ROME, Jeudi 31 janvier 2008 (ZENIT.org) – Le monde de la mer est en mutation, le monde la pêche en danger : l’Apostolat de la mer prend la mesure de cette évolution et se réunit pour réfléchir aux lignes pastorales à adopter pour le bien des équipages, des passagers, de tous les travailleurs de cet important secteur économique, en mer et à quai.
Les coordinateurs régionaux de l’apostolat de la mer, au niveau mondial, se retrouvent actuellement à Rome, et jusqu’au 2 février, sous l’égide du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Cette rencontre sera suivie par celle du Comité international de la pêche, de ce même Apostolat de la mer.
A ce propos, le secrétaire du dicastère romain, Mgr Agostino Marchetto, a expliqué au micro de Radio Vatican que l’Apostolat de la mer est une « œuvre » catholique, selon la définition de la Constitution apostolique de Jean-Paul II, « Pastor Bonus », de 1988.
Il a huit coordinateurs régionaux, en Amérique du Nord, et en Amérique latine, en Europe, dans l’Océan indien, en Afrique côté atlantique, en Asie du Sud Est et du Sud.
« L’Apostolat de la mer est engagé dans la pastorale des pêcheurs, du personnel maritime, des équipages comme des passagers des navires de croisière et des yachts. C’st pourquoi il est important de se réunir pour faire le point sur la situation pastorale, d’écouter, de partager, d’établir le programme des activités pastorales. Dans cette perspective, il est clair que chaque continent, chaque océan a sa spécificité, que nous devons reconnaître et respecter tout en conservant le sens de l’unité de l’ensemble », a expliqué Mgr Marchetto.
En ce qui concerne la réunion qui s’est ouverte aujourd’hui, Mgr Marchetto a souligné son importance du fait qu’elle a lieu six mois après le XXIIe Congrès mondial qui s’est tenu en Pologne, à Gdynia, en juin 2007, sur le thème : « En solidarité avec les gens de la mer, témoins d’espérance à travers la Parole de Dieu, la liturgie et la diaconie ».
L’archevêque a rappelé le « vif succès » de ce congrès dans l’opinion générale, et qu’il s’agit maintenant de « mettre en pratique » ses conclusions et recommandations.
Pour ce qui est de la réalité économique, le secrétaire du dicastère soulignait aussi le contexte actuel : un monde « économiquement fragile », mais en grande croissance en Asie – avec des « prix favorables » et une « prospérité certaine » -, ce qui n’empêche pas des « nuages » du fait du prix du pétrole et des « signes de récession économique dans le monde occidental ».
Mais même en temps de prospérité, ajoutait Mgr Marchetto, « le métier maritime est un étier très dur » : « Nous somme s quotidiennement les témoins de tragédies sur terre et sur mer ».
« Nous entendons parler quasi chaque jour de naufrages, de disparus en mer, de nouveaux « boat people », ces immigrés qui n’hésitent pas à affronter les océans pour fuir la faim et le chômage, dans l’espoir de trouver une vie meilleur dans les pays développés. C’est justement dans ce contexte que les aumôniers et les nombreux laïcs engagés sont appelés à promouvoir la solidarité et la dignité humaine avec les gens de la mer, à prêcher et témoignage de l’Evangile, en étant attentifs à la promotion humaine », expliquait Mgr Marchetto.
Quant à la réunion du Comité international de la Pêche, l’archevêque constatait que « le monde de la pêche est en crise », avec un « stock mondial de poisson à son plus bas niveau » : « C’est la première fois dans l’histoire que l’on craint la disparition des poissons de la mer. En effet, 75 % des ressources marines connues est surexploité, en dépit du cri d’alarme et le système des quotas imposé surtout dans les pays développés. Et étant donné que plus d’un milliard de personnes dépendent de la pêche pour leurs besoins alimentaires et que l’on estime à 41 millions le nombre de personnes qui travaillent directement à cette activité, l’épuisement des ressources en poisson représente un danger très grave pour toute cette population. Des communautés entières de pêcheurs risquent de disparaître, et donc tout un mode de vie aussi. Un expert de la FAO et un autre de l’ILO seront avec nous pour nous aider à approfondir notre réflexion et à établir les priorités de notre action pastorale en tenant compte de cette évolution ».
Enfin, pour ce qui est de la présence de l’Eglise dans le milieu de la Mer, Mgr Marchetto a souligné que « les travailleurs de la mer ont tendance à travailler et à agir de façon individuelle. C’est la raison pour laquelle leur voix est rarement entendue au niveau national et international. C’est donc le devoir de l’Apostolat de la Mer d’être un porte-parole de qui n’a pas voix au chapitre, en les aidant à prendre conscience de leur situation et des obligations auxquelles ils vont avoir à faire face. C’est aussi un devoir que d’être toujours proches et solidaires avec ceux qui travaillent dans un secteur pour le bien et la dignité du marin et du pêcheur ».
Pourtant, Mgr Marchetto a également mentionné des « signes d’espérance », au niveau des transports maritimes et de la pêche, du fait des Conventions adoptées par l’ILO en 2006 et en 2007. « Maintenant, il faudra que l’AM devra se faire avocat de cette cause, pour que les conventions soient ratifiées et aient le plus vite possible force de loi ».
Anita S. Bourdin