ROME, Mercredi 10 juin 2009 (ZENIT.org) – Dans la situation actuelle du Venezuela, les évêques ont rappelé de différentes façons « aux gouvernants comme aux gouvernés les principes de la Doctrine sociale de l’Eglise », déclare Mgr Santana qui a salué Benoît XVI au nom des évêques du Venezuela, lundi dernier, lors de l’audience qui concluait leur visite ad limina (cf. Zenit du 9 juin 2009).
Mgr Ubaldo Ramon Santana Sequera, FMI, président de la conférence épiscopale du Venezuela, a en effet exposé au pape Benoît XVI la situation de l’Eglise et du pays, à l’occasion de la visite ad limina de l’épiscopat vénézuelien – soit les archevêques, évêques et vicaires apostoliques des 39 circonscriptions ecclésiastiques du Venezuela -, reçus en la salle du consistoire du Vatican, le 8 juin. Trois évêques n’avaient pas pu se rendre à Rome pour des raisons de santé.
« Nous bénissons le Seigneur de la Gloire pour ce moment de grâce qui nous renouvelle dans la foi, nous donne une plus grande cohésion dans la communion ecclésiale, et nous fortifie dans l’accomplissement de notre mission d’évangélisation », a déclaré Mgr Santana.
« C’est une rencontre espérée, mais plus encore à laquelle nous aspirions : nous avons besoin de sentir le pape proche de nous, d’être confirmés collégialement dans la foi et de recevoir son message de courage et d’espérance, en ces moments qui sont un tel défi pour l’humanité et pour le Venezuela », a-t-il ajouté.
L’archevêque a souligné que la « reconnaissance et la culture de la relation vitale avec le Successeur de Pierre » a « caractérisé » la « vie de foi » du peuple du Venezuela et « l’exercice pastoral » de l’épiscopat.
« L’histoire de notre Eglise, ces derniers siècles, nous a enseigné qu’étendre la communion et consolider l’unité « cum Petro et sub Petro », sont des biens particulièrement précieux du fait que nous avons vécu dans notre chair la menace de gouvernements anticléricaux, de nous séparer du roc romain pour créer des Eglises nationales soumises aux différents pouvoirs ».
« Venir à Rome en pèlerinage aux tombeaux des apôtres et rencontrer le pape n’est donc pas pour nous simplement accomplir une exigence canonique, mais un événement de foi. Saint-Père, l’épiscopat du Venezuela comme le peuple fidèle pèlerin en ces régions de notre patrie, exprimons notre adhésion sans équivoque à votre personne et à votre ministère ».
« Nous le faisons avec une conscience encore plus grande parce que nous avons été témoins de la façon dont, ces derniers temps, Votre Sainteté a été aussi l’objet d’attaques injustes et déplacées, pour proclamer l’Evangile de la dignité humaine et de la famille », a précisé l’archevêque, avant de déclarer le soutien de l’Eglise du Venezuela : « Nous voulons que vous sachiez qu’au Venezuela, nous, les pasteurs et les catholiques, vous aimons, vous respectons et vous suivons. Comptez toujours sur notre fidélité et sur nos prières ».
Mgr Santana a en outre souligné que la rencontre d’un épiscopat avec le Vicaire du Christ, « tête visible de l’Eglise », est toujours « un événement de foi » qui produit une « nouvelle circulation des biens et des dons de l’Esprit Saint », et qu’ainsi se « consolide » la « collégialité épiscopale » et le « Corps du Christ grandit vers l’unité dans la diversité, la sève vitale qui vient de Jésus Christ circule intensément dans tout le cep, remplissant les sarments de vitalité ».
L’archevêque a remercié Benoît XVI pour son « lumineux magistère en ces quatre ans de pontificat » et pour « la réalisation, l’an passé, du synode sur la Parole de Dieu dans la vie et le Mission de l’Eglise », mais aussi pour ses « vaillants voyages apostoliques », pour « l’heureuse et fructueuse initiative de l’Année Saint-Paul », et pour « l’Année sacerdotale ».
Pour le Venezuela, le président de la conférence épiscopale a aussi remercié le pape de sa « reconnaissance » des 16 documents du concile national, pour la béatification de la seconde bienheureuse du pays, Mère Candelaria de San José, et pour avoir conféré la dignité cardinalice à l’archevêque de Caracas, Jorge Urosa Savino. « Tous ces gestes, a déclaré Mgr Santana, nous ont fait sentir votre sollicitude apostolique, votre proximité paternelle, et votre désir de nous voir grandir en sainteté et de nous fortifier dans la foi ».
Mgr Santana a mentionné les changements « rapides et profonds » qui ont affecté le monde et le pays depuis la dernière visite ad limina, auprès de Jean-Paul II en 2002. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu le concile national : « Pressées de répondre aux nouvelles réalités nouvelles, et à l’invitation pressante du Saint-Père d’entrer dans le troisième millénaire avec un projet de nouvelle évangélisation, nos Eglises, après un sérieux discernement évangélique, ont décidé de convoquer un concile plénier national » qui a été « une Pentecôte pour le Venezuela ».
L’archevêque a fait allusion à la situation du Venezuela depuis une dizaine d’années : « Comme on le sait, depuis dix ans, on a imposé, au Venezuela un nouveau projet politique qui porte le nom de socialisme du XXIe siècle, de veine révolutionnaire, qui a introduit des modifications profondes dans toutes les dimensions de la vie du pays, a compté pour son implantation sur des ressources immenses provenant du pétrole, et a provoqué des polarisations économiques, sociales et culturelles. L’exécution progressive de ce projet a polarisé le pays et l’a divisé en groupes qui s’opposent ».
Dans ce contexte, la tâche des évêques, a souligné l’archevêque, a été de chercher à « éclairer par la foi le difficile chemin par lequel passe la peuple du Venezuela ».
Et la confrontation, manifestée par différents scrutins électoraux, « a provoqué une polarisation politique croissante, augmenté la violence, l’insécurité et la haine, mettant sérieusement en danger la coexistence démocratique », a déploré Mgr Santana.
Mais Mgr Santana a aussi fait observer que « la majorité de la population est profondément religieuse et catholique », ce qui a poussé les évêques à publier « de nombreux messages, lettres et exhortations pastorales ».
Dans ces documents, a précisé l’archevêque, « nous avons appelé tous les secteurs à la compréhension, au dialogue et à la réconciliation, nous en avons appelé aux racines chrétiennes de notre nation, nous avons rappelé aux gouvernants comme aux gouvernés les principes de la Doctrine sociale de l’Eglise, nous avons défendu les plus pauvres, et nous avons toujours cherché le bien commun et la construction de la coexistence démocratique ».
Et de préciser : « Nous n’avons cherché ni avantages ni privilèges mais seulement la gloire de Dieu, le bien de l’Eglise et la vie abondante de notre peuple ».
« L’exercice de ce ministère prophétique nous a attiré de nombreuses incompréhensions, et des attaques de la part de certains secteurs de la société et du gouvernement, mais nous comptons sur la lumière et sur la force de l’Esprit du Seigneur Jésus pour continuer à porter témoignage avec fidélité et allégresse », a confié Mgr Santana, avant de demander à Benoît XVI sa bénédiction sur l’Eglise et le peuple du Venezuela.