ROME, Dimanche 23 novembre 2008 (ZENIT.org) – Benoît XVI a assuré les Ukrainiens de sa prière pour les millions de victimes de l’Holodomor, en ce 75e anniversaire de l’« immense tragédie » de la grande famine des années 1932-1933. Il a lancé un appel au respect des droits humains et à la réconciliation.
Après l’angélus de midi, ce dimanche, place Saint-Pierre, le pape s’est en effet adressé aux Ukrainiens.
« Chers frères et sœurs, ces jours-ci, c’est, a rappelé Benoît XVI, le 75e anniversaire de l’Holodomor, – « la grande famine » – qui, dans les années 1932-1933 a causé des millions de morts en Ukraine, et dans d’autres régions de l’Union soviétique, sous le régime communiste ».
Le pape a dit souhaiter vivement qu’aucun régime politique ne puisse jamais plus, « au nom d’une idéologie, nier les droits de la personne ni sa liberté ou sa dignité ».
Il a assuré de sa prière « pour toutes les victimes innocentes de cette immense tragédie » et il a invoqué la « Sainte Mère de Dieu pour qu’elle aide les Nations à avancer sur le chemin de la réconciliation et construire le présent et l’avenir dans le respect réciproque et la recherche sincère de la paix ».
En effet, d’autres régions font partie de la « zone de la faim », comme les contrées cosaques du Kouban et du Don ainsi que le Kazakhstan, indique le site France-Ukraine à l’occasion de cet anniversaire.
En novembre 2006, l’Etat ukrainien a voté une loi qui qualifie le Holodomor de « génocide du peuple ukrainien ».
En novembre 2007, la 34e Conférence générale de l’UNESCO a adopté une résolution reconnaissant le Holodomor ukrainien. Les parlements des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie, de l’Argentine, du Pérou, de l’Equateur, de la Pologne, de la Hongrie, de la Lituanie, de l’Estonie, de la Géorgie et de l’Espagne, ont déjà reconnu cette famine organisée par l’URSS.
En 1928, avec le premier plan quinquennal, le pouvoir soviétique avait « remis en chantier la collectivisation de l’agriculture qui avait été suspendue entre 1921 et 1927, durant la mise en œuvre de la Nouvelle politique économique (NEP) », rappelle la même source. Certains historiens dénoncent la volonté de Staline de venir ainsi à bout de la résistance paysanne.
La même source cite l’historien Nicolas Werth qui distingue la « zone de la faim » du reste de l’URSS où, pourtant, écrit-il, les pertes démographiques ne furent pas négligeables. Par exemple, dans la région de Moscou, la mortalité augmenta de 50% entre janvier et juin 1933.
Pour l’ensemble de l’Union soviétique, et pour la seule année 1933, il estime à six millions le surplus de mortalité, l’essentiel provenant de l’Ukraine, du Kazakhstan et du Caucase du Nord [cf. Nicolas Werth, « Un État contre son peuple, violences, répressions, terreurs en Union soviétique », dans Le Livre noir du Communisme, Robert Laffont, 1997, pp. 178-188. ].