ROME, Vendredi 25 janvier 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 27 janvier, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4, 12-23
Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe :
Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain,Galilée, toi le carrefour des païens : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée.
A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »
Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.
Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
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Il guérissait toute maladie et toute infirmité
L’Evangile du troisième dimanche du temps ordinaire se termine par ces paroles : « Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple ». Environ un tiers de l’Evangile est consacré aux guérisons accomplies par Jésus au cours de la brève période de sa vie publique. Il est impossible de faire abstraction de ces miracles ou d’en donner une explication naturelle, sans bouleverser tout l’Evangile et le rendre incompréhensible.
Les miracles de l’Evangile ont des caractéristiques uniques. Leur objectif n’est jamais de susciter de l’émerveillement ou d’élever celui qui les accomplit. Certaines personnes se laissent aujourd’hui impressionner par des personnages qui démontrent des pouvoirs de lévitation, le pouvoir de faire apparaître ou disparaître des objets, et autres choses de ce genre. A qui sert ce type de miracle, en supposant qu’il s’agisse de miracles ? A personne, ou uniquement à soi-même, pour faire des disciples ou gagner de l’argent.
Jésus accomplit des miracles par compassion, parce qu’il aime les personnes : il accomplit également des miracles pour les aider à croire. Il accomplit enfin des guérisons pour annoncer que Dieu est le Dieu de la vie et qu’à la fin, la maladie sera vaincue de même que la mort et « il n’y aura plus de pleur, de cri et de peine ».
Non seulement Jésus guérit mais il ordonne à ses apôtres de faire de même après lui : « Il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons » (Lc 9, 2) ; « Proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades » (Mt 10, s.). Nous trouvons toujours les deux choses associées : proclamer l’Evangile et guérir les malades. L’homme a deux moyens pour tenter de surmonter ses maladies : la nature et la grâce. La « Nature » indique l’intelligence, la science, la médecine, la technique ; la « grâce » indique le recours direct à Dieu, à travers la foi, la prière et les sacrements. Ces derniers sont les moyens que l’Eglise a à sa disposition pour « guérir les malades ».
Le mal commence lorsque l’on tente une troisième voie : la voie de la magie, celle qui se base sur des prétendus pouvoirs occultes de la personne, qui ne sont basés ni sur la science ni sur la foi. Dans ce cas, ou bien il s’agit de charlatanisme pur et d’un bluff, ou, pire, de l’action de l’ennemi de Dieu. Il n’est pas difficile de faire la différence entre un vrai charisme de guérison et sa contrefaçon dans la magie. Dans le premier cas, la personne n’attribue jamais les résultats obtenus à des pouvoirs personnels, mais à Dieu ; dans le second cas, les personnes ne font qu’afficher leurs prétendus « pouvoirs extraordinaires ». Lorsqu’on lit par conséquent des annonces du type : Magicien Untel « réussit là où les autres échouent », « résout des problèmes en tout genre », « a des pouvoirs extraordinaires reconnus », « chasse les démons, éloigne le mauvais sort », il n’y a pas le moindre doute à avoir : il s’agit d’une escroquerie. Jésus disait que l’on chasse les démons « avec le jeûne et la prière », et non en soutirant de l’argent aux personnes !
Mais nous devons nous poser une autre question : ceux qui, malgré tout, ne guérissent pas ? Que faut-il penser ? Qu’ils n’ont pas une foi suffisamment grande, que Dieu ne les aime pas ? Si la persistance d’une maladie était le signe que la personne n’a pas assez de foi ou que Dieu ne l’aime pas, il faudrait conclure que les saints étaient ceux qui avaient le moins de foi et qui étaient les moins aimés de Dieu car certains d’entre eux ont passé leur vie entière au lit. Non, ce n’est pas cela. La puissance de Dieu ne se manifeste pas uniquement – en éliminant le mal, en guérissant physiquement – mais aussi en donnant la capacité, et parfois même la joie, de porter sa croix avec le Christ et de compléter ce qui manque à ses souffrances. Le Christ a également racheté la souffrance et la mort. Celle-ci n’est plus le signe du péché, de la participation à la faute d’Adam, mais c’est un instrument de rédemption.
Traduit de l’italien par ZENIT