ROME, Mercredi 11 mars 2009 (ZENIT.org) – Pour nombre de catholiques en Chine, les habitudes d’avant le concile Vatican II n’induisent pas une grande familiarité avec la Bible, indique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).
Enseignant au grand séminaire régional de Montecorvino, à Taiyuan, dans la province du Shanxi, le P. Peter Guo Quanzhi enseigne l’Ecriture Sainte depuis douze ans. Agé de 36 ans, il est également curé de la paroisse de Yangjiabao, dans le diocèse de Taiyuan. Fort de cette double expérience, il s’inquiète du peu d’intérêt que les fidèles comme les prêtres de l’Eglise catholique en Chine portent à l’étude et la lecture de la Bible. Ses observations, reprises par l’agence Ucanews, le 5 mars dernier, font suite au récent synode sur la Parole de Dieu, qui s’est tenu en octobre 2008 au Vatican.
Selon le P. Guo, cette situation, particulière à la Chine continentale, viendrait de ce que les catholiques qui ont reçu la foi et ont été formés avant le concile Vatican II (1962-65) entretiennent des rapports distants avec la Bible, considérant qu’elle ne doit pas être lue ou étudiée à la légère. Le prêtre rappelle qu’autrefois, seul le clergé était habilité à étudier les Ecritures, les laïcs n’ayant d’ailleurs que rarement la possibilité d’avoir et de lire une bible. Selon lui, la situation n’a pas beaucoup évolué depuis.
Non seulement il n’y a pas assez d’enseignants catholiques ni même de documentation suffisante pour les études bibliques dans les séminaires, mais l’accès des fidèles à la Bible n’est toujours pas aisé. Alors que les séminaristes ont besoin d’en apprendre davantage sur les aspects théologiques de la Bible, les laïcs ont besoin d’être guidés de manière concrète dans leur foi, ajoute-t-il.
Bien qu’au sein de l’Eglise en Chine, le nombre des jeunes prêtres qui ont reçu une partie de leur formation à l’étranger devienne significatif, la plupart d’entre eux préfèrent étudier la théologie plutôt que l’herméneutique – l’interprétation des Ecritures Saintes – ou la pratique de la Lectio Divina – la lecture priante de la Bible.
Du côté des livres disponibles, les trois plus importantes maisons d’édition catholiques du pays – Hebei Faith Press, Shanghai Guangqi Research Center et Sapientia Press House – ont bien publié des ouvrages sur des sujets touchant à la Bible, mais leur contenu est trop limité pour répondre aux attentes des catholiques chinois, souligne-t-il.
En 1999, le P. Guo a fait partie d’un groupe de 12 prêtres, issus de 12 grands séminaires de la Chine continentale qui ont participé à une session sur les méthodes d’enseignement de la Bible ; la session a eu lieu à Qingdao, dans la province du Shandong. Il déplore qu’aujourd’hui, dix de ces prêtres ont été réaffectés à des tâches purement pastorales, sans pouvoir appliquer à une plus grande échelle les connaissances acquises dans le domaine de l’apostolat biblique ; il regrette également le manque de coopération entre les enseignants des grands séminaires sur le sujet.
Rappelant que Jésus s’appuyait sur des exemples de la vie de tous les jours pour parler à des gens ordinaires, le P. Guo explique que « le message de vie » de la Bible doit être transmis aux fidèles avec la même efficacité. Il suggère que l’Eglise en Chine forme un groupe de prêtres et de religieuses qui seraient capables de développer l’étude de la Bible et son enseignement parmi les laïcs. Il faut « réinsérer la Bible dans la vie quotidienne des catholiques », explique-t-il.
Selon lui, instaurer un rapport de proximité voire de familiarité avec la Bible, bien que cela aille à l’encontre des habitudes bien ancrées des fidèles « d’avant le concile » pourrait seul redonner toute sa place à l’étude et à la lecture des Ecritures dans l’Eglise de Chine.
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