Le pape Benoît XVI a adressé un message aux participants des Semaines sociales de France qui se sont tenues à La Défense, près de Paris, sur le thème du développement durable (« Vivre autrement pour un développement durable et solidaire »), du 16 au 18 novembre. Elles ont rassemblé quelque 4000 participants.
« Vos réflexions sont appelées à susciter une nouvelle espérance pour que la planète puisse continuer à nourrir ceux qui y habitent », disait le pape dans son message, envoyé en son nom par Mgr Fernando Filoni, substitut de la secrétairerie d’Etat, et qui a été lu à l’ouverture de la session.
En effet les « maladies » de la terre qui préoccupent la communauté scientifique mais aussi les peuples du fait de l’impact qu’elles ont sur la vie quotidienne, et des éventuelles retombées sur les générations à venir, et le mode de production des pays industrialisés pénalise davantage les pays pauvres. Dans les économies émergentes elles aussi sont marquées par le style de vie occidental imprégné de consumérisme.
C’est pourquoi Benoît XVI en appelle à un « sursaut en faveur de la terre ». Le pape discerne en effet des « signaux d’alarme » dans « l’épuisement des ressources de la planète », la « fonte rapide des glaciers », « l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre », et « l’augmentation des catastrophes naturelles ».
Le pape déplore que ce soient « toujours les pays les plus pauvres qui subissent les conséquences les plus graves de ce qui est en grande partie provoqué par le comportement du monde industrialisé, et de la confiance, souvent excessive, dans le progrès scientifique et technologique ».
C’est pourquoi le pape forme le vœu que les projets « permettent une meilleure répartition des ressources naturelles et des biens de la terre, une exploitation mesurée des forêts et des réserves biologiques ».
Mais surtout, le pape demande aux pays riches de ne pas « exploiter indûment les ressources des pays en voie de développement ». Il s’agit, insiste Benoît XVI, de « principes élémentaires de justice et d’équité et de la destination universelle des biens de la terre ».
Le document final insiste sur l’éducation des nouvelles générations aux thèmes concernant l’environnement, sur les changements nécessaires des modes de production et de consommation alimentaire, la nécessité d’agir sur le style de vie des personnes, spécialement dans les centres urbains et sur la responsabilité écologique à réclamer aux entreprises.
Jérôme Vignon, président des Semaines sociales de France a expliqué à Radio Vatican que le développement durable demandera à la fois des « changements » et de la « solidarité » effective avec ceux que ces changements toucheront en premier.
« Les Français, disait-il, sont prêts à un changement d’habitudes », mais il ajoutait : « Ce qu’il faut faire va très loin, cela prendra des décennies : dans le domaine du transport », et il faut donc « concevoir des villes et des campagnes qui demandent moins de déplacements individuels.
« Vivre autrement s’impose au lieu d’être choisi, affirmait M. Vignon, et en particulier aux agriculteurs, aux pécheurs ». Il s’agit donc de voir « comment on va partager le fardeau de changement de vie qui va être imposé ».
Pour Jérôme Vignon, « c’est un enjeu de solidarité » car le développement durable implique un « problème de restructuration des activités ».
Mais il s’agit aussi pour l’humanité d’une « opportunité majeure » de retrouver une autre relation à la création car l’homme est placé dans la création comme un « bon gardien », un « jardinier » dont le rôle est de « permettre à la nature d’évoluer de façon équilibrée et harmonieuse ». Pour la tradition chrétienne, expliquait encore M. Vignon, il s’agit d’une « perspective active » : l’homme est un « maître-serviteur de la nature, ni dominateur ni fusionné ».
Pour ce qui est notamment de la pollution de l’eau, le président des Semaines sociales soulignait l’importance de « faire des investissements coûteux », de « renoncer à certains modes de production agricole ». Il y a donc là, insistait-il, un « enjeu de solidarité avec ceux qui auront le plus d’efforts à faire pour que la nature soit harmonieuse pour le bien de tous ».
A la fin du dix-neuvième siècle, la doctrine sociale de l’Eglise naissait, avec comme texte fondateur l’encyclique du Pape Léon XIII en 1891, rappelle le site des Semaines sociales de France. Au début du siècle suivant, en 1904, deux laïcs créaient les Semaines sociales de France. Ce rendez-vous annuel, pendant une semaine, d’une ville à l’autre, se voulait un observatoire de la vie sociale française, un laboratoire d’idées où naissaient des propositions concrètes pour améliorer la société.
Les 16, 17, et 18 novembre dernier, la 82e édition marque les vingt ans du renouveau de la session des Semaines sociales de France, indique la même source. Organisée depuis les années 1990 en région parisienne, c’est l’Ouest parisien qui a accueilli la session, au CNIT La Défense, pour débattre autour du « développement durable ».
Relayées par 17 antennes en Province, les « Semaines Sociales » sont à l’origine de nombreuses mesures sociales gouvernementales, comme le rappelait le Maire Martine Aubry, lors de l’édition du centenaire à Lille en 2004 (assurance chômage, couverture maladie universelle…).
En toute indépendance, ceux qui font les « Semaines sociales » (une cinquantaine de bénévoles) se réunissent régulièrement dans l’année, en groupes de réflexion, notamment pour préparer la session annuelle à venir. S’en suit la publication des actes, ouvrage qui reprend les conclusions du week-end de novembre. Aussi, une lettre trimestrielle informe sur l’actualité de l’association.
Les Semaines Sociales sont présentes dans une quinzaine de pays en Europe.