La pastorale des camionneurs, un « petit trésor caché »

Intervention de Mgr Marchetto à un Congrès sur la sécurité routière en Europe

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ROME, Mercredi 4 mars 2009 (ZENIT.org) – Parmi les différentes préoccupations pastorales, celle réservée aux camionneurs est à considérer comme un « petit trésor caché » qui mérite une certaine attention, vu les nombreux défis auxquels ces derniers sont confrontés.

C’est ce qu’a déclaré Mgr Agostino Marchetto, secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, durant son intervention à la rencontre qu’organise ces jours-ci, à Innsbruck (Autriche), l’Association Européenne des Concessionnaires d’Autoroutes et d’ouvrages à Péage (ASECAP), sur la sécurité routière en Europe.

La pastorale des camionneurs, a rappelé Mgr Marchetto, est une question que le pape Pie XII avait soulevée la première fois, il y a cinquante ans, définissant sa cause « une cause missionnaire très petite avec une paroisse très vaste ».

D’après les statistiques, 44% des biens européens sont acheminés par la route, et les experts prévoient une augmentation de 50% du nombre de camions sur les routes d’ici 2010. Mais les statistiques révèlent aussi que dans les quelque 40.000 accidents de la route enregistrés chaque année en Europe, les camionneurs ne sont responsables que dans 4% des cas, même si le taux de mortalité dans cette catégorie est de 16%.

Pour l’Eglise, a expliqué Mgr Marchetto, « la mobilité et les transports, dans le contexte de la famille humaine, peuvent constituer une forme de trait d’union mondial, en encourageant les échanges et la compréhension ».

D’où la nécessité d’accorder une attention particulière à tous ceux qui travaillent dans ce secteur, estime Mgr Marchetto, surtout à « ceux qui accomplissent de longs voyages et affrontent une vaste gamme de défis et problèmes ». Car, ces difficultés demandent, selon lui, « une approche pastorale distincte et spécifique ».

Ces difficultés, a-t-il précisé, sont de cinq ordres : « physique, personnel, moral, social et spirituel ».

Au plan physique, le métier de camionneur est plutôt dur, a commenté Mgr Marchetto : de longues distances à parcourir, chargement ou déchargement des marchandises à chaque étape, accumulation de fatigue, manque d’exercice, autant d’inconvénients qui, a-t-il relevé, « peuvent provoquer des problèmes au niveau mental », être source « de stress, solitude, et dépression », voire même de « tension et de colère » quand « devoirs et pressions deviennent excessifs ». Autant de situations, estime-t-il, qui peuvent porter les conducteurs à une conduite « agressive et dangereuse ».

Au plan social, Mgr Marchetto relève chez les camionneurs des difficultés comme « l’isolement, la séparation des amis, de la famille et des enfants, et une incapacité à vivre une vie familiale normale ».

« Parfois, cette séparation peut conduire les camionneurs à chercher des partenaires sexuels ailleurs, provoquant des tensions personnelles et matrimoniales », a-t-il relevé, « ou à chercher refuge dans la drogue et/ou dans l’alcool. Sans compter, a-t-il ajouté, que l’on peut être incapables de conduire une vie normale », par manque de coordination dans des milieux où la culture et la langue sont différentes.

Au plan spirituel, Mgr Marchetto, a mis l’accent sur la nécessité, pour les personnes croyantes, de pouvoir « avoir accès aux sacrements, à l’accompagnement et à la prière ».

De ce point de vue-là, en Europe, a-t-il estimé « on ne navigue pas en des eaux totalement inexplorées », même si « cela dépend beaucoup de l’héritage spirituel et culturel du pays, des ressources de l’Eglise et de la vision précise des évêques, pasteurs et laïcs ».

Dans beaucoup de pays, a rappelé Mgr Marchetto, des initiatives ont été prises comme la mise en place de « chapelles (fixes ou mobiles) le long des autoroutes, la possibilité pour les visiteurs d’avoir accès à des structures de service pastoral, de participer à des cérémonies liturgiques, dans les zones autoroutières et dans les parkings réservés aux camions ».

Le principe, a-t-il précisé, n’est pas de « créer une ‘Eglise de la route’, en y célébrant la messe (même si cela est possible pour ceux qui le souhaitent) de façon distincte et totalement séparée », mais « d’aider les gens qui sont sur les routes à s’intégrer dans la vie générale de l’Eglise ».

Enfin, a souligné Mgr Marchetto, l’autre secteur de soutien pastoral à soigner est celui des familles qui restent à la maison. Une assistance qu’il dit juger importante pour « sauvegarder les liens du mariage et les liens familiaux, et pour créer un espace d’accueil où le conducteur peut revenir, se reposer et se ressourcer au plan humain, spirituel et mental ».

Si beaucoup a été fait avec la mise en circulation des téléphones portables et le progrès des nouvelles technologies, « on pourrait faire encore davantage en dotant les cafés, présents sur les autoroutes et sur les parkings pour camions, de connexions internet et de moyens qui leur permettent de se parler et de se voir à travers le web ».

En conclusion, pour Mgr Marchetto, il est nécessaire de trouver « de nouveaux modes de coopération et de coordination », qui puissent transformer « la route en un lieu plus sûr où vivre et travailler et où la dignité de chaque personne humaine serait au premier plan des préoccupations ».

Roberta Sciamplicotti

Traduction française : Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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