La Communauté de Taizé réunit 40 000 jeunes à Bruxelles : Bilan de Fr. Alois

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ROME, Mardi 6 janvier 2009 (ZENIT.org) – Nous reprenons ci-dessous une réflexion de frère Alois, prieur de la Communauté œcuménique de Taizé, publiée par L’Osservatore Romano en langue française, sur la 31ème rencontre européenne de jeunes qui s’est déroulée à Bruxelles du […]

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ROME, Mardi 6 janvier 2009 (ZENIT.org) – Nous reprenons ci-dessous une réflexion de frère Alois, prieur de la Communauté œcuménique de Taizé, publiée par L’Osservatore Romano en langue française, sur la 31ème rencontre européenne de jeunes qui s’est déroulée à Bruxelles du 29 décembre au 2 janvier.

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Au lendemain de notre 31ème rencontre européenne de jeunes, ce qui me remplit le cœur, c’est en premier lieu une grande reconnaissance pour l’accueil que nous avons reçu à Bruxelles et dans la région environnante. Des milliers de familles ont hébergé la presque totalité des participants. Que des personnes ouvrent leurs portes à des jeunes qu’elles ne connaissent pas, venus d’autres pays, dans une période où l’on a souvent peur des étrangers, cela met en lumière la communion de l’Eglise et approfondit une compréhension mutuelle entre peuples. L’hospitalité est un geste par lequel tous peuvent devenir, très simplement, porteurs de paix dans la société.

Cette rencontre a été préparée en étroite collaboration avec les chrétiens de Bruxelles. Des frères de notre communauté ont vécu plusieurs mois dans la ville pour travailler à cet accueil, ensemble avec les paroisses. Ainsi ceux qui sont venus de toute l’Europe ne se sont pas seulement rencontrés entre eux, mais ont fait l’expérience d’une église locale, et cela peut les encourager à s’engager, de retour chez eux, dans leur propre église locale, leurs paroisses : ils découvriront que, même à deux ou trois, il est possible de s’entraîner mutuellement à prier, à approfondir la confiance en Dieu.

A Bruxelles, chaque matin, ils se sont réunis dans la paroisse où ils étaient hébergés, ils ont prié ensemble, ils ont échangé avec les gens de la paroisse. A midi et le soir, nous nous sommes retrouvés tous ensemble pour les prières communes dans de grands halls d’exposition aménagés en lieux de prière. Ces prières communes rendaient visible un reflet de l’universalité de l’Eglise. Cœur de la rencontre, elles pouvaient soutenir une interrogation intérieure proposée à chacun : comment désensabler en nous la source d’espérance et de joie ? N’est-ce pas avant tout en cherchant à découvrir la présence d’un Dieu d’amour dans notre vie ?

Alors que l’horizon s’assombrit pour beaucoup, il était important que ces milliers de jeunes se réunissent pour redire l’espérance qui les anime pour leur vie personnelle, pour la société, pour le monde. Cette espérance se nourrit de la conviction qu’une nouvelle fraternité entre les hommes peut naître. Une nouvelle solidarité peut renouveler la vie de nos sociétés. Etre rassemblés dans une si belle communion ouvre même à une nouvelle compréhension de Dieu.

Même si des milliers de jeunes sont ensemble, une telle rencontre n’est pas une réunion de masse. Les échanges personnels en petits groupes y tiennent une grande place. Les après-midi, les jeunes ont réfléchi à de nombreux thèmes grâce à des carrefours. J’en donne quelques exemples. Certains thèmes étaient explicitement liés à la recherche de Dieu : ‘comment découvrir l’appel de Dieu dans ma vie ?’ D’autres carrefours ont abordé des questions de société : ‘quelles actions sont possibles pour une économie plus solidaire ?’ Deux commissaires européens ont été présents et ont animé deux carrefours sur l’Europe. L’art et la musique n’ont pas été oubliés. Deux carrefours ont visé la rencontre des cultures : des chœurs musulmans et chrétiens ont chanté en alternance, des chants du monde ont été présentés par des chorales de communautés chrétiennes vivant à Bruxelles.

Beaucoup de jeunes sont allés prier un moment dans un lieu aménagé pour ceux qui cherchaient le silence. Là ils avaient aussi la possibilité de recevoir le sacrement de réconciliation, ou simplement d’être écoutés. Ils ont été nombreux à confier une question, une souffrance ou une joie. Voyant combien c’était important pour eux, je me disais : comment vivre mieux le ministère d’écoute dans nos Eglises ? Des hommes et des femmes y sont prêts et peuvent le faire. Etre accueilli personnellement, se confier à quelqu’un est essentiel pour retrouver toujours à nouveau la confiance en Dieu.

Comme la rencontre européenne se tenait cette année à Bruxelles, siège des institutions européennes, il est apparu important d’adresser à l’Union Européenne un message traduisant les attentes et les espoirs des jeunes, reflétant aussi les questions souvent entendues de leur part.

Accueillant des jeunes depuis tant d’années à Taizé ou dans des rencontres comme celle de Bruxelles, nous constatons que s’est créée une conscience européenne dans les nouvelles générations. Une connaissance mutuelle entre pays européens s’approfondit. Les jeunes veulent une Europe ouverte et solidaire des pays les plus pauvres. Ils voudraient que les institutions européennes fassent tout pour aller dans ce sens.

Quinze jours avant la rencontre, je suis allé à Bruxelles apporter ce message à Monsieur José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Par cette démarche je voulais exprimer l’espérance que notre «pèlerinage de confiance sur la terre» porte des fruits aussi au niveau de la vie des sociétés et que se produise un rapprochement : que les jeunes comprennent mieux le travail des institutions européennes et que celles-ci soient plus à l’écoute des aspirations des jeunes.

L’Europe a réussi à ouvrir une période de paix sans précédent dans l’histoire. Ce sont des chrétiens qui ont osé amorcer des réconciliations inespérées entre peuples européens. Est-ce que les jeunes continueront à bâtir cette paix ? Vont-ils contribuer à construire une Europe ouverte et solidaire ?

A la fin de la rencontre, une question était posée : quels engagements sont à notre portée face à la complexité des problèmes qui nous entourent, la pauvreté, les injustices, les menaces de conflits ? N’est-ce pas d’aller vers les autres, dans une grande simplicité ? Aller vers les plus vulnérables. Visiter ceux qui sont exclus ou abandonnés. Chercher à accomplir des signes concrets d’une Europe ouverte et solidaire, pensant en particulier aux immigrés si proches et pourtant souvent si loin.

Pourquoi, avec mes frères, consacrons-nous tant d’énergies à préparer de telles rencontres ? C’est que, pour beaucoup de jeunes qui cherchent une confiance en Dieu, les paroles d’un enseignement ne suffisent plus aujourd’hui. Une expérience de communion, de la communion de l’Eglise, est indispensable pour mieux comprendre l’Evangile.

© Copyright  : L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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