ROME, Lundi 3 novembre 2008 (ZENIT.org) - « Le monde ne peut continuer à regarder sans réagir » la situation que vit en ces heures le nord-est de la République démocratique du Congo, estime le cardinal Renato Raffaele Martino, président du Conseil pontifical justice et paix.
Dans une déclaration rendue publique la semaine dernière, le cardinal Martino a fait siennes les paroles que Benoît XVI a lancées sous forme d'appel le dimanche 12 octobre dernier avant la prière de l'angélus. Le pape, en évoquant la situation qui prévaut dans la province congolaise du Nord-Kivu, avait appelé les fidèles à prier « pour la réconciliation et la paix » sur le territoire et pour les populations en proie à une grande souffrance.
Les informations sur la reprise des combats dans cette partie du pays, a expliqué le cardinal Martino, « constituent une sonnette d'alarme et un grave motif de préoccupation ».
« Le monde ne peut continuer à regarder sans réagir, des victimes innocentes mourir sous le coup de violences et d'actes barbares, ni se désintéresser du sort de dizaines de milliers de déplacés fuyant la guerre, exposés aujourd'hui aux intempéries, aux maladies et à la faim ».
Le dicastère, dont il est le président, a-t-il ajouté « s'adresse aux parties en conflit afin qu'elles renoncent à la logique de l'affrontement et des armes ; qu'elles choisissent le dialogue et les négociations » et pour que, « dans un sursaut d'humanité, elles mettent le bien commun au-dessus d'intérêts égoïstes et partisans ».
Le Conseil pontifical justice et paix demande également à la communauté internationale d'intervenir « de tout son poids dans la résolution du conflit en cours, veillant tout particulièrement à ce que les belligérants respectent les divers accords de paix auxquels ils ont souscrit ».
Le Conseil souligne par la même occasion, « l'importance de trouver une solution à la crise qui tienne en juste considération les préoccupations de paix et de sécurité de tous les pays et de tous les habitants de la région des Grands Lacs, en Afrique, car il ne peut y avoir de paix tant que cette paix n'est pas une paix globale, fondée sur le dialogue et la réconciliation, conditions indispensables pour la stabilité et un développement solidaire ».
Face à la situation dramatique que traverse le Congo, Caritas internationalis a lancé un appel demandant aux parties de mettre fin aux souffrances des populations et de permettre aux agences humanitaires de fournir leurs aides.
Caritas internationalis révèle dans un communiqué que près de 250.000 civils ont abandonné leurs maisons dans le Nord-Kivu depuis l'entrée en crise, en août dernier, de l'accord de paix signé en janvier. Pendant les deux années précédentes, se sont 850.000 personnes qui ont été déplacées.
La réponse d'urgence de la Caritas vise à fournir de la nourriture et autres biens de première nécessité à quelque 90.000 personnes qui ont perdu leur maison suite aux affrontements dans l'est de la République démocratique du Congo.
Si les conditions de sécurité ne sont pas assurées rapidement, le plan de distribution des ressources non alimentaires mis en place par la Caritas dans le chef-lieu de la province, Goma, et dans les zones limitrophes, pourrait être sérieusement compromis. Autre source de préoccupation, l'évacuation de l'équipe internationale.
« Nous sommes témoins de l'escalade d'un désastre humanitaire qui menace de s'étendre à l'est du Congo et à toute la région », a confié le Fr. Pierre Cibambo, responsable des relations de Caritas Internationalis en Afrique. « La guerre de 1998-2003 et la crise humanitaire qui en a découlé ont coûté la vie à 5,4 millions de personnes. Un retour à la guerre serait une catastrophe ».
Pour la Caritas, a-t-il souligné, « il est devenu très difficile de fournir de la nourriture et des médicaments aux personnes qui en ont un besoin urgent. Toutes les parties en conflit ont le devoir de permettre aux agences humanitaires d'avoir accès aux populations et de défendre la vie des civils. Il est fondamental que la sécurité soit à nouveau garantie et que les efforts de secours puissent reprendre ».
« La Caritas est une organisation de base, a ajouté Fr. Cibambo. Notre équipe fait partie des communautés que nous servons. Ce qui nous donne la possibilité de mener à bien notre action ».
« Toutes les parties doivent respecter les accords qu'elles ont signés, a-t-il conclu. Les populations du Congo sont depuis trop longtemps otages de conflits ».