ROME, Mardi 20 novembre 2007 (ZENIT.org) – Le mot « religion » est désormais mentionné dans les statuts du Parti communiste chinois, rapporte « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA 473, http://eglasie.mepasie.org). Un signe d’ouverture ou une volonté de contrôle accru ? Les observateurs s’interrogent.
Le 17e congrès du Parti communiste chinois s’est tenu du 15 au 21 octobre dernier. Le mot « religion » a fait son entrée dans les statuts du parti, communiste donc athée, fondé en 1921 et au pouvoir à Pékin depuis 1949. Dans la nouvelle mouture des statuts du Parti qui compte 73 millions de membres, on peut lire, au paragraphe 19, du « Programme général » : « Le Parti s’efforce d’appliquer pleinement ses principes de base en matière religieuse, et (qu’)il fait appel à la contribution des croyants en matière de développement économique et social ».
Auparavant, précise la même source, ce paragraphe appelait uniquement au développement des relations entre communistes et minorités ethniques sur des principes d’égalité, de solidarité, d’harmonie mutuelle et à leur développement économique, ainsi qu’à la formation de cadres au sein de ces groupes.
Le secrétaire général du Parti, Hu Jintao, qui assume également le poste de président de la République populaire de Chine, a affirmé la volonté du Parti d’« appliquer pleinement ses principes fondamentaux en matière religieuse et d’utiliser le rôle positif des personnalités religieuses et des croyants pour promouvoir le développement économique et social du pays ».
Selon un évêque « officiel », interrogé par l’agence Ucanews et qui a souhaité garder l’anonymat, le rapport de Hu Jintao illustre le fait que la politique du Parti communiste reste « constante, sans véritable changement »; néanmoins, le Parti « presse les croyants de participer au développement du pays », alors qu’auparavant il considérait les religions comme une source d’instabilité, y compris celles qui inscrivaient leur action dans le cadre des règlements fixés par le gouvernement chinois.
Pourtant, l’évêque regrette que « le manque d’unité entre l’Eglise ‘officielle’ et l’Eglise ‘clandestine’ altère la stabilité; ainsi plus d’efforts doivent être réalisés en ce sens ».
A propos de cette introduction du terme « religion » dans les statuts du Parti, le directeur de l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses, Ye Xiaowen, a déclaré qu’elle prouvait que le Parti communiste chinois était « sincère et capable d’instaurer des mesures en matière de liberté religieuse », une liberté qui, par ailleurs, est inscrite dans la Constitution de la République populaire.
Un journaliste catholique travaillant pour un quotidien continental estime, pour sa part, que le rapport de Hu Jintao, met en exergue la religion afin de mieux souligner l’apport des religions au « maintien de l’harmonie sociale », selon la devise actuelle du régime.
Selon certains observateurs, l’introduction du terme « religion » dans les statuts du PC chinois pourrait laisser présager une volonté de contrôle plus étroit sur les activités religieuses en Chine.
Le 24 octobre dernier, un article du Wen Wei Po, quotidien de Hongkong proche du gouvernement chinois, identifiait le Vatican comme la troisième « force étrangère », après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui s’immisce dans les affaires intérieures de la Chine et de Hongkong par le biais de porte-parole, de groupes d’experts et de fondations.
Le rapport du secrétaire général du PC met par ailleurs « les forces extérieures » en garde « contre toute tentative d’ingérence » dans les affaires intérieures de Hongkong et Macao. Certains observateurs se demandent si ces mises en garde ont un rapport avec la succession prochaine du cardinal Zen à la tête du diocèse de Hongkong. Peu apprécié à Pékin, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, a fêté son 75e anniversaire le 13 janvier dernier et, à plusieurs reprises, a demandé au pape, d’être déchargé de ses responsabilités dans le diocèse, comme le prévoit le droit canonique (1).
(1) Voir EDA 455, 456, 460