Les nouveautés de la JMJ de Madrid 2011

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Interview de Yago de la Cierva, directeur de la communication

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ROME, Dimanche 7 juin 2009 (ZENIT.org) – Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui se tiendront à Madrid en août 2011, réservent des surprises, que Santiago de la Cierva, directeur de la communication, commence à dévoiler au cours de cet entretien.

Yago de la Cierva enseigne la « Communication de crise » depuis 1999 à la Faculté de communication de l’Université pontificale de la Sainte Croix, à Rome.

Zenit – Madrid 2011 aura-t-elle une valeur ajoutée par rapport aux précédentes JMJ ?

Y. de la Cierva – Madrid 2011 n’apportera rien de nouveau par rapport aux précédentes éditions, si ce n’est le lieu, la date, le désir de très bien faire, tout ce qu’implique le fait que ces journées aient lieu dans un pays comme l’Espagne, riche de deux mille ans de christianisme, où jusqu’aux pierres respirent et transpirent la foi, respirent une tradition de plusieurs siècles. C’est cela qui fera de Madrid 2011 une Journée mondiale très spéciale.

Compte tenu du fait que nous sommes en Europe, à l’extrémité de l’Europe mais toujours en Europe, ce sont plus d’un million de personnes qui, selon nos calculs, sont attendues. Nous tâcherons probablement de faire aussi bien qu’à Rome, en 2000, mais cela ne dépend pas de nous.

Ce qui, selon moi, fait la particularité de la JMJ de Madrid, c’est qu’elle a lieu précisément dans un pays qui est toujours resté fidèle à l’Eglise catholique. Un pays qui a toujours transmis la foi à de nombreux continents, la majorité des catholiques du monde entier parlent l’espagnol précisément parce qu’ils ont été évangélisés par des Espagnols et nous aimerions retrouver cet esprit missionnaire. On s’imagine parfois que les missionnaires sont des personnes âgées, qui s’en allaient prêcher au loin. Eh bien non, les missionnaires étaient des gens de moins de 25 ans. Nous aimerions retrouver cet esprit et le présenter aux jeunes d’aujourd’hui.

Une autre caractéristique de la Journée mondiale de Madrid: les réseaux. Pour la première fois, nous allons avoir une JMJ au cours de laquelle, réellement, le principal outil de communication sera Internet, avec les réseaux sociaux, comme moyen d’information mais aussi de communication, pour créer des communautés. Cela a déjà commencé à Sydney, mais je crois que, cette fois, ce sera l’explosion. Un explosion également de nouvelles technologies. En 2011, quasiment tous ceux qui viendront seront probablement munis de téléphones de nouvelle génération. Il sera très facile de se connecter, recevoir les informations, utiliser le téléphone, les terminaux pour avoir accès aux traductions des paroles du Saint-Père, aux messages concernant l’organisation, etc.

Zenit – A Sydney les jeunes ont reçu des messages du p sur leurs téléphones mobiles. S’attend-on à d’autres surprises de ce type à Madrid ?

Y. de la Cierva – Je ne peux pas prendre l’engagement que le pape enverra des messages aux gens. Nous allons essayer, mais cela est du ressort du Saint-Père. Nous l’avons vu récemment, le pape a commencé à utiliser Facebook pour entrer en contact avec les jeunes, et ce n’est qu’un début. Bien évidemment, on ne peut pas demander au Saint-Père de rester connecté deux heures par jour pour voir s’il peut répondre personnellement. Ce n’est pas sa mission, il n’en a pas le temps et nous lui demandons autre chose. Mais à partir de là, on franchit le pas suivant : arriver à ce que toute l’Eglise catholique utilise les réseaux sociaux comme instrument essentiel, pas seulement pour transmettre la foi, mais aussi pour mieux la vivre, mieux la connaître, pour créer une communauté. Créer des réseaux sociaux revient à créer des groupes sociaux, et parfois nous n’avons guère le temps. Et, pourtant, grâce aux réseaux sociaux, nous pouvons établir des contacts et pratiquer notre foi d’une autre façon, plus virtuelle, mais tout aussi réelle.

Zenit – N’existe-t-il pas le risque que la Journée mondiale de la Jeunesse se transforme en trois jours de fête pour tomber ensuite dans l’oubli jusqu’à la prochaine célébration, qu’il n’y ait pas de continuité ?

Y. de la Cierva – A Madrid, nous tâcherons de suivre l’exemple de Sydney et des précédentes JMJ, l’organisation étant bien consciente que la Journée mondiale n’est pas un point d’arrivée, mais de départ. Un point de départ, et ceci est très important ; car la Journée mondiale, au fond, n’est pas autre chose qu’une fête à laquelle le Saint-Père convoque tous les jeunes catholiques et non catholiques, chrétiens et non chrétiens, mais ayant un intérêt pour des valeurs transcendantes et qui voudraient en quelque sorte s’introduire dans une maison étrangère en se disant : « nous allons voir comment on vit ici. Ces gens ont l’air content. C’est la joie. Ici on s’amuse et on prie !… ce qui semble une contradiction ».

C’est de ceci dont il s’agit : la Journée mondiale est une fête et nous tous, jeunes et plus âgés, qui avons organisé des fêtes, savons qu’il y a des choses très importantes comme le lieu, le moment, la musique, ce que l’on mange … mais que le plus important dans une fête sont les invités. Si on choisit bien les invités, le succès de la fête est garanti. Il en va de même pour la Journée mondiale. Ce seront des jours de fête, certes, mais nous allons faire en sorte qu’il y ait de tout. Qu’il y ait une vie de piété et de ferveur, des moments d’adoration eucharistique, de catéchèse, des moments culturels, de détente, qu’il y ait de tout, car les jeunes comme les plus âgés sont incapables de passer quatorze heures d’affilée à prier. Il y aura absolument de tout. Doctrine eucharistique et apprentissage de la doctrine chrétienne, nous tenterons de faire connaître la foi à travers la culture espagnole.

Zenit – Quel est le plus grand défi dans le domaine de la communication

Y. de la Cierva – Le défi est de répondre aux attentes des gens. Et les attentes sont très grandes. Il nous faut toucher trois types de public différent.

Il y a un premier public composé de ceux qui viendront à la JMJ et, au moyen de la communication, nous devons les préparer à ce pourquoi ils doivent venir, pour qu’ensuite ils n’éprouvent aucune frustration, mais tout le contraire. Et pour que, une fois sur place, tout se déroule bien. Il faut pendre en compte que le spirituel est certes important, mais que si ensuite on n’a pas donné à manger aux jeunes, s’ils n’ont pas réussi à dormir ou s’ils ont trop marché, le spirituel perd de sa force.

Il y a un second public, très important : les innombrables jeunes qui auraient souhaité venir, mais en ont été empêchés et suivront à la télévision, via les réseaux, via Internet, à la radio… Nous devons songer aussi à eux, et nous allons voir ce que nous pouvons faire pour que, grâce à la transmission, ils se sentent plongés au cœur de l’événement.

Et il y a un troisième public, très important, représenté par les personnes qui ne sont pas venues, qui n’ont aucun désir de venir, mais qui sont curieuses de voir ce qui se passe, ce que font un million et demi de jeunes à Madrid, comment ils vivent, pourquoi ils sont là, que lit-on sur leur visage. Elles s’interrogent : « Sont-ils contents ? Sont-ils joyeux ? Aident-ils les autres ? Consacrent-ils du temps à donner un coup de main dans la paroisse, ou à donner à manger dans une maison de retraite pour personnes âgées, ou à distraire les enfants malades ?… ». Ceci est très important pour nous, car c’est l’image de l’Eglise, et nous allons utiliser le plus beau visage de l’Eglise, que sont les jeunes, pour expliquer et parler de Jésus Christ qui est présent dans les jeunes, et ce sont les jeunes qui nous transmettront la foi.

Zenit – Que diriez-vous à un jeune qui hésite à se rendre aux JMJ de Madrid ?

Y. de la Cierva – A u
n ou une jeune qui, au dernier moment, hésite encore « Irai-je ou n’irai-je pas », la seule et unique chose que nous pouvons lui garantir est que ce qu’il va y trouver apportera de nombreuses réponses, pas toutes, à des interrogations très profondes ; et aussi qu’il va se retrouver avec des personnes avec qui il nouera des liens qui vont peut-être durer toute la vie, et qu’au terme de ces journées, ils regretteront que cela n’ait duré que quelques jours.

Zenit – Peut-on dire que les Journées mondiales de la Jeunesse sont l’évènement de communication le plus important de l’Eglise ?

Y. de la Cierva – Je crois que la JMJ est un évènement très important pour la communication de l’Eglise. Je ne sais pas si c’est le plus important, le second, le troisième, car dans le fond tout ce qui a trait à l’Eglise parle de Jésus Christ et de l’efficacité de la grâce, et c’est quelque chose d’impossible à mesurer. L’important est que la communication de la Journée Mondiale contribue à toucher le coeur de nombreux jeunes – et de moins jeunes -, qui la suivent à la télévision. Par conséquent, l’importance est évidente. Il s’agit d’un évènement organisé par le pape en personne – et ce n’est pas qu’il en organise beaucoup lui-même – ; en outre, c’est une occasion pour faire connaître l’Eglise catholique et pour que les jeunes figurent dans tous les journaux télévisés, sur les pages de couverture, dans les revues ou sur le réseau. C’est donc mettre sur la place publique Jésus Christ, son message, le bonheur que nous pouvons ressentir à faire ce qu’il nous a dit. L’importance plus ou moins grande dépendra de chacun. Il y a des personnes dont le coeur sera touché.

Propos recueillis par María de la Torre

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ZENIT Staff

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