ROME, Mardi 25 novembre 2008 (ZENIT.org) – Le chrétien doit savoir communiquer sa foi « dans le langage des images et des symboles », déclare Benoît XVI dans un message à Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, à l’occasion de la XIIIe session publique annuelle des Académies pontificales.
Le message du pape a été lu par le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone à l’ouverture de la session organisée par l’« Insigne Académie pontificale des Beaux-arts et Lettres des Virtuoses au Panthéon » sur le thème : « Universalité de la beauté : esthétique et éthique en confrontation ».
Cette cérémonie solennelle de rencontre entre les six Académies est organisée par le Conseil pontifical de la culture, et par les Académies qu’il coordonne.
On se souvient que le pape avait déjà abordé la question du rapport entre beauté et raison dans son discours de l’été dernier au clergé de Bressanone (cf. Zenit du 22 août 2008).
Benoît XVI réaffirme dans son message l’urgence d’un « nouveau dialogue entre esthétique et éthique, entre beauté, vérité et bonté ». Cette exigence vient non seulement du « débat culturel et artistique actuel » mais aussi de la « réalité quotidienne ».
Le croyant, a souligné Benoît XVI, est « appelé par le Seigneur à rendre raison à tous de la beauté et de la vérité de sa foi ».
Car la beauté des œuvres dont parle l’Evangile « renvoie au-delà, à une autre beauté-vérité-et-bonté qui ont seulement en Dieu leur perfection et ultimement leur source ».
« Notre témoignage, a poursuivi le pape, doit se nourrir de cette beauté, notre annnonce de l’Evangile doit être perçue dans sa beauté et dans sa nouveauté ».
Il est donc nécessaire, a ajouté le pape, de « savoir communiquer dans le langage des images et des symboles », et notre « mission quotidienne » doit devenir « transparence éloquante de la beauté de l’amour de Dieu pour atteindre efficacement nos contemporains, souvent distraits et absorbés dans un climat culturel pas toujours disposé à accueillir une beauté en pleine harmonie avec la vérité et la bonté, mais tout en étant toujours désireux et nostalgiques d’une beauté authentique, non superficielle et éphémère ».
Le pape évoque une « scission dramatique » à différents niveaux, voire une « opposition », entre les deux dimensions de la « recherche de la beauté » – « comprise de façon réductrice comme une forme extérieure, apparence à rechercher à tout prix » – et celle de « la vérité et de la bonté des actions accomplies pour réaliser une certaine finalité ».
Une recherche de la beauté qui serait « étrangère » à la recherche humaine de la vérité et de la bonté se transformerait, fait observer le pape, en un « simple esthétisme » et surtout « pour les plus jeunes » en un « itinéraire qui débouche sur l’éphémère, l’apparence banale et superficielle, ou même une fuite vers des paradis artificiels qui masquent et cachent le vide et l’inconsistance intérieure ».
Cette recherche « apparente et superficielle » serait tout à fait « subjective », voire « individualiste », jusqu’à « l’incommunicabilité », et non pas « universelle », fait remarquer Benoît XVI.
Pour pallier cette diffuculté, le pape recommande « un élargissement des horizons de la raison », c’est-à-dire, explique-t-il, qu’il faut « comprendre le lien entre la recherche de la beauté et la recherche de la vérité et de la bonté ».
« Une raison qui voudrait se dépouiller de la beauté serait amoindrie, et une beauté dépourvue de la raison se réduirait à un masque vide et illusoire », a expliqué Benoît XVI.
« Nous devons, a recomamndé le pape, viser à une raison très ample dans laquelle le cœur et la raison se rencontrent, où la beauté et la vérité se touchent ».
Benoît XVI mentionne aussi les interventions du synode des évêques mettant en évidence la nécessité de « savoir lire et scruter la beauté des œuvres d’art » ou « la beauté et l’efficacité » de la voie de la beauté (cf. en particulier l’intervention de Mme Natalja Fedorova Borovskaïa, professeur près l’Université d’État humaniste russe et à l’Académie russe des Beaux Arts, Zenit, 17 octobre 2008).
C’est peut-être là, fait observer le pape l’une des voies les plus « attirantes » et « fascinantes » pour « comprendre et atteindre Dieu ».
Benoît XVI recommande de relire la « Lettre aux artistes » de Jean-Paul II qui réfléchit au dialogue intime fécond entre l’Ecriture Sainte et les différentes formes d’art » et invite à méditer sur la « créativité des artistes » et « le dialogue fécond et problématique entre ceux-ci et la foi chrétienne ».
Benoît XVI invite les académiciens et les artistes à « susciter l’émerveillement et le désir du beau, former la sensibilité des esprits et nourrir la passion pour tout ce qui est une authentique expression du génie humain et un reflet de la Beauté divine ».
Cette session est traditionnellement l’occasion de remettre le Prix attribué par le pape aux jeunes savants, artistes ou institutions, qui se sont distingués dans la promotion de l’humanisme chrétien.
Il est allé à Daniele Piccini, spécialiste de la littérature italienne, avec une mention de mérite à un jeune peintre, Giulio Catelli, et à la fondation d’art italienne « Stauròs », qui se sont vu attribuer une médaille du pontificat.