ROME, Mardi 22 avril 2008 (ZENIT.org) – Les assassins de Mgr Gerardi, il y a dix ans, au Guatemala, n’ont toujours pas été punis, rappelle l’agence Misna, agence missionnaire italienne.
« Il fut un grand défenseur des droits humains mais aussi un homme de foi et de prière, très fraternel et il nous manque beaucoup. En tant qu’Église et disciples du Christ nous sommes prêts à pardonner mais nous voulons savoir qui pardonner et pour quoi », a déclaré le cardinal Rodolfo Quezada Toruño, archevêque de Guatemala et primat de l’Église guatémaltèque, rappelant dans son homélie de dimanche Mgr Juan José Gerardi Conedera, évêque auxiliaire de Guatemala.
Mgr Gerardi a été assassiné il y a dix ans, dans sa paroisse de San Sebastián, deux jours après avoir publié le rapport « Guatemala nunca más » (Guatemala plus jamais) sur les crimes commis durant la guerre civile.
« Ce fut un homme droit qui a lutté pour la dignité des plus pauvres et mourut de façon barbare. Son homicide est une blessure encore ouverte pour l’Église guatémaltèque » a ajouté le cardinal Quezada en s’adressant à des centaines de fidèles rassemblés hier en la Cathédrale métropolitaine de la capitale pour la messe de midi et réitérant la demande de « faire avancer les enquêtes ».
Au terme d’un procès caractérisé par « une série d’irrégularités, de faux témoignages et de manipulations de preuves » – de l’homicide de témoins aux menaces reçues par plusieurs juges – ce qu’ont écrit les journalistes Maite Rico e Bertrand de la Grange dans leur livre Quién mató al obispo – le colonel Byron Disrael Lima Estrada – membre de l’état-major présidentiel (Emp) sous le gouvernement d’Alvaro Arzú (1996-2000) – a été définitivement condamné en 2007 à 20 ans de prison en qualité de complice du crime ainsi que son fils, le capitaine Byron Lima Oliva et père Mario Orantes, secrétaire de l’évêque tué.
Mais à ce jour, les commanditaires de l’homicide – qualifié par d’aucuns de « crime d’état » – n’ont toujours pas été identifiés. Dans le rapport « Guatemala nunca más » – fruit du Projet interdiocésain de Récupération de la mémoire historique (Remhi) – fortement voulu par Mgr Gerardi, plus de 55.000 violations des droits humains ont été citées, commises durant la guerre civile qui s’est soldée par un bilan d’au moins 200.000 victimes entre morts et desaparecidos ; 80 % des cas sont attribués à l’armée.