ROME, Mardi 25 novembre 2008 (ZENIT.org) – A l’issue du synode sur la Parole de Dieu, une liste de 55 propositions a été établie par l’Assemblée générale ordinaire du synode des évêques. Le texte original de ces propositions, qui a été remis au pape, est en latin. Ce texte a une valeur de proposition. Le pape Benoît XVI a toutefois permis la publication d’une version italienne, provisoire et non officielle de cette liste de propositions, par la secrétairerie générale du synode.
Nous proposons ci-dessous une traduction en français des propositions 46 à 50.
Proposition 46
Lecture croyante des Ecritures : historicité et fondamentalisme
La lecture croyante de l’Ecriture sainte, utilisée depuis l’antiquité dans la Tradition de l’Eglise, cherche la vérité qui sauve pour la vie de chaque fidèle et pour l’Eglise. Cette lecture reconnaît la valeur historique de la tradition biblique. C’est précisément à cause de cette valeur de témoignage historique que celle-ci veut redécouvrir la signification vivante des Ecritures Saintes destinées aussi à la vie du croyant d’aujourd’hui.
Une telle lecture de l’Ecriture se différencie des « interprétations fondamentalistes » qui ignorent la médiation humaine du texte inspiré et de ses genres littéraires. Afin d’utiliser de manière fructueuse la Lectio divina, le croyant doit être éduqué à « ne pas confondre inconsciemment les limites humaines du message biblique avec la substance divine de ce même message » (cf. Commission pontificale biblique, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise, I F).
Proposition 47
La Bible et le phénomène des sectes
Nous sommes profondément préoccupés par la croissance et les changements du phénomène des sectes. De fait, les sectes de différentes origines, semblent offrir une expérience de la proximité de Dieu dans la vie de la personne et promettent un bonheur illusoire par l’intermédiaire de la Bible, souvent interprétée de manière fondamentaliste. Nous proposons :
– à travers une herméneutique vitale correcte des pages bibliques, d’intensifier l’activité pastorale pour fournir la nourriture de la Parole aux fidèles qui la cherchent ;
– d’apprendre de la riche expérience des premiers siècles de l’Eglise qui connut elle aussi des phénomènes similaires (cf. Jn 2, 19 ; 4, 2-3) ;
– de mieux connaître les caractéristiques particulières, les causes et les promoteurs des sectes telles qu’ils se présentent aujourd’hui ;
– d’aider les fidèles à bien distinguer la Parole de Dieu des révélations privées ;
– d’encourager les groupes de partage et de méditation pour s’opposer à l’attraction des sectes et du fondamentalisme.
Il est nécessaire que les prêtres soient préparés de manière adéquate pour faire face à ces nouvelles situations, qu’ils soient en mesure de proposer une animation biblique de la pastorale adaptée aux problèmes que rencontrent les personnes aujourd’hui.
Nous demandons au Saint-Siège d’étudier, en collaboration avec les conférences épiscopales et les structures compétentes des Eglises orientales catholiques, le phénomène des sectes dans sa dimension mondiale et ses retombées, également locales.
Proposition 48
Bible et inculturation
La Révélation s’est constituée en puisant dans les diverses cultures humaines les valeurs authentiques susceptibles d’exprimer la vérité, que pour notre salut, Dieu a communiqué aux hommes (cf. Dei Verbum 11). En effet, la Parole de Dieu, en tant que Révélation a plongé dans les cultures la connaissance de la vérité qui serait autrement inconnue et a créé le progrès et le développement culturel. Le mandat que le Seigneur donne à l’Eglise d’annoncer l’Evangile à toutes les créatures (cf. Mc 16, 15) implique la rencontre de la Parole de Dieu avec tous les peuples de la terre et leur culture. Cela suppose le même processus d’inculturation de la Parole de Dieu qui s’est produit dans la Révélation.
Ainsi, la Parole de Dieu doit pénétrer tous les milieux de telle façon que la culture produise des expressions originales de vie, de liturgie, de pensée chrétienne (cf. CT 53). Cela arrive lorsque la Parole de Dieu, proposée à une culture, « féconde comme de l’intérieur les qualités spirituelles et les dons propres à chaque peuple et à chaque âge, (…) les fortifie, les parfait et les restaure dans le Christ » (GS 58), suscitant ainsi de nouvelles expressions de vie chrétienne.
En vue d’une inculturation authentique du message évangélique, on doit assurer une formation des missionnaires avec des moyens adaptés pour connaître en profondeur le milieu de vie, les conditions socioculturelles, de telle façon que ceux-ci puissent s’insérer dans le milieu, dans la langue comme dans les cultures locales. Il revient en premier lieu à l’Eglise locale de parvenir à une authentique inculturation du message évangélique, en faisant naturellement attention au risque de syncrétisme. La qualité de l’inculturation dépend du niveau de maturité de la communauté chargée de l’évangélisation.
Proposition 49
Missio ad gentes
La Parole de Dieu est un bien pour tous les hommes, que l’Eglise ne doit pas conserver pour elle, mais partager avec joie et générosité avec tous les peuples et toutes les cultures, afin qu’eux aussi puissent trouver en Jésus Christ le chemin, la vérité et la vie (cf. Jn 14, 6).
En se tournant vers l’exemple de saint Paul, des apôtres et des si nombreux missionnaires qui, tout au long de l’histoire de l’Eglise, ont apporté l’Evangile aux peuples, ce synode réaffirme l’urgence de la mission « ad gentes », aussi à notre époque. Une annonce qui doit être explicite, faite non pas seulement à l’intérieur de nos églises, mais partout, et qui doit être accompagnée du témoignage cohérent de vie, qui met en évidence le contenu et le renforce.
Evêques, prêtres, diacres, personnes consacrées et laïcs doivent être proches également des personnes qui ne participent pas à la liturgie et ne fréquentent pas nos communautés. L’Eglise doit aller vers tous avec la force de l’Esprit (cf. 1 Co 2, 5) et continuer de manière prophétique à défendre le droit et la liberté des personnes d’écouter la Parole de Dieu, en cherchant les moyens les plus efficaces pour la proclamer, même au risque de la persécution.
Proposition 50
Bible et dialogue interreligieux
Le dialogue avec les religions non chrétiennes représente un moment significatif dans la vie de l’Eglise et dans le dialogue avec les hommes. Les monothéismes, les religions traditionnelles d’Afrique et d’Australie, les antiques traditions spirituelles d’Asie, renferment des valeurs de respect et de collaboration qui peuvent favoriser grandement la compréhension entre les personnes et les sociétés. Les lignes directrices de ce dialogue sont fournies par la Déclaration du Concile œcuménique Vatican II Nostra aetate. Le synode rappelle également la nécessité que soit assurée de manière effective à tous les croyants la liberté de professer sa propre religion en privé et en public, ainsi que la liberté de conscience.
[Traduit de l’italien par Zenit]