ROME, Lundi 21 janvier 2008 (ZENIT.org) – « Que la prochaine Journée mondiale du Malade soit une circonstance propice pour invoquer, de manière spéciale, la protection maternelle de Marie sur tous ceux qui sont éprouvés par la maladie, sur les personnels de santé et sur les ministres de la pastorale de la santé », conclut Benoît XVI dans son message 2008 pour la Journée mondiale du Malade, célébrée chaque année en la fête de Notre-Dame de Lourdes, le 11 février.
« L’Eucharistie, Lourdes et le soin pastoral des malades », c’est en effet le thème de ce message.
La salle de presse du Saint-Siège a publié, samedi dernier, 19 janvier ce texte du pape en date du 11 janvier.
Chers frères et sœurs,
1. Le 11 février, fête de la bienheureuse Vierge Marie de Lourdes, est célébrée la Journée mondiale du Malade, occasion propice pour réfléchir sur le sens de la douleur et sur le devoir chrétien de l’assumer dans n’importe quelle circonstance où elle se présente. Cette année, cette célébration significative est unie à deux événements importants pour la vie de l’Église, comme on peut déjà le comprendre par le thème choisi : « L’Eucharistie, Lourdes et le soin pastoral des malades » : le 150e anniversaire des apparitions de l’Immaculée à Lourdes et la célébration du Congrès eucharistique international à Québec, au Canada. De cette manière, une opportunité particulière est offerte pour considérer la relation étroite entre le mystère eucharistique, le rôle de Marie dans le plan salvifique et la réalité de la douleur et de la souffrance de l’homme.
Les 150 ans des apparitions de Lourdes nous invitent à tourner le regard vers la Vierge sainte, dont l’immaculée conception constitue le don sublime et gratuit de Dieu à une femme, afin qu’elle pût adhérer pleinement aux desseins divins avec une foi ferme et inébranlable, malgré les épreuves et les souffrances qu’elle aurait dû affronter. Voilà pourquoi Marie est le modèle de l’abandon total à la volonté de Dieu : elle a accueilli le Verbe éternel dans son cœur et l’a conçu dans son sein virginal ; elle a eu confiance en Dieu et, l’âme transpercée d’une épée de douleur (cf. Lc 2,35), elle n’a pas hésité à partager la passion de son Fils, en renouvelant sur le Calvaire, au pied de la croix, le « oui » de l’annonciation. Méditer sur l’immaculée conception de Marie signifie donc se laisser attirer par le « oui » qui l’a unie admirablement à la mission du Christ, rédempteur de l’humanité ; c’est se laisser prendre par la main et guider par elle, pour prononcer à son tour le « fiat » à la volonté de Dieu, avec toute l’existence traversée de joies et de tristesses, d’espérances et de déceptions, en sachant que les épreuves, la douleur et la souffrance enrichissent notre pèlerinage sur la terre.
2. On ne peut contempler Marie sans être attiré par le Christ et on ne peut regarder le Christ sans percevoir immédiatement la présence de Marie. Il y a un lien inséparable entre la Mère et le Fils engendré dans son sein par l’œuvre de l’Esprit Saint, et ce lien nous le sentons, de manière mystérieuse, dans le sacrement de l’eucharistie, comme les Pères de l’Église et les théologiens l’ont mis en lumière dès les premiers siècles. « La chair née de Marie, venant de l’Esprit Saint, est le pain descendu du ciel », déclare saint Hilaire de Poitiers, tandis que dans le Sacramentaire « Bergomense » du IXème siècle, nous lisons : « Son sein a fait mûrir un fruit, un pain nous a rempli du don angélique. Marie a rendu au salut ce qu’Ève avait détruit par sa faute ». Saint Pierre Damien observe ensuite : « Ce corps que la très bienheureuse Vierge a engendré, a nourri dans son sein avec une sollicitude maternelle, ce corps dis-je, celui-là et pas un autre, nous le recevons à présent du saint autel et nous en buvons le sang comme sacrement de notre rédemption. Voilà ce que croit la foi catholique, ce qu’enseigne fidèlement la sainte Église ». Le lien de la Vierge sainte avec le Fils, agneau immolé qui enlève les péchés du monde, s’étend à l’Église, corps mystique du Christ. Marie, observe le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, est « femme eucharistique » à travers toute sa vie et l’Église, la considérant comme son modèle, « est appelée à l’imiter également dans son rapport avec ce très saint mystère » (Ecclesia de Eucharistia, 53). Dans cette optique, on comprend encore mieux pourquoi à Lourdes, au culte de la bienheureuse Vierge Marie est associé un rappel fort et constant à l’eucharistie par des célébrations eucharistiques quotidiennes, par l’adoration du très saint sacrement et la bénédiction des malades, qui constitue un des temps les plus forts de la halte des pèlerins près de la grotte de Massabielle.
La présence à Lourdes de nombreux pèlerins malades et de bénévoles qui les accompagnent aide à réfléchir sur la bienveillance maternelle et tendre que manifeste la Vierge envers la douleur et la souffrance de l’homme. Associée au sacrifice du Christ, Marie, Mater Dolorosa, qui, au pied de la croix souffre avec son divin Fils, est particulièrement proche de la communauté chrétienne qui se rassemble autour de ses membres souffrants, qui portent les signes de la passion du Seigneur. Marie souffre avec ceux qui sont dans l’épreuve, elle espère avec eux et est leur réconfort en les soutenant de son aide maternelle. Et n’est-il pas vrai que l’expérience spirituelle de tant de malades incite à comprendre toujours plus que « le divin Rédempteur veut pénétrer dans l’âme de toute personne qui souffre, par l’intermédiaire du cœur de sa très sainte Mère, prémices et sommet de tous les rachetés ? » (Jean-Paul II, Salvifici doloris, 26).
3. Si Lourdes nous conduit à méditer sur l’amour maternel de la Vierge immaculée pour ses enfants malades et ceux qui souffrent, le prochain Congrès eucharistique international sera l’occasion d’adorer Jésus-Christ présent dans le sacrement de l’autel, de nous confier à lui comme l’espérance qui ne déçoit pas, de l’accueillir comme remède de l’immortalité qui guérit le corps et l’esprit. Jésus-Christ a racheté le monde par sa souffrance, par sa mort et sa résurrection et il a voulu rester avec nous comme « pain de la vie » dans notre pèlerinage terrestre. « L’Eucharistie don de Dieu pour la vie du monde » : voilà le thème du Congrès eucharistique qui souligne que l’eucharistie est le don de son Fils unique, incarné et crucifié, que le Père fait au monde. C’est lui qui nous réunit autour de la table eucharistique, en suscitant chez ses disciples une attention bienveillante envers les malades et ceux qui souffrent ; en eux, la communauté chrétienne reconnaît le visage du Seigneur. Comme je l’ai souligné dans l’exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, « nos communautés, quand elles célèbrent l’eucharistie, doivent prendre toujours plus conscience que le sacrifice du Christ est pour tous, et que l’eucharistie presse alors toute personne qui croit en lui à se faire « pain rompu » pour les autres » (n.88). Ainsi, nous sommes encouragés à nous engager à la première personne à servir les frères, surtout ceux qui sont en difficulté, puisque la vocation de tout chrétien est d’être vraiment, avec Jésus, pain rompu pour la vie du monde.
4. Donc, il apparaît clairement que la pastorale de la santé doit puiser dans l’eucharistie la force spirituelle et nécessaire pour secourir efficacement l’homme et l’aider à comprendre la valeur salvifique de sa souffrance. Comme l’écrivit le Serviteur de Dieu Jean-Paul II dans la lettre apostolique déjà citée Salvifici doloris, l’Église voit dans les frères et les sœurs qui souffrent un peu comme de nombreux sujets de la force surnaturelle du Christ (cf. n.27). Uni mystérieusement au Christ, l’homme qui souffre avec amour et abandon docile à la volont
é divine devient offrande vivante pour le salut du monde. Mon prédécesseur bien-aimé déclarait encore que : « Plus l’homme est menacé par le péché, plus sont lourdes les structures du péché que le monde actuel porte en lui-même, et plus est éloquente la souffrance humaine en elle-même. Et plus aussi l’Église éprouve le besoin de recourir à la valeur des souffrances humaines pour le salut du monde » (ibid.). Donc, si à Québec, on contemple le mystère de l’eucharistie don de Dieu pour la vie du monde, dans la Journée mondiale du Malade, dans un parallélisme spirituel idéal, non seulement on célèbre la participation effective de la souffrance humaine à l’œuvre salvifique de Dieu, mais dans un certain sens, on peut bénéficier également des précieux fruits promis à ceux qui croient. Ainsi, la douleur, acceptée avec foi, devient la porte pour entrer dans le mystère de la souffrance rédemptrice de Jésus et pour atteindre avec lui la paix et le bonheur de sa résurrection.
5. Tandis que j’adresse mon salut cordial à tous les malades et à ceux qui en prennent soin de diverses manières, j’invite les communautés diocésaines et paroissiales à célébrer la prochaine Journée mondiale du Malade en mettant pleinement en valeur l’heureuse coïncidence du 150e anniversaire des apparitions de Notre Dame à Lourdes et le Congrès eucharistique international. Que ce soit l’occasion de souligner l’importance de la sainte messe, de l’adoration eucharistique et du culte de l’eucharistie, en faisant en sorte que les chapelles dans les centres de santé deviennent le cœur battant où Jésus s’offre sans cesse au Père, pour la vie de l’humanité. De même, la distribution de l’eucharistie aux malades, effectuée avec respect et esprit de prière, est un véritable réconfort pour ceux qui souffrent et sont atteints de toute forme de maladie.
En outre, que la prochaine Journée mondiale du Malade soit une circonstance propice pour invoquer, de manière spéciale, la protection maternelle de Marie sur tous ceux qui sont éprouvés par la maladie, sur les personnels de santé et sur les ministres de la pastorale de la santé. Je pense plus particulièrement aux prêtres engagés dans ce domaine, aux religieuses et aux religieux, aux bénévoles et à quiconque s’occupe de servir avec beaucoup de dévouement, dans le corps et l’âme, les malades et les nécessiteux. Je les confie tous à Marie, Mère de Dieu et notre Mère, immaculée conception. Qu’elle aide chacun à témoigner que la seule réponse valable à la douleur et à la souffrance humaine est le Christ, qui en ressuscitant a vaincu la mort et nous a donné la vie qui n’a pas de fin. Avec ces sentiments, j’impartis de tout cœur, une bénédiction apostolique spéciale à tous.
Du Vatican, le 11 janvier 2008
BENEDICTUS PP. XVI
© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice du Vatican
Traduction distribuée par la salle de presse du Saint-Siège