« Notre société a besoin de fortes doses d’Esprit Saint »

Le P. Cantalamessa commente l’Evangile du dimanche 13 janvier

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ROME, Vendredi 11 janvier 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 13 janvier, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 3, 13-17

Alors Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »

Mais Jésus lui répondit : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » Alors Jean le laisse faire.

Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l’eau ; voici que les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. »

© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservés

Baptême du Seigneur

Jésus lui-même a donné une explication de ce qui s’est passé pour lui au cours de son baptême dans le Jourdain. De retour du Jourdain, dans la synagogue de Nazareth, il applique à lui-même les paroles d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction… ». Pierre utilise ce même terme d’onction dans la deuxième lecture, en parlant du baptême de Jésus : « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance… » (1)

Il s’agit d’un concept fondamental pour la foi chrétienne. Il suffit de rappeler que le nom Messia en hébreu et Christos en grec signifient précisément cela : Oint. Nous nous appelons nous-mêmes chrétiens, disaient les Pères antiques, car nous avons été oints, à l’image du Christ, l’Oint par excellence. Dans notre langage, le mot « oint » a de nombreuses significations, pas toutes positives. Dans l’antiquité, l’onction était un élément important de la vie. Les athlètes s’enduisaient le corps avec de l’huile pour être sveltes et agiles dans les courses, les hommes et les femmes s’enduisaient le corps d’huiles parfumées pour être beaux et avoir le visage resplendissant. Il existe aujourd’hui, dans ce même but, une infinité de produits et crèmes en tous genres, en grande partie également dérivés de différents types d’huiles.

En Israël, le rite avait une signification religieuse. Les rois, les prêtres et les prophètes s’enduisaient d’un onguent parfumé. Ceci était le signe qu’ils étaient consacrés au service divin. En Jésus Christ, toutes ces onctions symboliques deviennent réalité. Lors de son baptême dans le Jourdain, il est consacré roi, prophète et prêtre éternel, par Dieu le Père. Non pas par l’utilisation d’une huile matérielle, mais par l’huile spirituelle qui est l’Esprit du Seigneur, « l’huile d’allégresse », comme l’appelle un psaume. Ceci explique pourquoi l’Eglise donne une telle importance à l’onction avec le saint chrême. Il y a un rite d’onction dans le baptême, dans la confirmation, dans la consécration des prêtres, et il y a une onction des malades (jadis appelée « extrême onction »), parce qu’à travers ce rite, on participe à l’onction du Christ, c’est-à-dire à sa plénitude d’Esprit Saint. On devient littéralement « chrétiens », c’est-à-dire oints, consacrés, appelés, dit saint Paul, à répandre dans le monde « la bonne odeur du Christ ».

Essayons de voir ce que tout cela nous dit, à nous, aujourd’hui. Il est actuellement à la mode de parler d’aromathérapie. Il s’agit de l’utilisation des huiles essentielles (c’est-à-dire celles qui distillent un parfum) pour maintenir en bonne santé ou pour soigner certains troubles. Internet est rempli de publicités sur l’aromathérapie. Celles-ci ne se limitent pas à promettre un bien-être physique ; il y a aussi les « parfums de l’âme », par exemple le parfum pour obtenir « la paix intérieure ».

Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur cette médecine alternative. Je vois cependant que les médecins invitent à se méfier de cette pratique qui n’est pas prouvée scientifiquement et qui comporte même dans certains cas, des contre-indications. Ce que je veux dire, c’est qu’il existe une aromathérapie sûre, infaillible, qui ne comporte aucune contre-indication : celle qui est faite avec l’arôme spécial, l’onguent parfumé, qui est l’Esprit Saint !

Cette aromathérapie à base d’Esprit Saint guérit les maladies de l’âme et parfois, si Dieu le veut, aussi celles du corps. Il y a un negro spiritual qui ne fait que répéter continuellement ces quelques mots : « Il y a un baume à Gilead qui guérit les âmes blessées » (There is a balm in Gilead / to make the wounded whole…). Gilead, ou Galaad, est une localité célèbre dans l’Ancien Testament pour ses parfums et ses baumes (cf. Jr 8, 22). Le cantique se poursuit en disant : « Parfois je me sens découragé et je pense que mon travail est inutile, mais l’Esprit Saint redonne alors vie à mon âme » (Sometimes I feel discouraged and think my work’s in vain but then the Holy Spirit revives my soul again). Galaad est pour nous l’Eglise, et le baume qui guérit est l’Esprit Saint. Il est l’effluve parfumée que Jésus a laissée derrière lui, en passant sur cette terre.

L’Esprit Saint est un spécialiste des maladies du mariage. Le mariage consiste à se donner l’un à l’autre, c’est le sacrement du don. L’Esprit Saint est le don devenu personne ; c’est le don du Père au Fils et du Fils au Père. Là où il arrive renaît la capacité de se donner et avec elle la joie et la beauté de vivre ensemble.

Le philosophe Heidegger a émis un jugement alarmant sur l’avenir de la société humaine : « Seul un dieu peut nous sauver », a-t-il dit. Moi je dis que ce Dieu qui peut nous sauver existe, c’est l’Esprit Saint. Notre société a besoin de fortes doses d’Esprit Saint.

(1) Ndlr : traduction de la Bible de Jérusalem

Traduit de l’italien par Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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