ROME, Dimanche 30 novembre 2008 (ZENIT.org) – Les écoles catholiques en Angleterre et en Irlande défendent leurs droits face aux attaques continues.
L’England’s Catholic Education Service (CES) rejette des accusations de la presse affirmant que les écoles catholiques n’auraient pas appliqué la loi sur les admissions, rapporte le Catholic Herald du 17 octobre. Le CES affirme que la plupart des accusations portent sur des aspects administratifs et non politiques.
Le président du département pour l’éducation de la Conférence épiscopale, Mgr Vincent Nichols, a défendu le droit des écoles catholiques à contrôler ses propres admissions, selon le Catholic Herald.
Dans son intervention, Mgr Nichols déplore que certains « trouvent politiquement avantageux » de faire croire à une « concurrence déloyale » des écoles catholiques, en les accusant de « choisir » les élèves en fonction de leurs intérêts.
Avant que n’éclate la question des admissions, la légitimité des écoles catholiques avait été mise en doute par un nouveau groupe de pression, Accord, institué pour faire pression sur le gouvernement et ainsi contraindre les écoles catholiques à accepter des élèves et des enseignants de toutes confessions.
Selon un reportage de la BBC, diffusé le 29 août, Accord est une association de laïcs et religieux. Son but est d’empêcher le financement public à l’intention des écoles qui, selon elle, agiraient de manière « discriminatoire ».
Selon les critiques, les écoles catholiques choisissent les meilleurs étudiants et puisent de manière disproportionnée dans les milieux de familles aisées.
Selon la BBC, en Angleterre, sur un total de 21.000 instituts scolaires, il y aurait environ 6.850 écoles religieuses, à grande majorité catholiques ou anglicanes.
« Les bonnes écoles religieuses aident les jeunes de plusieurs façons, et notamment à mieux connaître la religion et sa place dans leur vie », a déclaré Oona Stannard, directrice du CES, en réponse à Accord.
Cohésion
« L’attitude positive envers soi-même et envers les autres que prône les écoles religieuses, aide à consolider la cohésion sociale et non la division », souligne l’organisation dans un communiqué de presse paru le 29 août.
Le même jour a été diffusé un communiqué d’une association de représentants d’écoles anglicanes, catholiques, méthodistes, juives, musulmanes, sikh et hindou, bénéficiant de financements publics.
« Cette dernière attaque, fondée sur une ‘recherche’ encore une fois peu précise, ne rend pas acte à la grande valeur ajoutée que les écoles religieuses apportent à notre instruction publique et à la grande appréciation que les parents et les étudiants manifestent pour ces écoles », ont déclaré les représentants religieux.
« Les communautés religieuses font tout ce qu’elles peuvent pour aider ceux qui ont des difficultés dans la vie et pour assister financièrement ceux qui sont dans le besoin », ont-ils affirmé. Si bien que « les méthodologies supposées pouvoir identifier les caractéristiques socio-économiques des étudiants à l’intérieur des écoles religieuses sont hautement discutables ».
Des journaux comme le Guardian ne se sont pas laissé convaincre par ce communiqué. Dans un éditorial du 2 septembre, le quotidien n’a pas hésité à déclarer que « le commandement chrétien ‘aime ton prochain’, qui apparaît aussi dans les autres religions, est certainement plus difficile à vivre pour ces enfants qui grandissent sans avoir connu leur prochain, un prochain qui appartient peut-être à une autre religion ».
L’éditorialiste du Guardian, Polly Toynbee, s’est aussi dressée contre ce qu’elle considère être une « pernicieuse influence des écoles religieuses » qui, selon elle, risque d’alimenter « la folie du créationnisme » et « l’outrecuidance homophobe ».
La religion dans la sphère publique
En Irlande, suite aux attaques continues contre le rôle de la religion dans les écoles, Mgr Leo O’Reilly, président de la Commission pour l’instruction de la Conférence épiscopale irlandaise, a manifesté son désaccord concernant la proposition de retirer l’enseignement de la religion des écoles primaires.
Dans une homélie publiée sur le site Internet de la conférence épiscopale, prononcée le 11 novembre, et commémorant le rôle exercé par le cardinal Newman au sein de l’Université catholique d’Irlande, Mgr O’Reilly a estimé que la tentative de retirer la religion des écoles primaires est la conséquence logique de la vision sécularisée du monde qui s’oppose à l’idée d’une vérité objective, soutenue par la religion.
« Cette vision tend en effet à réduire la religion à une simple recherche personnelle et à bannir toute ses manifestations de la sphère publique », a-t-il souligné.
« L’instruction religieuse fait partie à tous les effets du programme des écoles publiques et influe sur toute la vie de l’école », a expliqué Mgr O’Reilly. « En tant que catholiques, nous sommes croyants quand nous étudions et rationnels quand nous prions ».
Un document publié en août par le Iona Institute de Dublin argumente une défense détaillée du rôle de la religion dans l’éducation. Dans le texte, intitulé « The liberal case for religious schools », John Murray, ex enseignant à l’institut Mater Dei Institute of Education, répond aux critiques qui assimilent l’instruction religieuse à une sorte d’ « apartheid éducatif ».
Bien commun
John Murray souligne que l’éducation religieuse peut être défendue d’un point de vue théologique, mais que cela peut ne pas être partagé par les non croyants. D’autre part, selon l’auteur, il existe des éléments valables qui entrent en faveur des écoles religieuses pour le bien commun de la société.
John Murray commence par souligner que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Ce qui ne signifie pas nier le rôle de l’Etat, mais tout simplement qu’il ne faut pas oublier que l’Etat n’est pas l’Instance éducatrice première des enfants. Les parents ont donc un droit spécial concernant l’éducation de leurs enfants.
Le rapport parents-enfants, poursuit John Murray, participe au bien commun de la société.
Le droit et la responsabilité des parents à éduquer leurs enfants comprennent aussi les éventuels éléments religieux ou philosophiques, observe-t-il. Les parents ont le devoir de former leurs enfants aux valeurs et aux comportements qu’ils estiment importants, y compris la religion s’ils le souhaitent.
« Tout comme il serait considéré injuste que la société impose à un grand nombre de parents non croyants de payer les taxes pour une instruction exclusivement religieuse, il serait tout aussi injuste que la société oblige un grand nombre de parents croyants à payer pour une instruction exclusivement non religieuse », estime-t-il.
John Murray défend par ailleurs le droit à la religion dans les écoles sur la base du principe de la liberté religieuse. Si l’Etat devait changer sa politique et promouvoir un seul type d’école, excluant les écoles confessionnelles, ceci équivaudrait à nier le droit d’avoir aussi une éducation religieuse, chose que tant de personnes estiment importante.
Permettre aux personnes de chercher, de trouver et de vivre leurs convictions et vérités est un devoir légitime de l’Etat. Exclure la religion de cette recherche serait incongru, selon John Murray.
« Cela ne veut pas dire favoriser un quelconque intérêt purement privé, mais promouvoir un bien que tous peuvent apprécier et partager comme un bien commun », affirme-t-il.
La vision intégrale
Le 21 janvier, Benoît XVI s’est adressé a
ux participants à l’assemblée plénière de la Congrégation pour l’éducation catholique. Le monde d’aujourd’hui, avait-t-il constaté, est attiré « d’un côté par le rationalisme, qui suit une rationalité faussement libre et détachée de toute référence religieuse, et de l’autre, par le fondamentalisme, qui fausse la vraie essence de la religion, en incitant à la violence et au fanatisme ».
L’école catholique, avait déclaré le pape, a pour mission première de former les étudiants dans la ligne d’une vision anthropologique intégrale, tout en restant ouverte à tous et en respectant l’identité de chacun. En même temps, elle propose sa propre vision de l’éducation, humaine et chrétienne.
« Se pose alors un nouveau défi que la mondialisation et le pluralisme croissants rendent encore plus aigu : celui de la rencontre des religions et des cultures dans la recherche commune de la vérité », avait-il ajouté. Une rencontre que certains voudraient éviter, excluant du tout au tout la religion des écoles.
P. John Flynn, L.C.
Traduction française : Isabelle Cousturié