Les Franciscaines missionnaires de Marie, « prêtes à aller partout » (II)

Par Sr Véronique Boucher, déléguée au chapitre de la Province France–Suisse

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ROME, Mardi 18 novembre  2008 (ZENIT.org) – Une Franciscaine missionnaire de Marie est « vouée à la mission universelle, prête à aller partout », confie Sr Véronique Boucher à qui nous avons demandé, à l’occasion du chapitre général des Franciscaines missionnaires de Marie, d’expliquer en quoi consiste ce « Chapitre » et le charisme de cette communauté riche de l’expérience de plus de 7000 sœurs, réparties dans plus de 850 communautés et dans 76 pays : elles ont pu suivre le déroulement du chapitre notamment grâce à Internet ! Nous publions ci-dessous la deuxième partie de cet entretien.

Zenit – Quelle place ont, dans votre charisme hérité de Marie de la Passion, la vie de prière, notamment de l’adoration eucharistique et les offices de la liturgie des heures ? 

Sr Véronique Boucher – La prière rythme notre vie de consacrée. « Notre foi se fortifie par la parole écoutée, méditée et contemplée chaque jour et par la rencontre du Christ dans les sacrements » et « l’Eucharistie est le centre de notre vie et se prolonge dans l’adoration eucharistique ». Comme nous le rappellent nos Constitutions (notre Règle de vie) : « de la célébration et de l’adoration eucharistiques jaillit le dynamisme contemplatif et missionnaire de toute notre vie. Le Christ contemplé nous envoie à nos frères, en qui nous découvrons sa présence cachée. Et nos frères nous renvoient à la contemplation du Christ … ». L’adoration est bien la source de notre mission !

La célébration des heures en communauté se vit au nom de la famille humaine et nous unit à la prière du Christ à son Père.

En fraternité, nous partageons également la Parole de Dieu qui éclaire la route où nous cheminons ensemble. Chaque mois nous prenons un temps de désert qui nous invite à nous retrouver dans une intimité toute spéciale avec Dieu. C’est un temps aussi où à la lumière de sa Parole, nous relisons notre vie. 

Zenit – Comment vivez vous l’inspiration franciscaine ? 

Sr Véronique Boucher – Nous réalisons notre vocation de FMM dans la voie franciscaine, « voulant vivre l’Evangile au  milieu du monde, à la suite du Christ humble et pauvre en simplicité, paix et joie… »  

Aussi, à la suite de François d’Assise, le Seigneur nous appelle-t-il à vivre en fraternité évangélique.

Dans la tradition franciscaine, comme le dit un de nos frères ofm, Johannes Frayer, la fraternité est un don de Dieu qui signifie que nous sommes créés à l’image de Dieu, Un et Trois. C’est l’amour de Dieu qui nous rassemble et forge entre nous des liens d’unité. François nous invite à passer notre vie dans la contemplation de ce mystère d’amour. La fraternité est invitée à être expression de cet amour divin, l’amour du Père et du Fils dans l’Esprit. Cela se traduit dans les relations que nous pouvons avoir les unes avec les autres et que nous sommes chaque jour appelées à renouveler dans toutes nos limites humaines. 

FMM, nous essayons de vivre cet amour dans des fraternités internationales et interculturelles qui témoignent et préparent la plénitude du Royaume « où tous les peuples réconciliés seront rassemblés dans l’unique peuple de Dieu ». Nos fraternités sont donc bien appelées à être au service de l’Evangélisation et de la mission. 

Notre Chapitre général a été marqué, tout au long de son cheminement, par un désir profond de nous laisser travailler humblement par l’Esprit en nous replongeant dans les racines franciscaines de notre charisme, cela en écho à François qui ne cessait de dire à ses frères : « Désirez par dessus tout l’Esprit du Seigneur ».

Zenit – Comment vous situez-vous dans la mission universelle aujourd’hui ? 

Sr Véronique Boucher –  « FMM, nous sommes vouées à la mission universelle, prêtes à aller partout et à tous pour annoncer la Bonne Nouvelle du Salut à ceux à qui le Christ n’a pas été révélé, à ceux parmi lesquels l’Eglise est moins présente, avec une préférence pour les pauvres.» 

Aujourd’hui de nouvelles formes d’évangélisation apparaissent face au monde globalisé. Nous sommes mises au défi de découvrir de nouveaux aréopages et de nous engager dans une proximité plus grande avec ceux qui nous entourent pour défendre la justice, la Paix et la dignité de la personne. Nous sommes de plus en plus appelées dans notre vécu avec nos frères, à laisser nos « zones de confort » pour aller à leur rencontre. Franciscaines missionnaires, disponibles, « pèlerins et voyageurs », nous sommes solidaires, dans beaucoup de pays, des personnes qui vivent le phénomène de la migration pour une raison ou une autre. 

La réconciliation, chemin de la mission selon François, est une dimension précieuse aujourd’hui dans les dialogues interreligieux, œcuméniques et aussi là où les divisions sont profondes : xénophobie, terrorisme, fondamentalisme, racisme, tribalisme et là où la guerre est présente. Nos communautés internationales et interculturelles voulues par Marie de la Passion dès le début, sont appelées à s’engager sur ce chemin de réconciliation avec nos frères qui souffrent. Le témoignage d’unité dans la diversité peut rendre courage et espoir aux personnes que nous accompagnons. Cette caractéristique de nos communautés nous invite à créer avec d’autres les ponts qui nous unissent par delà nos différences.  

Nous sommes aujourd’hui également préoccupées par la Création dévastée et en péril. Nous désirons prendre davantage conscience de notre responsabilité dans la défense de notre mère la Terre par une conscientisation sérieuse, de simples gestes quotidiens et des engagements dans des projets signifiants en faveur de l’écologie.

Pour cette mission dans laquelle nous sommes engagées nous travaillons souvent en réseau et en collaboration avec d’autres.

Zenit – Que dites-vous à une personne qui est attirée par votre charisme ?

Sr Véronique Boucher – Notre charisme s’exprime par l’offrande du don total de toute notre vie comme le Christ lui-même s’est offert au Père dans le mouvement de l’Incarnation. Le « Oui, me voici » de Marie correspond au même don. Avec elle, en disponibilité d’amour, nous sommes invitées à nous offrir au Père pour continuer la mission de Jésus dans notre monde. Ce mouvement d’amour du Père et du Fils dans l’Esprit, pour le Salut du monde, ne cesse de se vivre chaque jour dans l’Eucharistie qui est le centre de notre vie. 

Ce charisme, nous le disons d’une façon différente selon les personnes que nous rencontrons. Nous partons des questions qu’elles se posent, simplement. Souvent, par exemple, elles nous interrogent à propos de nos fraternités internationales. Comment pouvez-vous vivre ensemble en étant si différentes ? Pourquoi dites-vous que vous êtes sœurs ? Quelle est la place de la prière dans votre vie, la place de l’adoration ? 

Les personnes qui vivent proches de nous s’intéressent donc à notre ‘charisme’ et nous interpellent sur notre style de vie, sur ce que nous voulons témoigner de l’Amour de Dieu aujourd’hui… Notre relecture de vie communautaire est éclairée et enrichie par ces interpellations. 

Si une jeune femme est en discernement de vocation, nous lui proposons de venir vivre une expérience dans une fraternité FMM afin qu’elle puisse découvrir comment le Christ, au cœur de notre vie, unifie notre quotidien rythmé par la prière, le travail, la vie fraternelle et la mission : « Viens et vois ».

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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