Don Maurizio Secondo Mirilli, vicaire paroissial de « Santa Bernadette Soubirous » et attaché au service pour la pastorale des jeunes du diocèse, a souligné la tâche difficile qui est celle des prêtres dans la mission de former à la foi les nouvelles générations. Don Maurizio a demandé au pape une parole d’orientation et de conduite sur la manière de transmettre aux jeunes la joie de la foi chrétienne, en particulier face aux défis culturels d’aujourd’hui, et il l’a prié d’indiquer les thématiques sur lesquelles investir le plus d’énergies pour aider les jeunes garçons et filles à rencontrer concrètement le Christ.
Benoît XVI : Merci pour le travail que vous accomplissez pour les adolescents. Nous savons que la jeunesse doit être réellement une priorité de notre travail pastoral, parce qu’elle vit dans un monde éloigné de Dieu. Et il est très difficile de trouver dans notre contexte culturel la rencontre avec le Christ, la vie chrétienne, la vie de la foi. Les jeunes ont besoin d’un profond accompagnement pour pouvoir réellement trouver ce chemin. Je dirais – même si malheureusement je vis assez loin d’eux et je ne peux donc pas donner d’indications très concrètes – que le premier élément me semble justement et surtout l’accompagnement. Ils doivent voir que l’on peut vivre la foi à notre époque, qu’il ne s’agit pas d’une chose du passé, mais qu’il est possible de vivre aujourd’hui en chrétiens et de trouver ainsi réellement le bien.
Je me souviens d’un élément autobiographique dans les écrits de saint Cyprien. J’ai vécu dans ce monde qui est le nôtre – écrit-il – totalement éloigné de Dieu, parce que les divinités étaient mortes et Dieu n’était pas visible. Et en voyant les chrétiens j’ai pensé : c’est une vie impossible, il ne peut en être ainsi dans notre monde ! Mais par la suite, en rencontrant plusieurs d’entre eux, en entrant dans leur compagnie, en me laissant guider dans le catéchuménat, sur ce chemin de conversion vers Dieu, peu à peu j’ai compris : cela est possible ! Et à présent, je suis heureux d’avoir trouvé la vie. J’ai compris que l’autre vie n’était pas la vie, et en vérité – confesse-t-il – je savais déjà auparavant que cela n’était pas la vraie vie.
Il me semble très important que les jeunes trouvent des personnes – aussi bien de leur âge que plus mûres – chez qui elles puissent voir que la vie chrétienne aujourd’hui est possible et qu’elle est également raisonnable et réalisable. Sur ces deux derniers éléments il me semble que l’on nourrit de nombreux doutes : sur son caractère réalisable, parce que les autres voies sont très éloignées du mode de vie chrétien, et sur son caractère raisonnable, parce qu’à première vue il semble que la science nous dise des choses tout à fait différentes et donc que l’on ne puisse pas engager un parcours raisonnable vers la foi, afin de montrer que celle-ci est en harmonie avec notre époque et avec la raison.
Le premier point est donc l’expérience, qui ouvre ensuite également la porte à la connaissance. En ce sens, le « catéchuménat » vécu d’une façon nouvelle – c’est-à-dire comme un chemin commun de vie, comme une expérience commune du fait qu’il est possible de vivre ainsi – est d’une grande importance. C’est uniquement en faisant une certaine expérience que l’on peut ensuite comprendre. Je me souviens d’un conseil que Pascal donnait à un ami non croyant. Il lui disait : essaie donc de faire les choses que fait un croyant, et ensuite, grâce à cette expérience, tu constateras que tout cela est logique et vrai.
Je dirais qu’un aspect important nous est montré précisément en ce moment par le Carême. Nous ne pouvons pas penser vivre immédiatement une vie chrétienne à cent pour cent, sans doute et sans péchés. Nous devons reconnaître que nous sommes en chemin, que nous devons et que nous pouvons apprendre, que nous devons nous convertir peu à peu. Bien sûr, la conversion fondamentale est un acte qui est fait pour toujours. Mais la réalisation de la conversion est un acte de vie, qui se réalise dans la patience d’une vie. C’est un acte dans lequel nous ne devons pas perdre la confiance et le courage du chemin. C’est précisément cela que nous devons reconnaître : nous ne pouvons pas faire de nous-mêmes des chrétiens parfaits d’un instant à l’autre. Toutefois, il vaut la peine d’aller de l’avant, de conserver la foi dans l’option fondamentale, si l’on peut dire, puis de demeurer avec persévérance sur un chemin de conversion qui parfois devient difficile. Il peut arriver en effet que je me sente découragé, au point de tout vouloir abandonner et de demeurer dans un état de crise. Il ne faut pas abandonner tout de suite, mais recommencer avec courage. Le Seigneur me guide, le Seigneur est généreux et avec son pardon je vais de l’avant, en devenant, moi aussi, généreux avec les autres. Ainsi nous apprenons réellement l’amour pour le prochain et la vie chrétienne, qui implique cette persévérance d’aller de l’avant.
Quant aux grands thèmes, je dirais qu’il est important de connaître Dieu. Le thème de « Dieu » est essentiel. Saint Paul dit dans l’Epître aux Ephésiens: « Rappelez-vous qu’en ce temps-là vous étiez sans Christ… n’ayant ni espérance ni Dieu en ce monde. Or voici à présent que dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches » (Ep 2, 12-13). Ainsi la vie a un sens qui me guide également dans les difficultés. Il faut donc revenir à Dieu Créateur, au Dieu qui est la raison créatrice, puis trouver le Christ, qui est le Visage vivant de Dieu. Disons qu’il y a ici une réciprocité. D’une part la rencontre avec Jésus, avec cette figure humaine, historique, réelle, m’aide à connaître peu à peu Dieu ; et d’autre part, connaître Dieu m’aide à comprendre la grandeur du mystère du Christ, qui est le Visage de Dieu. C’est uniquement si nous réussissons à comprendre que Jésus n’est pas un grand prophète, l’une des personnalités religieuses du monde, mais le Visage de Dieu, qu’il est Dieu, qu’alors nous avons découvert la grandeur du Christ et nous avons trouvé qui est Dieu. Dieu n’est pas seulement une ombre lointaine, la « Cause première », mais il a un Visage : c’est le Visage de la miséricorde, le Visage du pardon et de l’amour, le Visage de la rencontre avec nous. Ces deux thèmes s’interpénètrent donc et ils doivent toujours aller ensemble.
Puis, naturellement, nous devons comprendre que l’Eglise est la grande compagne du chemin sur lequel nous sommes. En elle, la Parole de Dieu demeure vivante et le Christ n’est pas seulement une figure du passé, mais il est présent. Ainsi, nous devons redécouvrir la vie sacramentelle, le pardon sacramentel, l’Eucharistie, le Baptême comme nouvelle naissance. Saint Ambroise, lors de la Nuit pascale, lors de la dernière catéchèse mystagogique, a dit : Jusqu’à présent, nous avons parlé des choses morales, à présent c’est le moment de parler du Mystère. Il avait offert un guide à l’expérience morale, naturellement à la lumière de Dieu, qui s’ouvre ensuite au Mystère. Je pense qu’aujourd’hui ces deux choses doivent aller de pair : un chemin avec Jésus qui découvre toujours davantage la profondeur de son Mystère. Ainsi l’on apprend à vivre de manière chrétienne, on apprend la grandeur du pardon et la grandeur du Seigneur qui se donne à nous dans l’Eucharistie.
Sur ce chemin, naturellement, les saints nous accompagnent. Ceux-ci, même avec de très nombreux problèmes, ont vécu et ont été les « interprétations » vraies et vivantes de l’Ecriture Sainte. Chacun a son saint, duquel il peut apprendre ce que signifie vivre en chrétien. Ce sont notamment les saints de notre temps. Et puis naturellement, il y a toujours Marie, qui demeure la Mère de la Parole. Redécouvrir Marie nous aide à aller de l’avant en chrétiens et à connaître le Fils.
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l en italien : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit