Si l’on ne pose sur la Bible qu’un regard scientifique, elle se referme

Quatrième prédication de carême du P. Cantalamessa en présence de Benoît XVI

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ROME, Vendredi 14 mars 2008 (ZENIT.org) – Si l’on ne pose sur la Bible qu’un regard scientifique, celle-ci se referme, comme certaines coquilles qui, lorsqu’on les touche, se referment pour protéger la perle qu’elles contiennent, la perle de l’Ecriture étant le Christ.

C’est ainsi que le P. Raniero Cantalamessa OFM Cap. a expliqué ce matin l’importance de la lecture spirituelle de la Bible qui peut seule « libérer » le contenu des Ecritures pour chacun de nous.

Le prédicateur de la Maison pontificale a prononcé ce vendredi matin, en la chapelle « Redemptoris Mater » au Vatican, en présence du pape et de ses plus proches collaborateurs de la curie, sa quatrième prédication de carême sur « la lecture spirituelle de la Bible ».

Le P. Cantalamessa a dénoncé une « exégèse exclusivement scientifique » des Ecritures qui fait de la Bible « un objet d’étude que le professeur doit ‘maîtriser’ et face auquel, comme il sied à tout homme de science, il doit rester ‘neutre’ ».

« Mais dans ce cas unique, il n’est pas permis de rester ‘neutre’ et il n’est pas donné de ‘dominer’ la matière ; il faut plutôt se laisser dominer par elle. Si l’on y réfléchit bien, c’est presque un blasphème d’affirmer qu’un expert de l’Ecriture ‘maîtrise’ la parole de Dieu », a-t-il affirmé.

« La conséquence de tout cela, a-t-il poursuivi, est que l’Ecriture se referme, ‘se replie’ sur elle-même ; elle redevient le livre ‘scellé’, le livre ‘voilé’ car, dit saint Paul, ce voile est ‘enlevé dans le Christ’, ‘quand on se convertit au Seigneur’, c’est-à-dire quand on reconnaît le Christ dans les pages de l’Ecriture ».

Le P. Cantalamessa voit là une explication à « la pauvreté et l’aridité spirituelle qui règne dans certains séminaires et lieux de formation ».

« L’Eglise a vécu et vit de la lecture spirituelle de la Bible, a-t-il déclaré. Si l’on coupe ce canal qui nourrit la vie de prière, le zèle, la foi, tout se dessèche… On ne comprend plus la liturgie qui est entièrement construite sur une utilisation spirituelle de l’Ecriture ».

Le P. Cantalamessa reconnaît toute l’importance de l’exégèse car, dit-il « on ne peut pas, dans l’Ecriture, découvrir l’Esprit, sans passer par la lettre, c’est-à-dire l’ornement concret et humain dont la parole de Dieu a été revêtue dans les différents livres et chez les auteurs inspirés. On ne peut découvrir la signification divine contenue dans l’Ecriture qu’en partant de la signification humaine, celle que voulait donner l’auteur humain, Isaïe, Jérémie, Luc, Paul, etc. L’immense effort d’étude et de recherche qui entoure le livre de l’Ecriture trouve ici sa pleine justification ».

« Mais prétendre comprendre l’Ecriture de manière exhaustive, en l’étudiant uniquement avec l’instrument de l’analyse historique et philologique, c’est comme prétendre découvrir le mystère de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, en se basant sur une analyse chimique de l’hostie consacrée ! L’analyse historique et critique, même si elle est poussée au maximum de sa perfection, ne représente en réalité que le premier degré de la connaissance de la Bible, celui qui concerne la lettre », a-t-il expliqué.

« La lecture spirituelle est une chose bien précise et objective, a-t-il poursuivi. C’est la lecture qui est faite sous la conduite ou à la lumière de l’Esprit Saint qui a inspiré l’Ecriture. Elle se base sur un événement historique, c’est-à-dire sur l’acte rédempteur du Christ qui… offre la vraie clé de lecture de la Bible tout entière »

« Celui qui voudrait, après lui, continuer à lire l’Ecriture en faisant abstraction de cet acte, serait comme un musicien qui continue à lire une partition musicale en clé de ‘fa’, après que le compositeur ait introduit la clé de ‘sol’ dans le morceau : chaque note produirait alors un son faux. Maintenant, le Nouveau Testament appelle cette nouvelle clé ‘l’Esprit’, et l’ancienne clé ‘la lettre’, en disant que la lettre tue, mais l’Esprit vivifie », a-t-il expliqué.

Le P. Cantalamessa évoque la « tristesse » du cardinal de Lubac qui déplorait un manque de foi et d’élan chez ses contemporains, et de ce fait, l’impossibilité de « ressusciter » la lecture spirituelle de la Bible.

« L’Esprit s’est mis à souffler à nouveau, de manière inattendue, de partout, sur les ossements desséchés, a constaté le prédicateur de la Maison pontificale. Et parallèlement à la réapparition des charismes, on assiste à la réapparition de la lecture spirituelle de la Bible et ceci est également l’un des fruits les plus exquis de l’Esprit ».

Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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