ROME, Jeudi 24 avril 2008 (ZENIT.org) – Au Vietnam, l’Eglise évangélique réclame la restitution de 265 propriétés confisquées par les autorités, rapporte « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.
Pour la première fois, depuis sa reconnaissance officielle par l’Etat en avril 2001, l’Eglise évangélique du Vietnam, qui regroupe une majorité des communautés protestantes du sud, a exprimé publiquement ses protestations et ses plaintes concernant l’attitude des autorités à son endroit. Une lettre ouverte (1) a été rédigée par le Comité exécutif de l’Eglise, habituellement prudent et respectueux de l’autorité politique. Intitulée « Appel à la prière », elle déplore l’absence de réactions des autorités face aux demandes répétées de l’Eglise pour la restitution de propriétés confisquées. Elle proteste aussi contre les interventions du gouvernement dans les affaires intérieures de la communauté chrétienne et contre la discrimination dont celle-ci est l’objet.</p>
La lettre datée du 28 mars dernier est adressée à « l’Eglise de Dieu en tous lieux ». Elle fait suite à de précédentes requêtes dans lesquelles les dirigeants de l’Eglise menaçaient de mener une action collective s’ils n’obtenaient pas d’entamer des négociations sérieuses avec le pouvoir civil. L’Eglise évangélique a fait parvenir aux responsables gouvernementaux une liste de 265 propriétés d’Eglise confisquées lors du changement de régime de 1975. La lettre précise que certains de ces établissements ont été utilisés à des fins profanes, quelques-uns, sans affectation précise, tombent en ruine, d’autres encore ont été démolis. Deux destructions de bâtiments d’Eglise ont eu lieu, l’année passée, l’une à Ben Cat, l’autre à Go Vâp (Hô Chi Minh-Ville). Les autorités ont aussi procédé à la démolition de deux écoles bibliques sur les hauts plateaux du Centre-Vietnam, dans la période qui a suivi la reconnaissance de l’Eglise évangélique de 2001. Les auteurs de la lettre font état de nombreuses requêtes déjà envoyées, demandant la restitution de tous les établissements. Non satisfaits par la restitution de quelques petits établissements, les responsables de l’Eglise évangélique voudraient récupérer des propriétés plus vastes, comme, par exemple, le centre d’études théologiques de Nha Trang ou l’église internationale édifiée à Hô Chi Minh-Ville.
La lettre demande encore à ses destinataires de prier pour que les autorités mettent un terme à leurs interventions dans les affaires intérieures de l’Eglise, en particulier dans celles qui concernent la nomination et les déplacements des pasteurs. Ces interventions, dit la lettre, sont en contradiction avec les dispositions de l’Ordonnance sur la croyance et la religion, mise en vigueur en novembre 2004. La lettre fait remarquer au passage que l’ordonnance sanctionne des violations de la loi commises par les organisations religieuses, mais ne prévoit aucune peine contre celles commises par les autorités elles-mêmes.
La lettre mentionne enfin la partialité de la discrimination subie par les chrétiens. A titre d’exemple est citée l’absence de réaction du gouvernement local aux attaques commises par des religieux bouddhistes khmers Krom contre un pasteur et sa communauté dans la province de Trà Vinh, le 25 janvier et le 15 novembre 2007. Bien que des fonctionnaires gouvernementaux aient été témoins des faits et que requêtes aient été envoyées par le comité exécutif de l’Eglise, les autorités se sont abstenues de toute réaction.
Certains responsables d’Eglises domestiques non affiliées à l’Eglise évangélique officielle ont fait l’éloge du courage des auteurs de la lettre. Ils ont mis en relief la fragilité des concessions consenties par le gouvernement à la liberté religieuse.
(1) Le compte-rendu de la lettre a été rapporté dans une dépêche de Compact Direct News du 21 avril 2008.