ROME, Mardi 21 avril 2009 (ZENIT.org) – On ne pourra encourager un « dialogue fructueux entre Foi et Culture » que si l’université récupère son « rôle de centre culturel », a souligné le père Emilio Bettini, du Bureau pour la pastorale universitaire du Vicariat de Rome, à Uppsala, en Suède.
La cité suédoise a accueilli du 17 au 19 avril la rencontre du Groupe de Coordination de la Section Université de la commission Catéchèses-Ecole-Université du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE).
Cette initiative a connu la participation, entre autres, de Mgr Lorenzo Leuzzi, Secrétaire de la section Université de la commission « Catéchèses, école, Université », du père Philip Geister, SJ, Délégué national pour la pastorale universitaire en Suède, et du père Enrico Dal Covolo, de l’Université pontificale salésienne de Rome.
La rencontre s’est terminée par une messe présidée par Mgr Emil Paul Tscherrig, Nonce apostolique en Suède.
A la clôture des travaux, le père Bettini a évoqué l’expérience du premier forum international des universités, organisé du 12 au 14 mars à Rome sur le thème: « Celui que vous adorez sans le connaître je vous l’annonce ».
L’objectif de l’événement, organisé par le Bureau de la Pastorale universitaire du Vicariat de Rome, par la Congrégation pour l’Education catholique et par le Conseil pontifical de la culture, était de repenser la pastorale universitaire pour un nouveau rapport et service de l’Eglise au monde de la culture.
Le forum réunissait quelque 600 professeurs provenant de tous les continents et de différentes universités: publiques, privées et pontificales.
Dans son discours, le père Bettini a souligné que la redécouverte de la responsabilité de l’Eglise et de l’université doit tenir compte du fait que l’Evangile s’adresse à l’homme situé historiquement et que la culture représente la voie pour chercher la vérité.
Dans un contexte caractérisé par une crise spirituelle, sociale et économique, a-t-il poursuivi, il convient de solliciter le plus possible une rencontre entre l’Eglise et l’université, afin que cette dernière « réponde aux nouvelles attentes de la société » et que l’Eglise « continue d’annoncer la présence de Dieu dans l’histoire ».
Pour le P. Bettini, « la crise d’identité de la culture occidentale et la forte pression économique et politique de la mondialisation ont transformé les objectifs de l’éducation et de la recherche universitaire », remplaçant la culture par « le mythe de la performance, du management et de la bureaucratie ».
« Encourager un dialogue fructueux entre la foi et la culture est impossible tant que l’université n’aura pas récupéré son rôle de centre culturel », a-t-il estimé.
Dans le dialogue entre Evangile et culture, « entre en jeu rien de moins que la conception de l’homme, qui ne peut être reléguée à une vision abstraite de l’homme ». Il exige aussi « une nouvelle conception de la rationalité qui sache élargir ses propres horizons vers une vision concrète et située historiquement dans la réalité humaine ».
« Le temps de la redécouverte du rôle historique de l’Eglise dans la société contemporaine, capable, par vocation, de dialoguer avec les cultures et de les assumer en puisant dans la force du mystère de l’incarnation, est essentiel », a-t-il souligné.
Les universitaires, a-t-il dit « ont le devoir d’aider l’Eglise à accomplir ce passage d’époque à travers cette forme spécifique de rapport entre l’Evangile et la Culture que nous appelons charité intellectuelle », a-t-il conclu.
Pour sa part le père Enrico dal Covolo a rappelé que pour Benoît XVI « les universités européennes vivent et œuvrent dans un contexte de crise culturelle, qui est ‘la crise de la modernité’ », due à « l’adhésion diffuse à un faux modèle d’humanisme qui prétend d’édifier un regnum hominis contraire à son fondement ontologique nécessaire ».
Il signale que dans le troisième chapitre de son livre « Jésus de Nazareth », où il parle des tentations dans le désert, Benoît XVI apporte des éléments intéressants de réflexion.
Les tentations, relève Le père Dal Convolo, « ont un ‘noyau pervers en commun’: il s’agit de ‘destituer Dieu’, en établissant une fausse hiérarchie des valeurs ». « Le réel est ce que l’on constate: pouvoir et pain. En comparaison, les choses de Dieu apparaissent irréelles, un monde secondaire, dont on n’a pas vraiment besoin et dont on finit par se passer tranquillement ».
En disant cela, a souligné le professeur de l’Université pontificale salésienne, le pape « n’entend en rien minimiser le progrès scientifique et technologique, ni minimiser les valeurs terrestres, intra-mondaines », il veut plutôt « réaffirmer avec force la juste hiérarchie des valeurs, pour garantir l’espérance authentique de l’homme ».
« Le vrai drame du progrès technologique dans la société avancée », a poursuivi le père Dal Covolo, est le fait que « s’il n’est pas relativisé opportunément, sans référence explicite aux valeurs absolues de la personne humaine, le prétendu ‘progrès’ se révèle fallacieux et nocif pour une croissance globale de l’homme ».
« Il s’agit en substance, a-t-il conclu, d’élargir notre idée de rationalité, afin que la raison puisse rencontrer efficacement la vérité ».
La prochaine rencontre européenne des délégués nationaux se déroulera à Porto (Portugal) du 18 au 20 septembre prochain.