ROME, Lundi 23 mars 2009 (ZENIT.org) - Vincent Neymon, directeur de la communication du Secours catholique, Patrice de Plunkett, journaliste et essayiste, et Guillaume de Prémare, consultant en communication, porte-parole du « Comité Urgence Pape » lancent aujourd'hui un appel pour « contribuer à une réflexion de fond sur notre manière d'annoncer l'Evangile », au plan de leur communication en tant que laïcs « engagés dans les métiers de l'information », et au plan de la « pédagogie » auprès des medias. Guillaume de Prémare présente cette initiative aux lecteurs de Zenit.
Zenit - Qui voulez-vous toucher ?
Guillaume de Prémare - Au plan interne, nous souhaitons contribuer à une réflexion de fond sur notre manière d'annoncer l'Evangile, tant au plan de notre communication proprement dite, en tant que laïcs engagés dans les métiers de l'information, que de la pédagogie à promouvoir vis-à-vis du monde. A cet égard, nous nous sentons particulièrement inspirés par la pédagogie de la gradualité, au sens théologique et pastoral : « Un cheminement pédagogique de croissance est nécessaire pour que les fidèles, les familles et les peuples, et même la civilisation, à partir de ce qu'ils ont déjà reçu du mystère du Christ, soient patiemment conduits plus loin, jusqu'à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie », indique Jean-Paul II (Familiaris Consortio - Point 9 : gradualité et conversion).
Zenit - Pourquoi l'association « Médias et Evangile » : quel sera son rôle ?
Guillaume de Prémare - Nous souhaitons proposer aux médias une véritable coopération en vue du bien commun. Il faut tenter de sortir de cette incommunicabilité qui se manifeste dès qu'un sujet délicat, notamment lié aux mœurs, est à la une de l'actualité. Nous avons tous été tentés de crier à la manipulation, à la désinformation. Cependant, nous pensons qu'il faut inverser la perspective. Dans un monde sécularisé, comment les médias généralistes pourraient-ils comprendre sans une pédagogie patiente et bienveillante la finalité surnaturelle de l'Eglise, sa nature propre, comme institution divine et comme réalité visible, humaine et hiérarchique, ses sacrements, sa doctrine sociale et bien entendu son enseignement moral ? Cela ne dépend pas d'abord d'eux, cela dépend de nous. Il faut une pédagogie, une coopération. Cela prendra du temps, mais il est urgent de commencer. L'association « Médias et Evangile » cherchera à rendre concret ce qui n'est pour le moment qu'une idée.
Zenit - Quel est votre objectif plus immédiat ?
Guillaume de Prémare - Il est très simple : proposer aux médias de commencer dès aujourd'hui cette coopération, afin de sortir de cette personnalisation excessive sur la personne du pape. Nous ne cachons pas que nous souhaitons défendre le pape et que nous souffrons des attaques qu'il subit. Nous voulons l'aider, dans la toute petite mesure de ce que nous sommes, c'est-à-dire peu de chose. Cet attachement au pape est indéfectiblement lié à l'attachement aux évêques. Cela ne nous empêche pas de prendre nos propres initiatives, en faisant un usage, que nous espérons ajusté, de notre liberté et de notre responsabilité de laïcs catholiques.
Nous avons aussi évoqué dans notre appel les divisions dans l'Eglise, notamment en France. Elles sont un obstacle grave à l'annonce de l'Evangile. Les uns et les autres avons des préférences, des sensibilités, des opinions, et c'est heureux. Mais il y aussi des blessures qu'il faut guérir. C'est au plus profond du cœur de l'homme que réside à la fois le problème et la solution. Ne dit-on pas que « l'apostolat est ce qui déborde de la vie intérieure » ? Pour notre apostolat de l'unité, débordons de vie intérieure et engageons-nous sur la voie de la douceur, de la compréhension.
Zenit - Quel est votre programme ?
Guillaume de Prémare - Nous souhaitons construire des outils pédagogiques, qui permettent à des journalistes qui ne disposent généralement que de peu de temps pour boucler leurs papiers, de comprendre de manière très synthétique et rapide le message de l'Eglise sur tous les grands sujets qui concernent le bien commun. La famille et la morale en font partie, notamment dans cette période de désenchantement, mais il n'y a pas que cela ! Je pense aussi, par exemple, à l'enseignement social de l'Eglise, qui peut éclairer notre monde sur la crise de son modèle économique et lui donner des pistes pour évoluer vers une économie au service de l'homme.
Zenit - Comment vous rejoindre ?
Guillaume de Prémare - Pour l'instant en nous envoyant un mail. Vous comprenez que, face à l'urgence, nous avons pour le moment privilégié davantage la réactivité que la logistique ! Les professionnels de l'information qui veulent soutenir notre appel peuvent nous appuyer dès aujourd'hui. Nous prévoyons un second communiqué qui publiera la liste de ceux qui soutiennent cet appel d'urgence. Et si des évêques souhaitent nous transmettre des encouragements, nous en serions très touchés.
Propos recueillis par Anita S. Bourdin