ROME, Jeudi 22 février 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI invite les catholiques à vivre le carême « comme un temps eucharistique ».

Les stations de carême
Benoît XVI a conduit mercredi soir à 16 h 30 la procession pénitentielle du mercredi des cendres de l’église des Bénédictins, Saint-Anselme sur l’Aventin, jusqu’à la basilique confiée aux Dominicains, Sainte-Sabine, où le pape a ensuite présidé la messe avec le rite de la bénédiction et de l’imposition des cendres.

A Rome, Sainte-Sabine constitue, rappelons-le, la première station de carême. Chaque jour du carême la célébration eucharistique a lieu dans une église « station » et les Romains qui le peuvent participent à ce pèlerinage de quarante jours dans les églises de la ville éternelle.

Pour ce qui est des stations de carême, le pape rappelait dans son homélie, l’élaboration au cours des siècles d’une « géographie singulière de la foi » : « Avec l'arrivée des apôtres Pierre et Paul et avec la destruction du Temple, Jérusalem s'était transférée à Rome. La Rome chrétienne était entendue comme une reconstruction de la Jérusalem du temps de Jésus à l'intérieur des murs de l'Urbs. Cette nouvelle géographie intérieure et spirituelle, inhérente à la tradition des églises des « stations » du Carême, n'est pas un simple souvenir du passé, ni une vaine anticipation de l'avenir; au contraire, elle entend aider les fidèles à parcourir un chemin intérieur, le chemin de la conversion et de la réconciliation, pour parvenir à la gloire de la Jérusalem céleste où habite Dieu ».

Benoît XVI a également mentionné son Message 2007 pour le Carême, soulignant qu’il y invite les catholiques à « vivre ces quarante jours comme un temps eucharistique ».

« Dans le message pour le Carême, j'ai invité à vivre ces quarante jours de grâce particulière comme un temps ‘eucharistique’, soulignait le pape. En puisant à la source intarissable de l'amour qu'est l'Eucharistie, dans laquelle le Christ renouvelle le sacrifice rédempteur de la Croix, chaque chrétien peut persévérer sur l'itinéraire que nous entreprenons aujourd'hui solennellement. Les œuvres de charité (l'aumône), la prière et le jeûne en même temps que tout autre effort sincère de conversion trouvent leur plus haute signification et valeur dans l'Eucharistie, centre et sommet de la vie de l'Eglise et de l'histoire du salut ».

Une confiance filiale dans le Seigneur
« Dans sa tradition, l'Eglise ne se limite pas à nous offrir la thématique liturgique et spirituelle de l'itinéraire quadragésimal, mais elle nous indique également les instruments ascétiques et pratiques pour le parcourir de façon fructueuse », insistait le pape avant de commenter les lectures de la liturgie du jour.

Commentant la première lecture, tirée du livre du prophète Joël (2, 12), Benoît XVI expliquait : « Les souffrances, les catastrophes qui affligeaient à cette époque la terre de Judée poussent l'auteur sacré à encourager le peuple élu à la conversion, c'est-à-dire à retourner avec une confiance filiale dans le Seigneur en se déchirant le cœur et non les vêtements. En effet Celui-ci, rappelle le prophète, ‘est tendresse et pitié, lent à la colère, riche en grâce, et il a regret du mal’ (2, 13) ».

Le jour terrible, jour du salut
Actualisant ce passage prophétique, le pape disait : « L'invitation que Joël adresse à ceux qui l'écoutent vaut également pour nous, chers frères et sœurs. N'hésitons pas à retrouver l'amitié de Dieu perdue avec le péché ; en rencontrant le Seigneur, faisons l'expérience de la joie de son pardon. Et ainsi, presque en répondant aux paroles du prophète, nous avons fait nôtre l'invocation du refrain du Psaume responsorial : « Pardonne-nous, Seigneur, nous avons péché ». En proclamant le Psaume 50, le grand Psaume pénitentiel, nous en avons appelé à la miséricorde divine ; nous avons demandé au Seigneur que la puissance de son amour nous redonne la joie d'être sauvés ».

Citant la seconde lecture, de saint Paul, le pape ajoutait : « L'Apôtre se présente comme ambassadeur du Christ et montre clairement combien c'est précisément en vertu de lui qu'est offerte au pécheur, c'est-à-dire à chacun de nous, la possibilité d'une réconciliation authentique. ‘Celui qui n'avait pas connu le péché – dit-il – Il l'a fait péché pour nous afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu’ (2 Co 5, 21). Seul le Christ peut transformer chaque situation de péché en nouveauté de grâce ».

« Alors que Joël parlait du futur jour du Seigneur comme d'un jour de jugement terrible, saint Paul, en se référant à la parole du prophète Isaïe, parle de ‘moment favorable’, de ‘jour du salut’. Le futur jour du Seigneur est devenu l’‘aujourd'hui’. Le jour terrible s'est transformé dans la Croix et dans la Résurrection du Christ, en jour du salut. Et ce jour, c'est maintenant, comme nous l'avons entendu dans le Chant de l'Evangile: ‘Aujourd'hui, n’endurcissez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur’ ».

Pour plaire à Dieu
« La conversion du cœur à Dieu » constitue donc « la dimension fondamentale du temps quadragésimal », disait le pape en rappelant les deux significations des cendres : « La première relative au changement intérieur, à la conversion et à la pénitence, alors que la seconde renvoie à la précarité de la condition humaine, comme on le perçoit facilement dans les deux formules différentes qui accompagnent le geste ».

« Nous avons quarante jours pour approfondir cette extraordinaire expérience ascétique et spirituelle », en soulignant l’importance des « trois pratiques fondamentales chères également à la tradition hébraïque, parce qu'elles contribuent à purifier l'homme devant Dieu ».

« Ces gestes extérieurs, qui sont accomplis pour plaire à Dieu et non pour obtenir l'approbation ou l'assentiment des hommes, sont acceptés de Lui s'ils expriment la détermination du cœur à le servir, avec simplicité et générosité », faisait observer le pape.

Des « armes » spirituelles pour combattre le mal
« Le jeûne, auquel l'Eglise nous invite en ce temps fort, ne naît certes pas de motivations d'ordre physique ou esthétique, mais provient de l'exigence que l'homme a d'une purification intérieure qui le désintoxique de la pollution du péché et du mal; qui l'éduque à ces renonciations salutaires qui affranchissent le croyant de l'esclavage de son moi ; qui le rende plus attentif et disponible à l'écoute de Dieu et aux services de ses frères. C'est pour cette raison que le jeûne et les autres pratiques quadragésimales sont considérées par la tradition chrétienne comme des ‘armes’ spirituelles pour combattre le mal, les mauvaises passions et les vices », concluait le pape.