ROME, Mardi 12 mai 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a prononcé ce mardi, en fin de matinée, au Cénacle (où le Christ apparut aux apôtres après la résurrection et où eut lieu la Pentecôte), en présence des Ordinaires de Terre sainte, avant la prière du Regina Caeli.
* * *
Chers Frères Évêques,
Révérend Père Custode,
Je vous salue avec grande joie, vous les Évêques de Terre Sainte, en cette Chambre Haute où le Seigneur ouvrit son cœur aux disciples qu’il s’était choisis et où il célébra le Mystère pascal et où l’Esprit Saint, le jour de la Pentecôte, poussa les premiers disciples à aller prêcher la bonne nouvelle. Je remercie le Père Pizzaballa pour les paroles chaleureuses de bienvenue qu’il m’a adressées en votre nom. Vous représentez les communautés catholiques de Terre Sainte, lesquelles, par leur foi et leur ferveur, sont comme des chandelles allumées qui illuminent les lieux saints chrétiens sanctifiés par la présence de Jésus, notre Seigneur, le Vivant. Ce privilège unique vous donne, à vous-mêmes et à vos fidèles, une place particulièrement chère dans mon cœur de Successeur de Pierre.
« Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). La Chambre Haute évoque pour nous le souvenir de la dernière Cène de notre Seigneur avec Pierre et les autres Apôtres, et l’Église y est invitée à une contemplation priante. C’est dans ces sentiments que nous nous rassemblons, le Successeur de Pierre avec les successeurs des Apôtres, en ce lieu même où Jésus révéla, dans l’offrande de son corps et de son sang, les nouvelles profondeurs de l’alliance d’amour établie entre Dieu et son peuple. Dans la Chambre Haute, le mystère de la grâce et du salut, dont nous sommes les bénéficiaires en même temps que les hérauts et les ministres, ne peut s’exprimer que par l’amour. C’est parce que, le premier, il nous a aimés et qu’il continue à le faire, que nous pouvons répondre avec amour (cf. Deus caritas est, n. 2). Notre vie de chrétiens n’est pas simplement un effort humain pour vivre les exigences de l’Évangile comme des devoirs qui nous seraient imposés. Dans l’Eucharistie, nous sommes entraînés dans un mystère d’amour divin. Nos vies se transforment alors en une acceptation pleine de reconnaissance, docile et agissante de la puissance d’un amour qui nous est donné. Cet amour transformant, qui est grâce et vérité (cf. Jn 1, 17), nous pousse, comme individus et comme communautés, à dépasser la tentation de nous retourner sur nous-mêmes dans l’égoïsme ou la paresse, dans l’isolement, les préjugés ou la crainte, et à nous donner généreusement au Seigneur et aux autres. Il nous engage, comme communautés chrétiennes, à être fidèles à notre mission, avec assurance et courage (cf. Ac 4, 13). Dans la figure du Bon Pasteur qui donne sa vie pour son troupeau, dans celle du Maître qui lave les pieds de ses disciples, vous trouvez, mes chers Frères, le modèle de votre propre ministère pour le service de notre Dieu qui promeut l’amour et la communion.
L’appel à la communion d’esprit et de cœur, si étroitement lié au commandement de l’amour et au rôle central et unifiant de l’Eucharistie dans nos vies, est particulièrement ressenti en Terre Sainte. Les différentes Églises chrétiennes que l’on trouve ici représentent un patrimoine spirituel riche et diversifié, et elles sont le signe qu’existent de multiples formes d’interaction entre l’Évangile et les différentes cultures. Elles nous rappellent aussi que la mission de l’Église est de prêcher l’amour universel de Dieu et de rassembler tous ceux qui, au loin ou plus près de nous, sont appelés par lui afin que, avec leurs traditions et leurs talents, ils arrivent à former l’unique famille de Dieu. Depuis le deuxième Concile du Vatican, en particulier, un nouveau dynamisme spirituel vers la communion dans la diversité a vu le jour à l’intérieur de l’Église catholique ainsi qu’une nouvelle conscience œcuménique. L’Esprit meut nos cœurs avec douceur vers l’humilité et la paix, vers l’acceptation mutuelle, la compréhension et la coopération. Cette disposition intérieure vers l’unité sous la motion de l’Esprit Saint est d’une importance décisive si nous voulons que les Chrétiens soient capables de remplir leur mission dans le monde (cf. Jn 17, 21).
C’est dans la mesure où le don de l’amour est accepté et qu’il grandit dans l’Église, que la présence chrétienne en Terre Sainte et dans les régions voisines peut être une présence ardente. Et elle est d’une importance capitale pour le bien de la société toute entière. Les paroles sans équivoque de Jésus sur le lien intime entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, sur la miséricorde et la compassion, sur la douceur, la paix et le pardon, sont un ferment capable de transformer les cœurs et de modeler nos actions. Les Chrétiens au Moyen-Orient, avec toutes les personnes de bonne volonté, apportent leur contribution, en tant que citoyens responsables et loyaux, à la promotion et au renforcement d’un climat de paix dans la diversité, et cela en dépit des difficultés et des restrictions. Je désire leur redire ce que j’affirmais dans mon message de Noël 2006 aux Catholiques du Moyen-Orient : « J’exprime avec affection ma proximité personnelle dans la situation d’insécurité humaine, de souffrance quotidienne, de peur et d’espérance que vous êtes en train de vivre. Avant tout, je répète à vos communautés les paroles du Rédempteur : ‘Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume’ (Lc 12, 32) » (Message du Pape Benoît XVI aux Catholiques vivant au Moyen-Orient, 21 décembre 2006).
Chers Frères Évêques, vous pouvez compter sur mon soutien et sur mes encouragements tandis que vous faites tout votre possible pour permettre à vos frères et sœurs chrétiens de rester ici sur la terre de leurs ancêtres et à être des messagers et des promoteurs de la paix. J’apprécie vos efforts pour leur proposer, comme à des citoyens responsables et conscients, des valeurs et des principes d’action qui puissent les aider à jouer leur rôle dans la société. Par l’éducation, la formation professionnelle et d’autres initiatives économiques et sociales, leurs conditions de vie pourront être assurées et améliorées. Quant à moi, je renouvelle mon appel à nos frères et sœurs du monde entier afin qu’ils apportent leur soutien aux communautés chrétiennes de Terre Sainte et du Moyen-Orient, se souvenant d’elles dans leurs prières. Et dans ce contexte, je veux exprimer combien j’apprécie le service qui est rendu aux innombrables pèlerins et visiteurs qui viennent en Terre Sainte pour y chercher inspiration et renouveau de vie sur les pas de Jésus. Les récits de l’Évangile, contemplés dans leur environnement historique et géographique, prennent une coloration vivante et l’on en reçoit une compréhension plus claire de la signification des paroles de notre Seigneur et de ses gestes. Bien des expériences mémorables de pèlerins de la Terre Sainte ont été possibles grâce aussi à l’hospitalité et à l’aide fraternelle qui leur ont été offertes par vous, en particulier par les Franciscains de la Custodie. Pour ce service, je tiens à vous exprimer la reconnaissance et la gratitude de l’Église universelle, et je forme le voeu qu’à l’avenir, un nombre encore plus grand de pèlerin vienne visiter ce lieu.
Chers Frères, en adressant tous ensemble à Marie, Reine du Ciel, notre prière joyeuse, mettons avec confiance entre ses mains le bien-être et le renouveau spirituel de tous les Chrétiens de Terre Sainte. Puissent-ils, guidés par leurs Pasteurs, grandir dans la foi, l’espérance et l’amour, et persévérer dans l
eur mission de promoteurs de communion et de paix !
© Copyright du texte original en anglais : Librairie Editrice du Vatican
Traduction de travail