différents courants d’historiens se démarquent à propos de l’image de Pie XII rapportée à la fin du siècle dernier, se rapprochant des positions des communautés juives au moment de la mort de Pie XII.
Récemment, le cardinal-secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone, a fait état de changements dans l’historiographie de ce pontificat tourmenté et a appelé, pour compléter la documentation disponible aux chercheurs, à l’ouverture des archives contemporaines autres que celle du Vatican, qui sont en cours de préparation (cf. ZENIT du 16 juin 2009).
Le cardinal Bertone invite tous ceux qui possèdent des archives concernant la seconde guerre mondiale (1939-1945) à mettre leurs documents à la disposition des historiens.
L’action de Pie XII pendant la seconde guerre mondiale a été présentée au cours du siècle dernier de façon « partiale », a fait observer le cardinal-secrétaire d’Etat lors de la présentation à Rome du livre publié sous la direction du directeur de L’Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian, intitulé : « In difesa di Pio XII. Le ragioni della storia » (Ed. Marsilio, 2009, 167 pp., 13 euros, « En défense de Pie XII. Les raisons de l’histoire »).
G. M. Vian a recueilli différentes contributions de chercheurs et de théologiens sur la figure du pape Pacelli. Le livre a été présenté le 10 juin avec la participation du journaliste Paolo Mieli et les historiens Giorgio Israël et Roberto Pertici (cf. ZENIT du 15 juin 2009).
A cette occasion, le site Internet de l’Union des communautés juives italiennes a indiqué que « la ‘réhabilitation’ de la figure du pape Pacelli apparaît toujours plus concrète et acceptée aussi par des experts d’origine juive mais pas seulement ».
Le portail du judaïsme italien a indiqué que Paolo Mieli, qui s’est défini comme « laïc de sang juif et parent de disparus dans la spirale de la Shoah », a affirmé qu’il trouve « absurdes » les accusations contre Pie XII, et il a dénoncé une « manipulation historique » qui doit encore être « décrite et racontée ».
Il voit la source de cette manipulation dans un courant « progressiste » qui a voulu décharger sur l’Eglise catholique « les fautes du siècle » dernier.
De son côté, toujours selon la même source, Giorgio Israël, historien et journaliste juif, a dénoncé un « torrent en crue » de critiques qui ne sont « pas encore calmées », et qui trouvent même « dans certaines attitudes hostiles à Benoît XVI leur interprétation en clef moderne ».
Pour Giorgio Israël, il s’agit d’un malentendu « politiquement correct » qui conduit à « diaboliser qui ne suit pas certains clichés même lorsque cela est en vue d’un bien comme c’est le cas avec Pie XII dont les efforts pour sauver le plus grand nombre de juifs possibles ont été immédiatement reconnus par ceux qui en ont été les bénéficiaires directs et les témoins ».
Une Eglise qui a, au contraire, et à différentes occasions, selon Paolo Mieli, démontré sa « proximité » avec les persécutés et qui, avec le récent voyage de Benoît XVI en Terre Sainte, a manifesté sa « bonne volonté » de dialoguer avec le judaïsme.
Roberto Pertici a souligné que ces mérites ont été « méconnus dans le monde anglo-saxon », et cachés dans le « monde soviétique, irrité par l’anti-totalitarisme de Pie XII et de l’Eglise en général ».
Anita S. Bourdin