ROME, Mercredi 9 janvier 2008 (ZENIT.org) – La Congrégation pour les causes des saints a adressé aux évêques du monde entier des « Instructions », en une vingtaine de pages, pour les aider à « examiner l’admission de nouveaux cas » de canonisation et comment faire, concrètement, « pour la phase diocésaine du procès ». Le cardinal Saraiva Martins tord le cou à des idées reçues, de la « fabrique des saints » à « l’argent » nécessaire au procès.
« On demandera plus de rigueur dans les procès diocésains de canonisation », titre aujourd’hui L’Osservatore Romano (édition en italien du 9 janvier 2008), dans un entretien de Mario Ponzi avec le cardinal préfet de la congrégation pour les Causes des saints, José Saraiva Martins (cf. Zenit du 8 janvier 2007 pour les canonisations de 2008 et pour la cause de Jean-Paul II).
Le cardinal Saraiva Martins précise que le document sera bientôt présenté à la presse pour « attirer l’attention spéciale des postulateurs sur ce document ».
Il envisage également « une journée d’étude réservée justement aux postulateurs pour expliquer le document en détail : ce sont eux qui doivent être les premiers à connaître parfaitement ce que les évêques diocésains doivent faire ».
Pour le préfet du dicastère, il s’agit de « mieux répondre à l’esprit nouveau introduit par Benoît XVI dans les procédures du rite de béatification : il s’agit d’innovations très importantes, capables de souligner de façon efficace la théologie de l’Eglise locale comme cela a été réaffirmé avec force par le concile Vatican II ».
On se souvient que Benoît XVI s’est réservé la présidence des canonisations, à Rome ou dans d’autres pays, mais qu’il a délégué la présidence des béatifications au préfet de la congrégation ou à un envoyé, dans le diocèse d’origine du nouveau bienheureux.
« La béatification d’un serviteur de Dieu dans l’Eglise à laquelle il appartient est quelque chose que toute la communauté vit de façon unie, dans un climat de foi qui se transforme en joie et en fête ecclésiale, du fait que l’un d’eux a été élevé à l’honneur des autels. Mais c’est justement en vertu de cette nouvelle ferveur dans de tels événements qu’il faut procéder avec une prudence encore plus grande, et avec plus de rigueur ».
Quant à l’objection que Rome deviendrait une « fabrique de saints », avec une « inflation » de saints et de bienheureux, le cardinal Saraiva Martins estime qu’elle vient de personnes qui « ne comprennent pas la grandeur de la sainteté et ne savent pas que les saints ‘sont’ mais qu’on ne les ‘fait’ pas ».
Il citait la réponse de Jean-Paul II : « C’est au bon Dieu qu’il faut s’adresser s’il y a trop de saints ! »
« C’est Lui, insiste le cardinal Saraiva Martins, qui suscite la sainteté dans le cœur des hommes ! L’Eglise ne fait rien d’autre qu’en prendre acte, suivre un parcours, pour arriver à une conclusion ».
Quant à une autre objection, qu’il faut avoir des « moyens » pour mener à bien une cause, le cardinal préfet répond : « C’est une autre distorsion de la vérité qu’il faut éliminer. L’argent n’a rien à voir avec la reconnaissance de la sainteté. Il est vrai qu’instruire et mener à bien un procès de béatification comporte des dépenses. Parmi celles qui ont le plus d’incidence, même s’il ne s’agit pas de sommes élevées, c’est la juste compensation pour la commission médicale appelée à vérifier, du point de vue scientifique, le caractère miraculeux de la guérison que l’on entend apporter comme preuve au procès. Il y a aussi la – non moins juste – compensation pour les membres de la commission théologique appelés à vérifier si telle guérison miraculeuse doit être attribuée à l’intercession de la personne dont il s’agit. Mais, je le répète, il s’agit de sommes modestes. Les autres dépenses à affronter – et elles sont un peu plus consistantes – sont relatives à la publication de la « positio » et éventuellement celles du rite lui-même : de l’impression des livrets liturgiques à l’ornementation florale de l’autel, etc. ».
(A suivre)
Anita S. Bourdin