ROME, Lundi 9 mars 2009 (ZENIT.org) – L’Eglise catholique veut accorder aux femmes un rôle décisionnaire plus important au sein de ses institutions, indique Eglises d’Asie (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP) à l’occasion de la Journée internationale des femmes,.
« L’Eglise catholique se doit d’augmenter la proportion de femmes dans ses instances décisionnaires », a déclaré à l’agence Ucanews, Soeur Gratia Kim Sook-hee à l’occasion de la Journée internationale des femmes hier 8 mars (1). La cinquantaine dynamique, Soeur Kim est secrétaire exécutive du Comité pour les femmes de la Conférence des évêques catholiques de Corée (CBCK). Elle explique que son comité a demandé aux évêques que soit attribué aux femmes un quota de 30 % des postes dans les conseils paroissiaux.
Selon les statistiques ecclésiales de 2007, les femmes représentent 58,3 % des 4,8 millions de catholiques sud-coréens. Pourtant, selon Park Eun-mi, membre de l’Institut de recherche des femmes catholiques de Corée (Catholic Women’s Research Institute of Korea), les membres des comités des différentes Eglises ne comptent que 10 % d’éléments féminins.
Soeur Kim est une ancienne provinciale de la Société du Sacré-Cœur en Corée (2) et membre exécutif du Rassemblement des religieux d’Asie et d’Océanie (Asia-Oceania Meeting Of Religious, AMOR). Elle poursuit : « Le 8 mars est la Journée internationale des femmes. Ce jour-là, nous sommes invités à réfléchir sur la réalité et le statut de la femme à l’heure où nous nous efforçons de créer une communauté où hommes et femmes pourraient vivre dans une harmonie également partagée. Pour ce faire, j’aimerais émettre quelques propositions sur la façon d’utiliser le potentiel des femmes au sein de l’Eglise locale. En avril 2008, le comité dont je fais partie a tenu un séminaire sur la mise en pratique du potentiel féminin au service de l’Eglise (…). Bien que ce soit là une question à laquelle il est difficile de répondre en si peu de temps, le séminaire a soulevé un certain nombre de points intéressants ».
Lee Sang-hwa, qui travaille pour l’Institut coréen pour la promotion et l’éducation à l’égalité des sexes (Korean Institute for Gender Equality Promotion and Education), organisme d’Etat, a expliqué certaines des mesures du gouvernement afin de promouvoir la prise de responsabilité par les femmes, et argumenté sur le fait que l’Eglise devait également encourager la participation des femmes dans les prises de décision et favoriser leur promotion.
Park Eun-mi, membre de l’Institut de recherche coréen des femmes catholiques, a parlé de la condition féminine aujourd’hui dans l’Eglise, soulignant que les femmes de moins de 50 ans éprouvaient de grandes difficultés à participer aux activités ecclésiales. Elle a proposé que les prêtres mettent en place des projets spécifiques, notamment pour celles qui ont de jeunes enfants, comme la messe des familles avec les tout-petits, des conférences et des retraites sur les thèmes de la famille.
Le P. Hugo Park Jung-woo, prêtre à Séoul, membre du Comité pour les femmes de la CBCK, a fait constater qu’au sein de l’Eglise, la plupart des bénévoles étaient des femmes mais que ce nombre allait décroissant au fur et à mesure que les femmes s’engageaient dans le marché de travail. Il a donc suggéré que l’Eglise envisage de rémunérer celles qui étaient à son service, dans les activités liturgique, musicale ou encore le catéchisme.
« J’ai pour ma part, quelques suggestions, a-t-il dit :
Premièrement, dans l’Eglise, un très petit nombre de femmes participe aux prises de décision. De même que la société coréenne évolue progressivement vers l’égalité des sexes, tout spécialement à travers les mesures gouvernementales, l’Eglise se doit également d’augmenter la représentation des femmes dans ses organes décisionnaires. Par conséquent, notre Comité pour les femmes a demandé à la Conférence épiscopale de s’engager à ce que 30 % des membres des conseils pastoraux paroissiaux soient des éléments féminins. (…).
Deuxièmement, je désire souligner combien il est important de développer des projets de formation pour les femmes. La première étape consisterait à se faire une idée précise de la réalité d’aujourd’hui, en identifiant la place des femmes dans les différentes fonctions d’Eglise, comme les catéchistes et les responsables de districts paroissiaux, dans les statistiques et les rapports annuels de l’Eglise.
Ensuite, l’Eglise devra développer des secteurs d’activités tels que le conseil, le travail social ou l’éducation, dans lesquels les femmes pourront utiliser leurs talents professionnels (…).
Alors que de plus en plus de femmes commencent à exercer « leur pouvoir » dans la société, l’Eglise a mis davantage l’accent sur la formation des responsables masculins comme les séminaristes ou les prêtres.
C’est ici que j’aimerais faire remarquer que les religieuses ont besoin de jouer un rôle actif en tant que responsables au sein de l’Eglise. Et pour ce faire, leurs congrégations doivent pouvoir aider ceux de leurs membres qui sont compétents à exercer leurs charismes en accord avec l’ensemble de l’Eglise ».
(1) Ucanews, 6 mars 2009
(2) La Société du Sacré-Cœur de Jésus a été fondée en 1800 par sainte Madeleine-Sophie Barat. De spiritualité ignacienne, la congrégation, qui a essaimé dans 45 pays, compte aujourd’hui environ 3 500 religieuses. Les sœurs du Sacré-Cœur, essentiellement enseignantes à l’origine, s’investissent aujourd’hui dans différents secteurs de la pastorale, travaillent au sein des institutions (ONU, Union européenne, ONG) ou exercent dans les domaines de la justice, de la médecine, de l’éducation, dans les services sociaux.
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