ROME, Lundi 16 mars 2009 (ZENIT.org) – Dix années se sont écoulées depuis le décès, en 1999, de Mgr Isidore de Souza, président de la conférence épiscopale du Bénin et archevêque de Cotonou.
Pour honorer sa mémoire, l’Eglise du Bénin a institué du 1er au 15 mars, une quinzaine consacrée à des célébrations et des activités axées sur le thème : « Mgr de Souza, homme d’Eglise, de dialogue et de développement », dans un contexte où « il est important de proposer un modèle qui incarne au mieux les valeurs les plus importantes communes à la nation et à l’Eglise », relève la presse béninoise dans son ensemble.
Une presse qui reconnaît en Mgr de Souza, « l’un des grands acteurs de l’avènement du renouveau démocratique au Bénin », et dont les qualités de « chrétien modèle et de citoyen exemplaire » font de lui « un exemple à suivre » pour les jeunes générations.
« Plus les années avancent, plus le besoin d’approfondissement des discours sur Mgr Isidore de Souza se fait ressentir », souligne quant à lui l’Abbé André S. Quenum, dans son éditorial en première page du quotidien d’information catholique La Croix du Bénin. Et cela, non seulement pour ce qu’il représente, mais « aussi à propos des relations que le Bénin nourrit envers lui ».
Pour le rédacteur en chef de La Croix du Bénin, les témoignages et les commentaires qu’inspirent sa vie et ses actions ne prouvent pas seulement à quel point « le prélat est aimé et admiré même 10 ans après son rappel à Dieu » ; cela prouve aussi que, « allant au-delà du fait d’être en accord ou en désaccord avec quelqu’un comme lui, un peuple critique comme le Bénin peut, dans la durée, trouver des raisons de considérer certains de ses citoyens comme des modèles ».
Car s’il est indéniable pour l’abbé Quenum que Mgr de Souza « s’est laissé consumer pour et par l’Eglise de Jésus Christ, par une vie de dialogue et par une mission de développement », tout le monde sait « que les choses n’ont pas toujours été faciles pour lui et qu’il n’a pas toujours été compris ».
Dix ans après son décès, la mémoire de Mgr de Souza demeure vivante dans l’esprit des chrétiens catholiques et des citoyens béninois, souligne également son successeur sur le siège épiscopal de Cotonou, Mgr Marcel Agboton.
Dans une interview sur la vie et l’héritage spirituel de Mgr de Souza au Journal La Croix du Bénin, Mgr Agboton affirme que Mgr de Souza était « un grand de serviteur de Dieu » et qu’il peut être proposé aux jeunes d’aujourd’hui comme « un modèle » .
« Mgr de Souza était un homme de passion… qui ne se satisfaisait pas de ce qu’il accomplissait, … ne dormait pas sur ses lauriers… oublieux de lui-même », souligne l’archevêque de Cotonou, soulignant qu’il donnait toujours l’impression « de n’avoir rien fait tant qu’il n’avait pas encore fait davantage ».
Rappelant le grand attachement de Mgr de Souza « pour l ‘Eglise, pour le dialogue et pour le développement », Mgr Agboton estime que le trait essentiel de sa personnalité était « sa vocation d’homme d’Eglise », comme prêtre, comme curé, comme archevêque. Sa foi était une foi, dit-il « à déplacer les montagnes, à provoquer même la providence ».
Mais Mgr de Souza, reconnaît-il, était aussi un homme doté d’une grande capacité d’écoute et ouvert à tous, qui « pouvait parler avec tout le monde, qui avait le charisme de se mettre au niveau et à la portée de son interlocuteur, d’entrer dans la pensée de l’autre pour le comprendre, tirer le meilleur de lui, et lui donner le meilleur de lui-même », ajoute Mgr Agboton.
Enfin, « homme du don généreux, il a pu devenir un homme de pardon », souligne-t-il par ailleurs, rappelant que Mgr de Souza a été « l’un des rares en Afrique qui ait prôné le pardon comme moyen de régler les crises et conflits politiques ».
Dix ans après le décès de Mgr de Souza, la presse béninoise n’a pas manqué d’évoqué les actions de l’archevêque dans de nombreux domaines, ecclésial mais également social et politique, comme le Journal Fraternité qui rappelle que l’archevêque fut le président du présidium de la Conférence nationale des forces vives en 1989 et président du Haut-Conseil de la République.
Parmi ses œuvres, rappelle précisément Mgr Agboton au journal La Croix du Bénin : « d’abord le développement du diocèse dont il avait la charge sur les plans spirituel et pastoral; ensuite développement en tant que promotion de la dignité de la personne humaine, surtout des plus défavorisés : les enfants en situation difficile, les jeunes déscolarisés, la santé ».
Si pour le journal Fraternité, honorer la mémoire d’« un homme qui a tant fait pour la nation béninoise » est un « devoir de mémoire » qui peut apprendre également à « célébrer la mémoire d’autres grandes figures » de la société béninoise, pour l’archevêque de Cotonou, le souvenir de sa vie et de son dévouement de « serviteur de Dieu » doit « servir d’exemple » et continuer « de stimuler » les jeunes générations.
« Dans une perspective lucide, critique et même méditative, il y aurait beaucoup à découvrir en analysant la relation entre Mgr de Souza et son Eglise ou son peuple béninois, de son vivant et après sa mort, à travers les ombres et les lumières », souligne pour sa part l’abbé André S. Quenum, qui conclut ainsi son éditorial : « Il y a sûrement ici plus que le discours ne peut saisir ».
Isabelle Cousturié