ROME, vendredi 6 juillet 2007 (ZENIT.org) – Dans cet entretien à ZENIT, Mgr Giorgio Biguzzi raconte les efforts que l’Eglise de son pays, la Sierra Leone, déploie pour reconstruire une nation détruite par la guerre.
Ce conflit, qui a duré de 1991 à 2002, « nous a appris que nous devons rester physiquement présents auprès des gens, que nous devons promouvoir le dialogue entre les groupes de combattants et préserver la crédibilité morale de l’Eglise, explique l’évêque.
D’origine italienne, Mgr Biguzzi a travaillé en Sierra Leone pendant plus de 30 ans. Il a été ordonné évêque par le pape Jean Paul II en 1987.
Récompensé pour son travail de promotion religieuse, pour son engagement en faveur du développement de la Sierra Leone et pour sa participation à la résolution du conflit, l’évêque de Makeni a reçu le prix Commander of the Order of the Rokel.
ZENIT : Mgr Biuzzi, comment se porte aujourd’hui votre diocèse, après les dures conséquences de la guerre?
Mgr Biguzzi : Makeni est un diocèse plein de dynamisme missionnaire, avec un système scolaire bien organisé, des organisations laïques dans toutes les paroisses, et une vie liturgique et dévotionnelle très intense.
Aussitôt après la guerre, on s’est lancé dans la reconstruction des structures matérielles et pastorales du diocèse, et l’on a donné une nouvelle impulsion à la formation des prêtres et des laïcs, à des niveaux même assez hauts.
Nous avons ouvert une station radio pour évangéliser et former les populations en utilisant les instruments des communications sociales. Nous avons également démarré un institut de sciences sociales et religieuses au niveau universitaire pour être présents dans le monde de la culture. Et nous avons à peine fini de célébrer le premier synode diocésain de Makeni.
ZENIT : 11 années de guerre ont marqué l’épiscopat. Quels étaient les défis de l’Eglise à cette époque et quelles leçons, les pays actuellement en guerre, peuvent-ils tirer de tout cela?
Mgr. Biguzzi : Notre défi était d’entretenir l’espérance dans le cœur des gens, de rester auprès d’eux, de se faire l’écho de leur besoin de paix et de justice, d’accepter les risques du moment, et de servir de médiateurs entre les parties en conflit.
Les leçons que l’on peut tirer de tout cela ? Rester physiquement auprès des gens, leur venir en aide le mieux possible et là où c’est possible, promouvoir le dialogue entre les groupes de combattants, préserver la crédibilité morale de l’Eglise, travailler pour la paix et affronter les causes de la guerre.
Sans perspective d’avenir et sans justice, il n’y aura jamais de paix.
ZENIT : Quelle contribution l’Eglise a-t-elle apportée dans la résolution du problème de la guerre ?
Mgr. Biguzzi : Elle a assuré une présence constante auprès des gens, elle a travaillé pour le dialogue et la paix, en se réunissant avec les représentants religieux. Elle apportait son aide dans les moments d’urgence, a mis ses propres structures au service du désarmement et de la réhabilitation des enfants soldats et des anciens combattants. Elle n’a également jamais perdu l’espoir et le courage d’aller de l’avant et a toujours proclamé son refus de la violence pour résoudre les conflits. Elle a toujours défendu la justice et les droits de l’homme.
ZENIT : Dans quelle mesure le synode diocésain, qui vient de se conclure, renforce-t-il l’Eglise locale de Makeni ?
Mgr. Biguzzi: Notre diocèse est un diocèse très actif. Naturellement tous les pères disent que leurs enfants sont les plus beaux. Pour moi c’est le meilleur diocèse du monde.
Cela dit, nous sommes conscients de nos faiblesses et de nos limites, mais notre volonté de grandir est là et nous avons confiance en l’action de l’Esprit.
Le synode diocésain conduira l’Eglise vers la croissance d’une Eglise plus inculturée, appelée à évangéliser son propre peuple, à célébrer et exprimer sa foi en langues et rites locaux, à former des familles chrétiennes solides, à apprendre aux nouvelles générations les valeurs de la foi, à promouvoir et défendre la justice et les droits de l’homme, à subvenir à ses propres besoins.
Une Eglise ouverte à faire partager sa joie d’appartenir au Christ.