« L'humanité constitue une famille », déclare le pape aux ambassadeurs

Discours de Benoît XVI au Corps diplomatique (1)

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ROME, Lundi 7 janvier 2008 (ZENIT.org) – « L’humanité constitue une famille », déclare le pape Benoît XVI aux ambassadeurs du monde accrédités près le Saint-Siège qu’il a reçus ce lundi matin.

Ce discours est très attendu chaque année car il constitue en quelque sorte une « photographie du monde » vu par l’objectif du Saint-Siège et du pape.

Le doyen du Corps diplomatique, M. Giovanni Galassi, ambassadeur de la République de Saint-Marin, a présenté au pape les vœux de l’ensemble des ambassadeurs.

Un communiqué du Vatican rappelle aujourd’hui que le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 176 pays, auxquels s’ajoutent les relations avec les communautés européennes et de l’Ordre de Malte, et deux missions spéciales auprès de la Fédération de Russie et du Bureau de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP).

Benoît XVI file l’image de la famille des Nations en disant : « Dans un esprit de famille, ont été établies les relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis et se sont déroulées les visites à des pays qui me sont très chers ».

Mais le pape a, dès le début de son discours, redit aussi son désir d’élargir encore le rayonnement de ces relations en disant : « J’ai également aujourd’hui une pensée spéciale pour les nations qui n’entretiennent pas encore de relations diplomatiques avec le Saint-Siège : elles ont aussi une place dans le cœur du Pape. L’Eglise est profondément convaincue que l’humanité constitue une famille, comme j’ai voulu le souligner dans le Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix de cette année ».

Après ce qu’il qualifie de « rapide tour d’horizon », Benoît XVI soulignait « que la sécurité et la stabilité demeurent fragiles » dans le monde.

La liberté humaine n’est pas absolue

« Les facteurs de préoccupation sont divers, constate le pape ; ils témoignent tous cependant que la liberté humaine n’est pas absolue, mais qu’il s’agit d’un bien partagé, dont la responsabilité incombe à tous. En conséquence, l’ordre et le droit en sont des éléments qui la garantissent. Mais le droit ne peut être une force de paix efficace que si ses fondements demeurent solidement ancrés dans le droit naturel, donné par le Créateur. C’est aussi pour cela que l’on ne peut jamais exclure Dieu de l’horizon de l’homme et de l’histoire. Le nom de Dieu est un nom de justice ; il représente un appel pressant à la paix ».

Benoît XVI encourage donc le « dialogue interculturel et interreligieux » pour « stimuler la collaboration sur des thèmes d’intérêt mutuel, comme la dignité de la personne humaine, la recherche du bien commun, la construction de la paix et le développement ».

Le dialogue des religions et des cultures

Le pape rappelle l’importance pour le Saint-Siège de « sa participation au dialogue de haut niveau sur la compréhension entre les religions et les cultures et la coopération pour la paix, dans le cadre de la soixante-deuxième Assemblée générale des Nations unies (4-5 octobre 2007) ».

Benoît XVI indique les conditions du dialogue : « Pour être vrai, ce dialogue doit être clair, évitant relativisme et syncrétisme, mais animé d’un respect sincère pour les autres et d’un esprit de réconciliation et de fraternité ».

A ce propos, le pape évoque spécialement la lettre que lui ont adressée, le 13 octobre dernier, « cent trente-huit personnalités musulmanes » et il renouvelle l’expression de sa « gratitude » pour les « nobles sentiments qui y sont exprimés ».

Le cardinal Bertone a en effet confirmé, jeudi dernier, dans les colonnes de la revue italienne « Famiglia Cristiana », la « disponibilité » du pape à recevoir une délégation des 138 dignitaires musulmans.

Dans sa réponse, le pape a en effet invité une délégation, pour une rencontre en collaboration avec le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Le président de ce dicastère, le cardinal Jean-Louis Tauran, a pour sa part déclaré à L’Osservatore Romano que trois représentants des signataires devraient venir à Rome au mois de février ou en mars pour la préparation de cette rencontre. D’autres signataires se sont ajoutés par la suite à la lettre, en ligne.

Le caractère sacré de la vie humaine

Benoît XVI mentionne ensuite, comme dans son message du 1er janvier pour la Paix, le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en disant : « Cet acte solennel fut, selon l’expression du Pape Paul VI, l’un des plus grands titres de gloire des Nations unies ».

Rappelant l’engagement de l’Eglise catholique, le pape souhaitait « que les organismes créés pour la défense et la promotion des droits de l’homme consacrent toutes leurs énergies à cette tâche et, en particulier, que le Conseil des droits de l’homme sache répondre aux attentes suscitées par sa création ».

Pour un usage moral de la science

A ce propos, le pape rappelait le caractère sacré de la vie humaine en disant : « Je ne peux pas ne pas déplorer une fois encore les attaques continuelles perpétrées, sur tous les continents, contre la vie humaine. Je voudrais rappeler, avec tant de chercheurs et de scientifiques, que les nouvelles frontières de la bioéthique n’imposent pas un choix entre la science et la morale, mais qu’elles exigent plutôt un usage moral de la science ».

Citant l’appel de Jean-Paul II pour l’An 2000, le pape disait se « réjouir » pour l’adoption, le 18 décembre dernier, de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies « appelant les Etats à instituer un moratoire sur l’application de la peine de mort ».

« Je souhaite, ajoutait le pape, que cette initiative stimule le débat public sur le caractère sacré de la vie humaine ». En Italie, un journal a lancé l’idée d’un moratoire pour l’avortement, ce qui a amorcé un nouveau débat.

L’intégrité de la famille

Le pape soulignait aussi l’importance de la famille, thème du message du 1er janvier où il a mis en évidence la relation entre la paix du monde et les mesures prises en faveur de la famille.

Devant les ambassadeurs, le pape disait notamment : « Je regrette une fois encore les atteintes préoccupantes à l’intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme. Les responsables de la politique, de quelque bord qu’ils soient, devraient défendre cette institution fondamentale, cellule de base de la société ».

Liberté religieuse, pour tous

Un autre point régulièrement souligné par Jean-Paul II aussi lors de ce fameux discours de début de l’année : la liberté religieuse. « Même la liberté religieuse, a rappelé Benoît XVI, ‘exigence inaliénable de la dignité de tout homme et pierre angulaire dans l’édifice des droits humains’ (Message pour la Célébration de la Journée mondiale de la Paix 1988, Préambule), est souvent compromise. Il y a en effet bien des endroits où elle ne peut s’exercer pleinement. Le Saint-Siège la défend et en demande le respect pour tous. Il est préoccupé par les discriminations contre les chrétiens et contre les fidèles d’autres religions ».

Paix et développement

Pour ce qui concerne la paix dans le monde, le pape rappelait également les conditions pour sa réalisation : « La paix est un engagement et un mode de vie qui exigent que l’on satisfasse les attentes légitimes de tous comme l’accès à la nourriture, à l’eau et à l’énergie, à la médecine et à la technologie, ou bien le contrôle des changements climatiques. C’est seulement ainsi que l’on peut construire l’avenir de l’humanité ; c’est seulement ainsi que l’on favorise le développement intégral pour aujourd’hui et pour demain
(…). Pour consolider la paix, il faut que les résultats macroéconomiques positifs obtenus par de nombreux pays en voie de développement en 2007 soient soutenus par des politiques sociales efficaces et par la mise en œuvre des engagements d’assistance des pays riches ».

La non prolifération nucléaire

Pour ce qui concerne la « sécurité », le pape a demandé aux Nations un « effort conjoint » pour « appliquer toutes les obligations souscrites et pour empêcher l’accès des terroristes aux armes de destruction massive renforcerait sans aucun doute le régime de non-prolifération nucléaire et le rendrait plus efficace ».

A ce propos, le pape s’est réjoui de « l’accord conclu pour le démantèlement du programme d’armement nucléaire en Corée du Nord » et il a encouragé « l’adoption de mesures appropriées pour la réduction des armements de type classique et pour affronter le problème humanitaire posé par les armes à sous-munitions ».

L’art de l’espérance

« La diplomatie est, d’une certaine façon, concluait le pape sur le thème de son encyclique, l’art de l’espérance. Elle vit de l’espérance et cherche à en discerner même les signes les plus ténus. La diplomatie doit donner de l’espérance. La célébration de Noël vient chaque année nous rappeler que, quand Dieu s’est fait petit enfant, l’Espérance est venue habiter dans le monde, dans le cœur de la famille humaine ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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