Pour lutter contre la drogue, affronter la question du sens de la vie

La délégation du Saint-Siège à la session de la Commission ONU sur les drogues

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ROME, Vendredi 20 mars 2009 (ZENIT.org) – Pour lutter efficacement contre la drogue, il faut avant tout mettre au centre de chaque stratégie et préoccupation la dignité du toxicomane et affronter la question du sens de la vie.

Ce sont les propos tenus par Mgr José Luis Redrado Marchite, secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, intervenu le 12 mars à la 52ème session de la commission de l’ONU contre les drogues, qui s’est déroulée à Vienne (Autriche) du 11 au 20 mars.

Mgr Redrado Marchite était à la tête d’une délégation réunissant également Mgr Michael Banach, observateur du Saint-Siège aux Nations unies, Mgr Jean-Marie Musivi Mpendawatu, officiel du dicastère, et Mgr Mirosław Wachowski, secrétaire de la Mission.

Mgr Redrado Marchite a déclaré que la délégation du Saint-Siège souhaitait que « comme par le passé, soient réaffirmées une politique et une stratégie d’action qui placent au centre de chaque programme respectif la santé, la dignité et la vie du toxicomane et que tous les moyens et toutes les ressources disponibles soient employés pour combattre la force de ce grave phénomène ».

« On en parle moins », a-t-il déploré, mais la drogue « continue de faire des ravages, provoquant tant de dégâts et de victimes, parmi les jeunes surtout, dans des proportions épouvantables et inacceptables ».

« Penser vivre dans une société libérée de la drogue exige de la part des Etats une forte volonté d’extirper définitivement ce phénomène qui, pour certains, est  perçu comme faisant déjà partie de la réalité de notre quotidien et dont on ne serait en mesure que de limiter les dégâts », a-t-il relevé.

Pour Mgr Redrado Marchite, l’ « activité capillaire » des organisations et des institutions de l’Eglise catholique qui travaillent dans ce secteur, montre bien qu’« avoir remplacé la drogue par la drogue a encore aggravé la situation au cours des années, rendant chronique cette dépendance, sans répondre à la question du sens de la vie qui, à notre avis, constitue le cœur du problème ».

L’Eglise, a-t-il déclaré, « ne cesse d’apporter son soutien en matière de prévention, œuvrant en particulier, et de manière incisive, dans le domaine pastoral, au niveau de la santé, de l’éducation, au plan social et familial, tout en s’occupant de réinsertion et de réhabilitation auprès des toxicomanes ».

A ce propos, elle « encourage et soutient tous les efforts de la communauté internationale et des hommes de bonne volonté dans la lutte contre le phénomène de la drogue au plan de la répression et du crime, de la coopération internationale et d’une politique qui place au centre de sa stratégie de récupération le respect de la vie et de la dignité de la personne du toxicomane, l’implication de la famille, en tant que cellule première de l’éducation et l’apport positif et multiforme des forces, des institutions et des associations engagées dans l’accompagnement social des toxicomanes et s’inspirant des nobles principes et valeurs de l’amour et de la solidarité ».

Mgr Redrado Marchite a rappelé que début 2006 le Saint-Siège a mené une étude dans 121 nations appartenant à 5 zones continentales (Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie) sur des programmes et activités concrètes dans des structures sanitaires catholiques qui luttent contre l’abus de drogues.

De cette recherche il est apparu que 33,3% des centres catholiques de santé suivent un programme de prévention contre l’abus de substances psychotropes, dont l’objectif, souligne Mgr Marchite, est « de repérer et accompagner les toxicomanes, éduquer à la prévention de l’abus de stupéfiants ; former et informer régulièrement le personnel socio-sanitaire sur les soins, l’accueil et l’accompagnement du toxicomane et de sa famille ; sensibiliser la communauté au problème de l’abus de drogues et combattre la discrimination ».

Cette étude a enregistré des succès en Espagne, en France, en Irlande et au Portugal, grâce surtout à « une intense activité de prévention et d’assistance par le biais de campagnes de sensibilisation, de séminaires, de cours et de congrès spécifiques sur la question, la désintoxication physique et la réhabilitation du jeune dans son milieu familial et social, garantissant à tous une intervention médicale, de l’aide psychologique, tout en encourageant l’adoption d’un style de vie, d’un comportement, qui soit une garantie favorable pour leur santé ».

Dans ce contexte, Mgr Marchite exhorte la Commission de l’ONU contre les drogues à tenir compte, dans ses délibérations, des indications du Saint-Siège, « vu qu’il s’agit de considérations non seulement pertinentes, mais aussi de bons sens », « et surtout conformes à la dignité de l’être humain ».

Roberta Sciamplicotti

Traduction française : Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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