Homélie lors du « Te Deum » d’action de grâce

31 décembre 2008 : premières vêpres de la solennité de la Très Sainte Mère de Dieu

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ROME, Vendredi 2 janvier 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous l’homélie prononcée par le pape Benoît XVI lors des Premières vêpres de la solennité de la Très Sainte Mère de Dieu, célébrée dans la basilique Saint-Pierre, le 31 décembre 2008.

             Chers frères et sœurs!

            L’année qui se termine et celle qui s’annonce à l’horizon sont placées toutes les deux sous le regard bénissant de la Très Sainte Mère de Dieu. La sculpture artistique en bois polychrome placée ici, à côté de l’autel, qui la représente sur le trône avec l’Enfant bénissant, nous rappelle sa présence maternelle. Nous célébrons les premières Vêpres de cette solennité mariale, et dans celles-ci nombreuses sont les références liturgiques  au mystère de la maternité divine de la Vierge.

            «O admirabile commercium! Merveilleux échange!». Ainsi commence l’antienne du premier psaume, pour poursuivre ensuite: «Le Créateur a pris une âme et un corps, il est né d’une vierge». «Lorsque d’une manière unique tu es né de la Vierge, tu as accompli les Ecritures», proclame l’antienne du deuxième psaume, à laquelle font écho les paroles de la troisième antienne qui nous a introduits au cantique tiré de la Lettre de Paul aux Ephésiens: «Ta virginité est intègre, Mère de Dieu: nous te louons, tu pries pour nous». La maternité divine de Marie est soulignée également dans la brève lecture qui vient d’être proclamée, qui repropose les versets célèbres de la Lettre aux Galates: «Mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils; il est né d’une femme […] pour faire de nous des fils» (Ga 4, 4-5). Et dans le traditionnel Te Deum, que nous élèverons au terme de notre célébration devant le Très Saint Sacrement solennellement exposé à notre adoration, nous chanterons aussi: «Tu, ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti Virginis uterum», en français: «Toi, ô Christ, tu naquis de la Vierge Mère pour le salut de l’homme».

            Ce soir, tout nous invite donc à tourner le regard vers Celle qui «reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps, et présenta au monde la vie» et qui précisément pour cela – rappelle le Concile Vatican ii – «est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu» (Const. Lumen gentium, n.53). Le Noël du Christ, que nous commémorons en ces jours, est entièrement parcouru par la lumière de Marie et, alors que dans la crèche nous nous arrêtons pour contempler l’Enfant, le regard ne peut que se tourner avec reconnaissance également vers la Mère, qui par son «oui» a rendu possible le don de la Rédemption. Voilà pourquoi le temps de Noël contient en lui une profonde connotation mariale; la naissance de Jésus, homme-Dieu et la maternité divine de Marie sont des réalités indissociables  entre elles; le mystère de Marie et le mystère du Fils unique de Dieu qui se fait homme, forment un unique mystère,  l’un aidant à mieux comprendre l’autre.

            Marie Mère de Dieu – Theotokos, Dei Genetrix. Dès l’antiquité, la Vierge fut honorée sous ce titre. Mais  pendant de nombreux siècles on ne trouve pas en occident  de fête spécifique consacrée à la maternité divine de Marie. C’est le Pape Pie xi qui l’introduisit dans l’Eglise latine en 1931, à l’occasion du 15e centenaire du Concile d’Ephèse, et il la fêta le 11 octobre. C’est à cette date que commença, en 1962, le Concile œcuménique Vatican ii. Ce fut ensuite le serviteur de Dieu Paul  VI, en 1969, qui, reprenant une antique tradition, fixa cette solennité le premier janvier. Et dans l’Exhortation apostolique Marialis cultus du 2 février 1974, il expliqua  la raison de ce choix et son lien avec la Journée mondiale de la Paix. «Dans l’ordonnance réformée  du temps de Noël    – écrivit Paul VI -, il nous semble que tous doivent tourner leur attention vers la réinstauration de la solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu: […] elle est destinée à célébrer la part qu’a eue Marie au mystère du salut et à exalter la dignité particulière qui en découle pour la Mère très sainte […] Elle constitue par ailleurs une excellente occasion pour renouveler notre adoration au nouveau-né Prince de la Paix, pour écouter à nouveau le joyeux message des anges (cf. Lc 2, 14), pour implorer de Dieu, par la médiation de la Reine de la Paix, le don suprême de la paix» (n. 5 in: Insegnamenti di Paolo vi, xii 1974, pp. 105-106).

             Ce soir, nous voulons placer entre les mains de la Mères céleste de Dieu notre hymne choral d’action de grâce au Seigneur pour les bienfaits qu’au cours des douze mois écoulés il nous a largement accordés. Le premier sentiment, qui naît ce soir spontanément dans notre cœur, est précisément de louange et d’action de grâce à Celui qui nous fait don du temps, précieuse opportunité pour accomplir le bien; nous y joignons  la requête de pardon pour ne pas l’avoir peut-être toujours employé utilement. Je suis content de partager cette action de grâce avec vous, chers frères et sœurs, qui représentez notre Communauté diocésaine, à laquelle j’adresse mon salut cordial, en l’étendant à tous les habitants de Rome. J’adresse un salut particulier au cardinal vicaire et au maire, qui ont tous le deux commencé leurs missions différentes  cette année – l’une spirituelle et religieuse, l’autre civile et administrative – au service de notre ville. Mon salut s’étend aux évêques auxiliaires, aux prêtres, aux personnes consacrées et aux nombreux fidèles laïcs ici rassemblés, ainsi qu’aux autorités présentes. En venant au monde, le Verbe éternel du Père nous a révélé la proximité de Dieu et la vérité ultime sur l’homme et sur son destin éternel; il est venu demeurer avec nous pour être notre soutien irremplaçable, en particulier dans les inévitables difficultés de chaque jour. Et ce soir la Vierge elle-même nous rappelle quel grand don Jésus nous a fait avec sa naissance, quel «trésor» précieux constitue pour nous son Incarnation. Dans son Noël, Jésus vient offrir sa Parole comme une lampe qui guide nos pas; il vient s’offrir lui-même et nous devons savoir rendre raison de Lui, notre espérance certaine, dans notre existence quotidienne, conscients que «le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné» (Gaudium et spes, n.22).

            La présence du Christ est un don que nous devons savoir partager avec tous. C’est à cela que vise l’effort que la communauté diocésaine accomplit  pour la formation des agents pastoraux, afin qu’ils soient en mesure de répondre aux défis que la culture moderne pose à la foi chrétienne. La présence d’institutions universitaires nombreuses et qualifiées à Rome, ainsi que les nombreuses initiatives promues par les paroisses nous permettent de regarder avec confiance l’avenir du christianisme dans cette ville. La rencontre avec le Christ, vous le savez bien, renouvelle l’existence personnelle et nous aide à contribuer à la construction d’une société juste et fraternelle. Voilà alors que, comme croyants, on peut apporter une grande contribution également pour surmonter l’urgence actuelle en matière d’éducation. Il est alors plus que jamais utile que croisse l’harmonie entre les familles, l’école et les paroisses en vue d’une évangélisation profonde et d’une courageuse promotion humaine, capables de transmettre au plus grand nombre de personnes possible la richesse qui jaillit de la rencontre avec le Christ. J’encourage pour cela chaque composante de notre diocèse à poursuivre le chemin entrepris, en réalisant ensemble le programme de l’année pastorale en cours, qui vise précisément à «éduquer à l’espérance dans la prière, dans l’action, dans la souffrance».

            A notre époque, marquée par l’incertitude et la préoccupation pour l’avenir, il est nécessaire de ressentir la présence vivante du Christ. C’est vers Marie, Etoile de l’espérance, qu’Il nous conduit. C’est Elle, grâce à son amour maternel, qui peut guider vers Jésus en particulier les jeunes, qui portent gravée de façon indélébile dans leur cœur la question sur le sens de l’existence humaine. Je sais que divers groupes de parents, en se rencontrant pour approfondir leur vocation, cherchent de nouvelles voies pour aider leurs enfants à répondre aux grandes interrogations de l’existence. Je les exhorte cordialement, ainsi que toute la communauté chrétienne, à témoigner aux nouvelles générations de la joie qui jaillit de la rencontre avec Jésus qui, en naissant à Bethléem, est venu non pas nous prendre quelque chose, mais tout nous donner.

            Au cours de la Nuit de Noël, j’ai eu un souvenir particulier pour les enfants, ce soir, en revanche, c’est en particulier aux jeunes que je voudrais réserver mon attention. Chers jeunes, responsables de l’avenir de notre ville, n’ayez pas peur du devoir apostolique que le Seigneur vous confie, n’hésitez pas à choisir un style de vie qui ne suit pas la mentalité hédoniste actuelle. L’Esprit Saint vous assure la force nécessaire pour témoigner de la joie de la foi et de la beauté d’être chrétiens. Les nécessités croissantes de l’évangélisation exigent de nombreux ouvriers dans la vigne du Seigneur: n’hésitez pas à lui répondre aussitôt s’Il vous appelle. La société a besoin de citoyens qui ne se préoccupent pas seulement de leurs propres intérêts car, comme je l’ai rappelé le jour de Noël: «si chacun pense uniquement à ses propres intérêts, le monde ne peut qu’aller à sa ruine».

    Chers frères et sœurs, cette année se conclut avec la conscience d’une crise sociale et économique croissante qui touche désormais le monde entier;  une crise qui demande à tous davantage de sobriété et de solidarité pour venir en aide en particulier aux personnes et aux familles qui connaissent le plus de difficulté. La communauté chrétienne s’engage déjà et je sais que la Caritas diocésaine et les autres organisations caritatives font leur possible, mais la collaboration de tous est nécessaire car personne ne peut  penser construire seul son propre bonheur Même si apparaissent à l’horizon de nombreuses ombres sur notre avenir, nous ne devons pas avoir peur. Notre grande espérance de croyants est la vie éternelle dans la communion du Christ et de toute la famille de Dieu. Cette grande espérance nous donne la force d’affronter et de surmonter les difficultés de la vie dans ce monde. La présence maternelle de Marie nous assure ce soir que Dieu ne nous abandonne jamais, si nous nous confions à Lui et si nous suivons ses enseignements. Nous présentons donc à Marie, avec une affection et une confiance filiales, les attentes et les espérances, ainsi que les peurs et les difficultés qui habitent notre cœur, tandis que nous prenons congé de l’année 2008 et que nous nous apprêtons à accueillir l’année 2009. Que la Vierge Marie nous offre l’enfant couché dans la crèche comme notre espérance certaine. Emplis de confiance, nous pourrons alors chanter en conclusion du Te Deum: «In te, Domine, speravi: non confundar in aeternum – Tu es Seigneur mon espérance, jamais je ne serai déçu!». Oui Seigneur, en Toi nous plaçons notre espérance, aujourd’hui et à jamais; Tu es notre espérance. Amen!

© Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice du Vatican

Traduction : Zenit

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ZENIT Staff

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