Pour construire la paix, « redonner espoir aux pauvres »

Discours de Benoît XVI au Corps diplomatique (1)

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ROME, Mercredi 7 janvier 2009 (ZENIT.org) – « Pour construire la paix, il convient de redonner espoir aux pauvres », déclare Benoît XVI : il faut d’urgence « une stratégie efficace pour combattre la faim » et investir dans la « jeunesse ».

Le pape a reçu ce matin en audience au Vatican les membres du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège et il leur a adressé son discours le plus attendu de l’année sur l’état du monde et la géopolitique vaticane.

Sous le signe de « l’espérance »

Benoît XVI a placé son discours sous le signe de « l’espérance » inspirée par le « mystère de l’incarnation du Verbe », fêtée à Noël. Et il a présenté ses vœux pour une année « féconde de justice, de sérénité et de paix ».

La première pauvreté mentionnée par le pape est celle des « graves catastrophes naturelles », qui ont frappé en 2008 le Vietnam, la Birmanie, la Chine et les Philippines, l’Amérique centrale et les Caraïbes, la Colombie et le Brésil.

Le pape a cité les pauvretés engendrées par les « conflits nationaux ou régionaux sanglants » ou encore des « attentats terroristes qui ont semé la mort et la destruction » : Afghanistan, Inde, Pakistan et Algérie.

Il a invité les nations à « ne pas se décourager ni diminuer l’engagement en faveur d’une culture de paix authentique » et à « redoubler d’efforts en faveur de la sécurité et du développement ».

Dépenses militaires

Il a relu dans cette dynamique la ratification par le Saint-Siège et « parmi les premiers », de la « Convention sur les armes à sous-munitions », un document, a souligné le pape « qui a aussi l’objectif de renforcer le droit international humanitaire ».

Benoît XVI a en effet exprimé sa « préoccupation » devant les « symptômes de crise » dans le domaine du « désarmement » et de la « non-prolifération nucléaire ».

Il a déploré l’inflation des dépenses militaires, comme contradictoire avec la recherche de la paix mondiale : « On ne peut pas construire la paix quand les dépenses militaires soustraient d’énormes ressources humaines et matérielles aux projets de développement, spécialement des peuples les plus pauvres ».

Redonner espoir aux pauvres

C’est pourquoi, dans la ligne de son message du 1er janvier 2009 pour la Journée mondiale de la Paix – « combattre la pauvreté, construire la paix » – Benoît XVI a centré son discours aux diplomates sur « les pauvres, les trop nombreux pauvres de notre planète ». «  Pour construire la paix, il convient de redonner espoir aux pauvres », a affirmé le pape.

Il a mentionné les effets de « la crise financière et économique mondiale » sur les personnes et les familles, mais aussi la « la crise alimentaire et le réchauffement climatique, qui rendent encore plus ardu l’accès à la nourriture et à l’eau pour les habitants de régions parmi les plus pauvres de la planète ».

Ce n’est pas une utopie !

Benoît XVI a demandé d’urgence « une stratégie efficace pour combattre la faim et faciliter le développement agricole local » et déplore que « la proportion de pauvres augmente à l’intérieur même des pays riches ».

Il a salué le travail de la Conférence de Doha sur le financement du développement qui a « identifié des critères utiles pour orienter la gouvernance du système économique et venir en aide aux plus faibles ».

Mais surtout, le pape a invité les nations à « bâtir une nouvelle confiance » en mettant en œuvre « une éthique fondée sur la dignité innée de la personne humaine ».

C’est « exigeant », a reconnu le pape, mais « ce n’est pas une utopie ! » Et de souligner l’enjeu : « Notre avenir est en jeu, ainsi que le sort même de notre planète et de ses habitants, en premier lieu des jeunes générations qui héritent d’un système économique et d’un tissu social durement compromis ».

Voyages de Benoît XVI en 2008

Pour combattre la pauvreté, le pape a aussi indiqué l’éducation des jeunes : « Si nous voulons combattre la pauvreté, nous devons investir avant tout dans la jeunesse, l’éduquant à un idéal d’authentique fraternité ». Il a cité la JMJ de Sydney.

Et pour ce qui est des « attentes » des sociétés, notamment aux Etats-Unis, le pape a fait observer que « beaucoup attendent que l’Eglise exerce avec courage et clarté sa mission d’évangélisation et son œuvre de promotion humaine ».

Il a cité son discours à l’ONU à propos des soixante ans de la Déclaration universelle des Droits de l’homme pour en affirmer la valeur: « Ce document se fonde sur la dignité de la personne humaine, et celle-ci sur la nature commune à tous qui transcende les diverses cultures ».

La saine laïcité

A propos de Lourdes, le pape souligne la « grande actualité » du « message de conversion et d’amour qui irradie de la grotte de Massabielle ». Il y voit une « invitation constante à construire notre existence et les relations entre les peuples sur des bases de respect et de fraternité authentiques, conscients que cette fraternité suppose un Père commun à tous les hommes, le Dieu Créateur ».

Comme lors de son voyage en France, le pape a souligné la valeur de la laïcité : « Une société sainement laïque n’ignore pas la dimension spirituelle et ses valeurs, parce que la religion (…) n’est pas un obstacle, mais au contraire un fondement solide pour la construction d’une société plus juste et plus libre ».

Après cette rétrospective de ses voyages et de l’action du Saint-Siège en 2008, le pape a fait un « tour du monde » continent par continent, en s’arrêtant aux points chauds de la planète, et en particulier à la situation des chrétiens.

La voie maîtresse

Benoît XVI a conclu son discours avec son message du 1er janvier où il mentionne les « êtres humains les plus pauvres » : « les enfants qui ne sont pas nés » (n. 3), mais aussi « les malades et les personnes âgées abandonnées, les familles divisées et sans points de repères ».

Le pape a identifié cette condition du combat contre la pauvreté : « si l’humanité est rendue plus fraternelle par des valeurs et des idéaux partagés, fondés sur la dignité de la personne, sur la liberté alliée à la responsabilité, sur la reconnaissance effective de la place de Dieu dans la vie de l’homme ».

Il a invité le Corps diplomatique à regarder « Jésus, l’humble enfant couché dans la mangeoire » : « Parce qu’Il est le Fils de Dieu, il nous indique que la solidarité fraternelle entre tous les hommes est la voie maîtresse pour combattre la pauvreté et pour construire la paix ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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