ROME, Mardi 22 janvier 2008 (ZENIT.org) – Conscients que le chemin de la paix en Terre Sainte traverse une période cruciale, les Conférences épiscopales d’Europe et d’Amérique du nord exhortent Palestiniens et Israéliens ainsi que la communauté internationale à agir de manière responsable.
La Coordination des Conférences épiscopales, en solidarité avec l’Église en Terre Sainte (qui réunit des évêques catholiques représentant les Conférences épiscopales d’Europe et d’Amérique du Nord) a été créée à Jérusalem en 1998 à la demande du Saint-Siège. Chaque année, en janvier, elle se déplace dans la capitale israélienne pour manifester son soutien aux communautés chrétiennes et aux responsables de l’Eglise locale.
A son retour après cinq jours de pèlerinage, le groupe d’évêques a présenté mercredi 16 janvier à Rome le résultat de cette 8ème visite en Terre Sainte visant à donner « une parole d’espérance à un moment critique pour la Terre Sainte ».
Les évêques sont conscients de l’attention particulière que porte le monde au processus de paix entre Israéliens et Palestiniens et ont pu constater que la situation « sociale, politique et humanitaire » vécue par les deux peuples « est complexe », que la solution au conflit « n’est pas facile ».
Les images décrites par les évêques sont un mélange d’ombres et de lumières : « Nous avons trouvé beaucoup de gens pessimistes concernant les efforts actuels, que les responsables israéliens et palestiniens ont déployés avec le soutien de la communauté internationale, pour tenter de trouver un accord de paix qui soit juste ». Néanmoins, déclarent-ils, « nous avons également constaté que beaucoup d’entre eux portent en eux le désir profond de marcher vers un avenir de liberté, de paix et de sécurité ».
Dans leur communiqué, lu intégralement devant la presse internationale, convoquée à Radio Vatican, par un de ses signataires, Mgr William Kenney, évêque auxiliaire de Birmingham, de la Conférence épiscopale d’Angleterre et du Pays de Galles et représentant de la Commission des conférences épiscopales de l’Union européenne, les évêques insistent sur la nécessité d’ « examiner certaines attitudes et certaines politiques de leurs pays (d’Europe et d’Amérique du nord) qui auraient tendance à instaurer un climat de division au lieu de conduire les deux peuples à la paix et à la justice ».
« Trop souvent les pays ont pris partie dans cette dispute, alors qu’en réalité le destin des Israéliens et des Palestiniens est inextricablement lié », avertissent-ils.
Après la lecture du communiqué, le cardinal Seán Brady, l’archevêque d’Armagh, en Irlande, dont cette visite était la première en Terre Sainte, a fait part de ses impressions aux journalistes déclarant : « J’ai vu malgré tout des signes d’espérance, un désir de paix dans tant de cœurs, en tant d’endroits, surtout parmi les jeunes ».
A Bethléem, les universitaires chrétiens et musulmans étudient ensemble, « en harmonie » et « avec enthousiasme », constatent tous les évêques de la Coordination des Conférences épiscopales d’Europe et d’Amérique du nord, dans leur communiqué : « Leur désir est de rester là où ils sont nés » et ils nourrissent « l’espoir d’une paix juste qui leur donnera à eux, ainsi qu’à tous les peuples de Terre Sainte, un meilleur avenir ».
Les évêques ne cachent pas avoir constaté aussi des signes de découragement et de division, comme dans le cas du mur de séparation, expression matérielle de « la préoccupation d’Israël pour la sécurité » et d’une « division profonde entre Israéliens et Palestiniens, privés de ce contact humain qui aiderait à promouvoir la justice et la réconciliation ».
A cela s’ajoute une aggravation de la situation humanitaire à Gaza, dénoncent les évêques. « Gaza et Bethléem constitue une énorme prison à ciel ouvert, la plus grande », a commenté Mgr Kenney. « Ce mur est un affront et une insulte à la dignité humaine tant des Palestiniens que des Israéliens ».
Pour les évêques, cette visite en Terre Sainte a été une confirmation que la situation actuelle est dans une phase cruciale, pour Israël, pour la Palestine et pour la communauté internationale. « Un moment d’opportunités et de dangers », écrivent-ils.
Perdre cette occasion de paix, risquerait d’entraîner « une autre situation beaucoup plus compliquée, à la lumière notamment des prochaines élections américaines en novembre et du fait que le président Bush, qui s’est beaucoup impliqué, arrive à la fin de sa présidence », a déclaré à ZENIT Mgr Joan-Enric Vives, évêque d’Urgel et Coprince d’Andorre, de la Conférence épiscopale espagnole.
L’objectif de cette visite de solidarité en Terre Sainte et de la diffusion du communiqué, a rapporté l’évêque, est également de « faire connaître la situation à nos gouvernements, pour qu’ils puissent aider les deux communautés politiques, tant Israël que l’Autorité nationale palestinienne, à se mettre vraiment sur la voie qui les conduira à la paix, au dialogue, à la reconnaissance mutuelle de leurs droits ».
Le communiqué des évêques se termine sur un appel : « Que les responsables et les peuples d’Israël et de Palestine, avec le plein soutien et l’encouragement de nos nations et de la communauté internationale, trouvent le chemin pour une paix juste ».
Marta Lago/Isabelle Cousturié